Lors de la lecture du discours du Budget 2023-2024, lundi le ministre des Finances a annoncé la démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil pour faire de la place à un espace vert. Cette proposition venant des syndicalistes et datant d’une dizaine d’années, suscite des réactions contrastées parmi les commerçants locaux.
«Pa so plas pou fer sa ! Ki dimounn ki pou vinn asize pou pran ler isi ? Kot nou pou travay ? », demande Fatmah, une employée d’une librairie située à côté du bâtiment Emmanuel Anquetil. Selon elle, le site aurait dû être transformé en musée. « La démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil aura un impact direct sur tous les commerces environnants. Je ne suis pas opposée au projet de création d’un espace vert dans la capitale. Mais le bâtiment Emmanuel Anquetil est avant tout un monument qu’il faut préserver », di-t-elle.
Axel, chauffeur dans la capitale, s’interroge sur la manière de démolir le bâtiment. D’autant que celui-ci contient de l’amiante « Le transfert des bureaux n’est pas le plus difficile. Il y a des bureaux vides à Ébène. Mais comment allons-nous démolir cela? », s’interroge-t-il. Il suggère un vaste plan de déviation routière dans cette partie du centre-ville.
Une demande de 2012
La demande de démolition du bâtiment Emmanuel Anquetil, apprend-on, remonte à 2012. À l’époque, Toolsiraj Benydin, président de la Federation of Civil Services and Other Unions (FCSOU), avait alerté le ministre de la Fonction publique, Sutyadeo Moutia, ainsi que le Premier ministre de l’époque, le Dr Navin Ramgoolam, sur la nécessité de démolir le bâtiment de dix étages. Les représentants syndicaux des fonctionnaires avaient mis en avant diverses raisons, telles que la présence d’amiante, des ascenseurs parfois défectueux, ainsi que l’accumulation de fientes de pigeons sur les fenêtres. Ils avaient également proposé de créer une « recreational zone » pour les fonctionnaires. Dans une déclaration, Toolsiraj Benydin affirme que « c’est un bâtiment à problémes et les fonctionnaires y travaillent dans des conditions difficiles ».
Fonction publique
Le bâtiment Emmanuel Anquetil abrite, entre autres, le bureau de l’état civil, la ‘Mauritius national identity card unit’, le ministère des Collectivités locales, l’Independent police complaints commission, le ministère de la Santé, le ‘Registrar General’, le ‘procurement policy office’ du ministère des Finances, la ‘strategic policy unit’ du bureau du Premier ministre, le ‘Pharmacy board’, et le département ‘procurement and supply’ du ministère de la Jeunesse et des sports.
Démolition contrôlée
Le Building est entouré d’autres bâtiments commerciaux et administratifs. Comment les démolisseurs prévoient-ils de procéder? Selon les informations fournies par la mairie de Port-Louis, il est fort probable que des entreprises locales soient sollicitées. On assure qu’elles prendront toutes les précautions nécessaires en raison de la nature du bâtiment. « La démolition du bâtiment devra être réalisée progressivement et de manière contrôlée en raison de la présence d’amiante. Tout porte à croire qu’il ne sera pas possible de procéder à une explosion, mais plutôt à une implosion du bâtiment », explique-t-on.
« Je serais enclin à soutenir la rénovation complète du bâtiment Emmanuel Anquetil, mais je comprends la nécessité de créer un espace vert à Port-Louis. Il s’agit d’une initiative audacieuse qui, si elle est mise en œuvre correctement, pourrait avoir des impacts positifs sur la qualité de vie en ville. Un parc au cœur de la ville peut offrir un espace commun pour la détente, les loisirs et les interactions sociales. Un tel espace contribuerait également au renforcement de la cohésion sociale. Cependant, la démolition doit être effectuée de manière responsable. Cela comprend une gestion adéquate des déchets de construction, la réduction des émissions de poussière et de bruit, ainsi que l’utilisation optimale de matériaux récupérables. De plus, la conception de l’espace vert doit prendre en compte l’écologie locale, l’utilisation de ressources naturelles et la réduction de l’empreinte carbone », explique l’urbaniste Zaheer Allam. Il souligne également que «des éléments du bâtiment pourraient être réutilisés dans la conception du parc. Une exposition sur l’histoire du site pourrait être intégrée à l’espace vert ».
Le ministère de l’Environnement : « Pour le bien-être des citadins »
Le ministère de l’Environnement exprime son soutien à la création d’un espace vert , telle que préconisée par le ministre des Finances. Selon le ministère, ce projet est en accord avec le bien-être des citadins, l’écologie et la protection de l’environnement « Nous nous réjouissons de cette mesure et encourageons la création de plusieurs mini-forêts à travers le pays », souligne-t-on au ministère.
Toolsiraj Benydin : « Le résultat d’une longue lutte »
Pour Toolsiraj Benydin, cette transformation du site abritant le bâtiment Emmanuel Anquetil en un espace vert est « le résultat d’une longue lutte débutée en 2012 ». Il ajoute que cet espace vert offrira aux gens un lieu de repos à Port-Louis.
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