Un rapport publié ce mercredi 12 mai dénonce un «Tchernobyl du XXIe siècle». De vastes réformes des systèmes d'alerte et de prévention sont réclamées.
Un peu plus de 3,3 millions de morts. C’est le triste bilan dans le monde de la Covid-19, dont les premiers cas ont été déclarés en Chine en décembre 2019. La pandémie qui a terrassé l'économie mondiale «aurait pu être évitée», selon des experts indépendants mandatés par l'OMS.
Dans un rapport publié mercredi, ils dénoncent ce véritable «Tchernobyl du XXIe siècle» et réclament d'urgence de vastes réformes des systèmes d'alerte et prévention dans l'espoir que cette pandémie «soit la dernière».
«La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui aurait pu être évitée», a déclaré l'une des coprésidentes de ce panel, Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia.
«Nous comprenons que les gens soient en colère et bouleversés (...) mais il n'y a pas un seul individu ou nation responsable», a-t-elle également dit.
Contrairement à l'ancien président américain Donald Trump, pour qui la Chine et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qu'il jugeait trop à la botte de Pékin, étaient les seules responsables du désastre sanitaire et économique dans lequel se trouve le monde.
«Cette situation est due à une myriade d'échecs, de lacunes et de retards dans la préparation et la réponse» à la pandémie, a souligné Mme Sirleaf.
Le rapport le souligne aussi : «il est clair que la combinaison de mauvais choix stratégiques, d'un manque de volonté de s'attaquer aux inégalités et d'un système manquant de coordination a créé un cocktail toxique qui a permis à la pandémie de se transformer en une crise humaine catastrophique».
«Des retards partout»
Institué par le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus en application d'une résolution adoptée en mai 2020 par les Etats membres de l'organisation, le panel indépendant, constitué de 13 personnalités et experts, a passé les huit derniers mois à étudier la riposte internationale à la pandémie, y compris de l'agence sanitaire.
Car depuis le début de la crise, l'OMS a été critiquée pour ses réponses à la crise, tardant notamment à recommander le port du masque. Surtout, elle a été accusée par les Etats-Unis d'avoir été extrêmement complaisante avec la Chine, où est apparu le coronavirus, et d'avoir tardé à déclarer l'état d'urgence sanitaire mondiale. La Chine quant à elle été accusée d'avoir essayé de camoufler l'épidémie.
Certes, «nous pouvons dire qu'il y a eu clairement des retards en Chine, mais il y a eu des retards partout», a commenté l'ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande Helen Clark, qui copréside le groupe d'experts.
«Alors que les informations commençaient à arriver à l'OMS, l'organisation n'était manifestement pas suffisamment habilitée à enquêter, puis confirmer rapidement qu'une épidémie dangereuse était en train de se produire», a-t-elle observé.
Le constat est plus qu'amer : «Pendant que le virus se propageait, les informations s’entassaient et les décisions étaient retardées dans l'attente de réponses à de laborieux échanges de courriels officiels».
Entre-temps, l'Inde a franchi ce mercredi la barre des 250.000 décès dus au Covid-19 depuis le début de la pandémie, selon les données officielles, mais les chiffres collectés à travers le pays suggèrent un bilan largement plus élevé. Les images ci-dessous montrent des volontaires lors de l'enterrement d'un enfant décédé dans un crématorium de New Delhi, ce mercredi 12 mai 2021.




