Covid-19 : Maurice n’est pas à l’abri d’une recrudescence

Malgré une situation épidémique sous contrôle, les restrictions sanitaires ont été étendues jusqu’au 30 juin. Le pays n’est pas à l’abri d’une autre vague de Covid-19, estiment les professionnels de santé. Pour eux, le taux de vaccination doit encore être amélioré.

La diminution du nombre de nouveaux cas de Covid-19 permet-elle de conclure que Maurice est sorti de la zone de danger ? Non, répondent unanimement les professionnels de santé. D’ailleurs, tandis que de nombreux pays allègent progressivement leur protocole sanitaire, les autorités mauriciennes ont choisi de jouer la carte de la prudence en prolongeant les restrictions jusqu’au 30 juin. 

Chez nous, le seul assouplissement porte sur le nombre de personnes autorisées dans un lieu de culte, qui est passé de 10 à 50. Les autres mesures sont inchangées : port du masque sanitaire obligatoire à l’intérieur comme à l’extérieur, accès aux lieux publics conditionné au statut vaccinal, interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes (même si un autobus en transporte davantage), entre autres.   

La baisse des nouvelles contaminations, constatée dans les chiffres communiqués par le ministère de la Santé, semble montrer que le programme de vaccination porte ses fruits. À ce jour, près d’un million de Mauriciens, soit la grande majorité des habitants, ont reçu deux doses de vaccin anti-Covid et l’administration de la dose de rappel est bien avancée. 

« La vague du variant Omicron a adopté une courbe descendante à Maurice », observe le Dr Shameem Jaumdally, mais cela ne veut pas dire que c’est terminé, précise le virologue. Le Dr Vinesh Sewsurn, président de la Medical and Health Officers Association, abonde dans ce sens. « Ce n’est pas parce que nous sommes dans la pente descendante de la vague épidémique qu’il ne peut pas y avoir d’autres vagues », dit-il.  

Le Dr Soobaraj Sok Appadu, National Covid-19 Coordinator, rappelle que la Covid-19 n’est apparue à Maurice, au départ, que plusieurs semaines après l’éclatement de la pandémie. De ce fait, selon lui, ce qui passe actuellement en Europe et en Chine est un « mauvais signal ». « Nous passons par une phase d’accalmie pour le moment et il n’est pas possible de savoir comment la situation va évoluer à l’avenir », souligne-t-il. 

Tous ces spécialistes s’accordent sur un point : même si la propagation du coronavirus est contenue, la vigilance est de mise et il reste du chemin à parcourir en matière de vaccination. Car moins de la moitié de la population s’est fait injecter la dose de rappel. 

« Ce n’est pas suffisant. La ‘booster dose’ est très importante pour renforcer l’immunité. Il y a aussi des personnes qui n’ont pas encore été immunisées du tout. On doit les encourager à se faire vacciner », soutient le Dr Bhooshun Ramtohul, vice-président de la Government Medical Consultant In Charge Association. « Il faut augmenter le taux de vaccination car cela a un impact très positif en prévenant les formes graves de la maladie », ajoute le Dr Sok Appadu.  

Cependant, les avis divergent concernant les mesures sanitaires. Le Dr Jaumdally pense qu’un assouplissement est envisageable. « Avec l’endémicité que la Covid-19 a amorcé, c’est le nombre d’hospitalisations et de décès qui devraient être pris en considération pour guider les autorités dans les mesures à prendre. » Pour le virologue, dans le contexte actuel, l’obligation de porter le masque à l’extérieur pourrait être levée et une limite de 100 personnes dans les rassemblements serait raisonnable. Comme lui, le Dr Vinesh Sewsurn se prononce en faveur d’un allégement de certaines restrictions.

Le Dr Soobaraj Sok Appadu, en revanche, assure que ce serait une mauvaise idée. Il explique que les pays qui ont assoupli leur protocole ont subi une résurgence des nouveaux cas de Covid-19 par la suite. Le National Covid-19 Coordinator prône donc le maintien des restrictions sanitaires en vigueur pendant quelque temps encore. « Nous devons faire attention car nos capacités hospitalières sont limitées » alors que Maurice compte une grande proportion de personnes âgées présentant des comorbidités.