Le Covid-19 tient la planète en alerte depuis plusieurs semaines déjà. Alors que le pays vit dans l’angoisse que ce virus arrive jusqu’à nos frontières, certaines pharmacies profitent de la situation pour augmenter leurs marges de profit en gonflant artificiellement les prix sur certains produits : masques, gants, produits hydro-alcooliques. Une décision du ministère du Commerce est attendue sur ce sujet.
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Le Covid-19 est encore loin de nos côtes, mais une certaine panique semble s’être déjà installée au sein de la population. Ce qui a contribué à des achats frénétiques de masques, gants, produits hydro-alcooliques, de même que certains médicaments pour le traitement des maladies chroniques. Une visite dans plusieurs pharmacies de la capitale nous a amené à un simple constat : il n’y a plus de masques ni de produits hydro-alcooliques. « Nous allons en recevoir sans doute lundi ou dans le courant de la semaine », nous a-t-on fait comprendre.
Interrogé à ce sujet, un importateur/grossiste, qui n’a pas souhaité être cité, nous a expliqué que le stock de plusieurs de ses produits diminue à vue d’œil : « La demande est là. Nous croulons sous la charge de travail en ce moment, avec la forte demande de médicaments et produits paramédicaux. Si, dans un mois, nous n’arrivons pas à renouveler notre stock, nous n’aurons plus qu’à nous tourner les pouces. »
Il déplore, par la même occasion, ce qu’il a qualifié « d’abus » de la part de certaines pharmacies qui profitent de la situation de grande demande et de pénurie de certains produits pour faire un maximum de profits en gonflant artificiellement les prix. « C’est la loi de l’offre et de la demande. Ceux qui ont encore des gants, masques et produits hydro-alcooliques les vendent à un prix fort », selon lui. Ce qui est au détriment des consommateurs en général et particulièrement des personnes aux revenus moyens.
Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), nous a affirmé que l’Acim est au courant de cette situation et a reçu plusieurs plaintes à ce sujet. Pour lui, c’est au gouvernement de prendre une décision, car il n’y a pas de contrôle des prix en ce qui concerne les produits paramédicaux, contrairement aux médicaments. Selon lui, certains commerçants avaient déjà leur stock des produits concernés, mais profitent d’une situation de crise pour augmenter leurs marges de profit.
S’il espère que les autorités légifèrent à ce sujet en mettant un mécanisme de contrôle des prix, il doute cependant de leur volonté politique de le faire. Il souhaite cependant que le ministère du Commerce puisse prendre une décision concernant le contrôle des produits paramédicaux. « Le gouvernement peut s’inspirer de la France ou de la Russie, qui ont pris les décisions qui s’imposent afin de prévenir les exagérations de prix de vente », nous a dit le secrétaire général de l’Acim.
Il regrette également qu’avec ce qu’il considère être une « panique démesurée » de la population, les cas d’abus ne soient pas dénoncés de vive voix. « Avec le pouvoir d’achat qui a augmenté, ceux qui ont les moyens vont acheter des masques ou produits hydro-alcooliques, peu importe le prix car, en raison de la psychose autour du Covid-19, ils vont penser avant tout à leur santé », nous a-t-il expliqué.
Selon lui, la frénésie d’achat sur ces types de produit n’est pas justifiée, car nous n’avons pas encore de cas de Covid-19 à Maurice. Pour lui, de simples précautions, comme une meilleure hygiène personnelle, suffisent en ce moment au lieu de céder à la panique. « C’est la population elle-même qui est responsable de cette pénurie. Faire des stocks personnels à la maison, c’est au détriment des autres. Les plus affectés seront ceux qui n’ont pas les moyens de les acheter à un prix fort », a-t-il fait remarquer.
Sollicité, un cadre du ministère du Commerce nous a fait comprendre qu’une décision sera prise prochainement concernant la marge « exagérée » de certains produits paramédicaux. Selon lui, le ministre « devrait se prononcer » à ce sujet jusqu’à ce lundi 9 mars.
Siddique Khodabocus : « Il est malheureux que certains profitent de la situation »
« C’est malheureux que certaines pharmacies profitent de la situation pour augmenter leurs profits. » C’est ce que nous a dit le président de l’Union des pharmaciens, Siddique Khodabocus. Selon lui, la majorité des pharmacies respectent la marge de profit autorisée. Il est cependant d’avis qu’il faut prendre en considération le prix que doivent payer les importateurs pour faire venir qui sont en pénurie sur le marché international. Ce qui peut expliquer, selon lui, la hausse des prix actuellement. Notre interlocuteur est ainsi d’avis que les choses retourneront à la normale une fois que la crise engendrée par le Covid-19 sera passée. Mais en attendant, il estime que les autorités devraient exercer un contrôle sur ces produits paramédicaux.
Selon lui, le grand public a découvert « subitement » l’importance de l’hygiène personnelle. D’où la nécessité d’une campagne de sensibilisation à ce sujet. Il suggère que des dispensers de produits hydro-alcooliques soient placés dans les lieux publics. Et si le virus du Covid-19 entre dans le pays, les autorités doivent songer à la désinfection des lieux publics, y compris les transports en commun, comme les autobus et le métro, nous a-t-il affirmé.
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