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Crise au sommet de l’état : les 18 jours qui ont mené à la démission de la Présidente

Ameenah et Pravind

Il aura fallu 18 jours entre l’éclatement de l’affaire Platinum Card de la Barclays Bank et l’annonce de la démission officielle d’Ameenah Gurib-Fakim. Voici le fil des événements.

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28 février : Un quotidien du matin, en l’occurrence l’express, publie des informations selon lesquelles la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, a utilisé, à plusieurs reprises en 2016, une carte de crédit Platinum de la banque Barclays pour des achats personnels. Carte qui lui a  été remise par Planet Earth Institute (PEI), ONG financée et présidée par l’homme d’affaires controversé Alvaro Sobrinho.

2 mars : Rompant le silence sur l’affaire, la Présidente demande que les documents soient authentifiés.

3 mars : Sir Anerood Jugnauth défend Ameenah Gurib-Fakim. « J’ai rencontré la présidente de la République, qui m’a expliqué qu’elle a bel et bien utilisé la carte, mais qu’elle a, par la suite, tout remboursé. Je ne comprends pas cette campagne de dénigrement contre la Présidente », déclare le ministre mentor.

Quelques minutes plus tard, la Présidente déclare que ce n’est pas normal que des documents bancaires soient « jetés en pâture dans la presse ».

6 mars : Une rencontre a lieu à la State House entre Ameenah Gurib-Fakim et le Premier ministre Pravind Jugnauth, accompagné d’Ivan Collendavelloo. Lors d’une fonction, plus tard le même jour, le chef du gouvernement explique qu’il y a divergence entre la présidence et le gouvernement.

7 mars : La Présidente lance un ouvrage, From Le Réduit to the State House. Elle demande, lors de son discours officiel, pourquoi l’affaire éclate à la veille des 50 ans de l’Indépendance de Maurice, mais affirme avoir la conscience claire et qu’elle n’a rien à se reprocher. Elle précise avoir tout remboursé en mars 2017. Ivan Collendavelloo est le seul membre du gouvernement présent à cette fonction.

8 mars : Sir Anerood Jugnauth rencontre Ameenah Gurib-Fakim au Château du Réduit. C’est après un conseil des ministres spécial, qui a décidé formellement qu’elle devait démissionner au plus vite de son poste de chef de l’état. Durant la soirée, Pravind Jugnauth rencontre Ameenah Gurib-Fakim en tête-à-tête à la demande de cette dernière. Elle informe le Premier ministre qu’elle compte quitter ses fonctions. Les deux se donnent rendez-vous le lendemain matin à 9 heures pour discuter des modalités de ce départ.

9 mars : Lors de cette seconde rencontre en deux jours, Ameenah Gurib-Fakim et Pravind Jugnauth se mettent d’accord sur la date de démission : le 15 mars. En début d’après-midi, lors d’un point de presse, au Bâtiment du Trésor, Pravind Jugnauth déclare : « La présidente de la République m’a confié qu’elle démissionnerait de ses fonctions. Nou finn tom dakor lor dat de so depar me nou pa pou anons dat la aster ».

Mais, durant la soirée, Ameenah Gurib-Fakim jette le doute. Dans trois differents messages sur Twitter, elle indique : « All allegations… truth will come out when inquiry over », puis « have not resigned yet » et enfin « It is being reported that I am resigning… I am still in post ».

13 mars : Ameenah Gurib-Fakim donne la traditionnelle garden party dans les jardins du Réduit. Les membres du gouvernement sont absents. Elle y laisse planer le doute à propos de son départ.

14 mars : La présidence émet un long communiqué pour « rétablir les faits ». Ameenah Gurib-Fakim y annonce qu’elle « rejette tout perspective de démission », car elle estime n’avoir rien fait de mal. « N’ayant rien à se reprocher et étant à même d’apporter des preuves qui corroborent, son Excellence Mme Ameenah Gurib-Fakim rejette l’éventualité d’une démission », peut-on lire. Elle précise aussi qu’elle a dépensé en tout environ 27 000 US$ (environ Rs 900 000)  « par inadvertance » avec la carte de crédit de l’ONG. « Elle a personnellement et immédiatement informé PEI et a demandé un relevé bancaire détaillé. Elle a rigoureusement et immédiatement remboursé les dépenses spécifiques par le biais d’un transfert bancaire, mais aussi toutes les dépenses faites par PEI pour ses missions. »

15 mars : Le Premier ministre lui donne la réponse lors d’une conférence de presse d’environ une heure. « C’est une attitude déplorable et indigne. C’est un comportement qui ne fait pas honneur du tout à la République. » Il soutient qu’il détient des informations inquiétantes sur Ameenah Gurib-Fakim. « Il y a certaines choses que je ne savais pas et c’est pour cela que ce qui arrivé est extrêmement grave. » Les hommes de loi du gouvernement préparent déjà une motion, que le Premier ministre se propose de présenter à l’Assemblée nationale, afin de mettre sur pied un tribunal spécial susceptible de déboucher sur la destitution d’Ameenah Gurib-Fakim.

16 mars : À la surprise de tous, la présidence émet un communiqué indiquant que la décision a été prise de mettre sur pied une commission d’enquête pour faire la lumière sur les transactions bancaires d’Ameenah Gurib-Fakim, mais aussi sur toute l’affaire Alvaro Sobrinho. Quelques heures plus tard, Pravind Jugnauth réagit dans un communiqué. Il soutient que la mise sur pied d’une commission d’enquête par la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, vendredi, pour se pencher sur l’affaire Alvaro Sobrinho est « juridiquement nulle et non avenue ». Par conséquence, « toute suite donnée par quiconque à cet acte illégal de la Présidente sera également nulle et sans effet ».

Dans un communiqué émis vendredi à 16 h 39, Pravind Jugnauth précise encore que « le public est informé que cet acte de la Présidente constitue une violation grave de l’article 64 de la Constitution de la République de Maurice ». Cette partie de la Constitution traite des fonctions du président de la République.

17 mars : Le Défi Plus publie un article indiquant qu’Ameenah Gurib-Fakim a dépensé environ 75 000 US$ (Rs 2,2 millions) avec la carte de crédit de la Barclays et qu’elle l’a utilisée dans 14 pays pour effectuer des paiements à 63 reprises. Ces dépenses couvrent la période du 23 septembre 2016 au 23 février 2017. Dans le communiqué émis par la présidence de la République, le 14 mars, elle parlait de 26 000 US$ (Rs 860 000).

Dans l’après-midi, Ameenah Gurib-Fakim écrit à la Speaker de l’Assemblée nationale, Maya Hanoomanjee, pour annoncer sa démission, qui prendra effet le vendredi 23 mars à midi.

 

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