Les autorités ont lancé une campagne de rappel vaccinal contre la Covid-19. Si plus de 4 000 personnes ont déjà reçu leur troisième dose de sérum, le lobbying continue pour que d’autres puissent le faire au plus vite. Les questions liées à cette pratique ont été abordées dans l’émission thématique Explik ou Ka du 7 octobre. Le Dr Philip Lam, spécialiste en médecine interne et membre du vaccination committee, et le Dr Sudhir Kowlessur, responsable de la campagne de vaccination, répondent aux questions de Priscilla Sadien et de Ziyad Issack.
Pourquoi faire cette troisième dose ?
Le Dr Philip Lam explique qu’il y a deux raisons pour lesquelles les autorités demandent à faire cette dose de rappel. « La première raison principale est de nous protéger contre le variant Delta, avec les frontières qui sont ouvertes et les dangers que cela comporte. Il y a une possibilité que l’on soit exposé à d’autres variants et nous devons tous nous protéger au maximum, renforcer nos anticorps. La troisième dose protège contre les variants qui circulent dans le monde, soit les variants Delta et Beta, qui sont beaucoup plus dangereux ». De plus, il explique que la ‘booster dose’ (troisième dose) permettra aux Mauriciens de voyager. « Notre objectif n’est pas uniquement de faire venir les visiteurs à Maurice mais aussi de permettre à nos citoyens de voyager dans d’autres pays, pour aller en vacances, voir leurs proches ou à l’université ».
Plus de 80% des adultes vaccinés à Maurice
Le Dr Philip Lam explique que les autorités ont choisi des vaccins efficaces pour la population. « Tout se passe bien en ce moment. Nous avons constaté que parmi les personnes qui ont été admises à l’hôpital ENT, la plupart des cas sévères proviennent de ceux qui n’ont pas été vaccinés. La conclusion est que les sérums administrés depuis le début sont efficaces. Comme tout vaccin, après un certain temps, l’efficacité sur les anticorps diminue. Tout comme pour les vaccins contre la grippe, nous devons faire des doses de rappel ». Il souligne qu’il est important de faire la ‘booster dose’ maintenant et pas plus tard, suivant les dangers liés à l’ouverture des frontières ».
Selon le médecin, toute personne qui ne fait pas cette troisième dose dans un délai de six mois après la deuxième, est à risque. « Les anticorps sont au plus bas à ce moment-là et la personne est à risque, surtout avec des variants comme Delta qui sont redoutables. Il faut donc augmenter ses anticorps pour mieux se défendre contre ce type de variant ».
Est-ce que tout le monde est éligible à la troisième dose ?
Le Dr Philip Lam explique que tous ceux qui ont fait les deux doses sont éligibles à la troisième. « Cependant, nous avons débuté avec les personnes les plus à risque, souffrant de certaines commodités. Mais si quelqu’un vient au centre de vaccination, nous n’allons pas le refouler ».
Qu’en est-il des recommandations de l’OMS ? « Si l’OMS ne recommande pas la troisième dose pour toute la population, c’est parce qu’elle prend en compte le nombre de personnes par pays. Par exemple, l’Angleterre a commencé la troisième dose, mais il a donné priorité à certaines catégories de personnes car le pays ne peut pas le faire pour tout le monde. À Maurice, nous avons adopté la même approche. Mais comme notre population est bien moindre, nous pouvons vacciner le maximum de personnes. Je dois préciser que l’OMS parle pour les pays du monde entier. Sachant qu’il n’y a pas le nombre nécessaire de vaccins, elle doit parler de priorités. Cependant à Maurice, le vaccin est pour toute personne doublement vaccinée ».
L’efficacité des vaccins
« Nous insistons sur le fait que les personnes vaccinées ont été mieux protégées contre la Covid-19 », avance le médecin. « Sinopharm est un vaccin inactivité, ce qui fait que son efficacité est moindre. C’est pour cette raison que la science a développé des nouveaux vaccins avec de nouvelles technologies. L’un d’entre eux est le Pfizer. L’efficacité de ce vaccin est de 90%, alors que celle du Sinopharm n’est que de 70%. Mais toutes les personnes vaccinées sont protégées. Dans tous les cas, il est important de faire des ‘booster doses’ à cause des anticorps. Quel que soit le vaccin, il y aura une baisse d’anticorps par la suite. Il faut faire cette dose de rappel entre quatre et six mois, avec une certaine flexibilité. »
Le mix vaccinal expliqué
Il précise que le vaccination committee prend des décisions après mûre réflexion. « Nous prenons en compte les recommandations et les rapports des scientifiques. Nous ne prenons pas de décisions à la légère. Le principe général est que lorsque nous avons fait un vaccin, il faut faire le même vaccin. Cependant, depuis cette année, nous avons le mix vaccinal ».
Le mix vaccinal n’a toutefois pas encore été homologué par l’OMS. Mais les autorités ont décidé de miser sur la protection des citoyens. « Comme on le dit dans mon métier, ‘always be one step ahead’. Nous ne pouvons pas suivre tout ce que dit l’OMS à la lettre. Nous devons aussi prendre des précautions. « La raison principale, c’est qu’il faut une alternative en cas de non-disponibilité des vaccins. C’est aussi nécessaire dans d’autres cas particuliers ou pour augmenter le taux d’immunité chez certaines personnes ».
Ainsi, pour ceux qui se sont fait inoculer par l’AstraZeneca, la ‘booster dose’ sera le même sérum. « En cas de manque de l’AstraZeneca, nous allons faire un vaccin le plus rapproché qui est pour le moment Johnson & Johnson. Par exemple, nous n’avons plus de vaccin Covaxin, nous allons donc administrer Johnson & Johnson. Quant à Sinopharm, comme nous en avons suffisamment, nous allons donner comme troisième dose ce même sérum ».
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