En dépit de la vaccination, il va falloir continuer à pratiquer les gestes barrières contre la Covid-19 jusqu’à ce que l’immunité collective soit atteinte. Ce n’est qu’à la mi-2021 que la situation redeviendra à la normale selon nos différents interlocuteurs.
L’année 2020 a été marquée par la pandémie de Covid-19 : confinement, gestes barrières, plus de 80 millions de personnes infectées et plus de 1.7 million de décès dans le monde. En 2021, l’espoir est permis avec les programmes de vaccination qui commencent à se mettre en place. Selon les Drs Catherine Gaud, Senior Advisor au ministère de la Santé et Laurent Musango, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, ce n’est lorsque 70 à 80 % d’une population sera vaccinée, que l’immunité collective sera atteinte. Pour sa part, Dr Nand Pyndiah, virologue qui exerce dans le privé, avance qu’une baisse dans le nombre des infections à la Covid-19 sera notée dans un minimum de deux à trois mois.
La prudence est de mise
Dr Catherine Gaud joue la carte de la prudence. Elle évoque les effets secondaires et fait remarquer qu’il n’est pas nécessaire de vacciner les jeunes qui ne font pas partie des personnes à risque. « C’est pour cela que les jeunes seront vaccinés en dernier. De plus, nous aurons suffisamment de recul pour prendre les bonnes décisions, car, entretemps, plusieurs millions de personnes auront été vaccinées dans le monde », explique-t-elle.
Elle insiste aussi sur le fait que Maurice devra bien choisir le type de vaccins, mais se dit optimiste sur l’efficacité de ceux qui ont déjà passé le stade des essais cliniques. « Il est certain que ces vaccins seront d’un grand bénéfice. C’est pour cela que je suis très favorable aux vaccins », soutient Dr Catherine Gaud. Selon cette dernière, à Maurice, il ne sera pas difficile de faire vacciner tout le monde avec le protocole Covax qui garantit 20 % de vaccin pour la population. Il y a également des contacts qui ont été pris avec des fabricants indiens afin qu’ils puissent fournir des vaccins pour le reste de la population.
La lumière au bout du tunnel
« L’année 2020 a été difficile pour le monde entier avec la pandémie, mais avec les vaccins je pense que nous commençons à voir la lumière au bout du tunnel », indique Dr Laurent Musango. Ce dernier ajoute qu’il est important de maintenir les mesures barrières jusqu’à ce que la pandémie soit endiguée. « Nous n’aurons pas le vaccin pour l’ensemble des populations au même moment, cela viendra progressivement. Pour avoir une immunité collective, il faut combiner le vaccin, le port du masque, la distanciation physique et l’hygiène des mains », explique-t-il.
Règlementation internationale
Selon la règlementation internationale, les pays membres de l’OMS ont opté uniquement pour le vaccin obligatoire contre la fièvre jaune si quelqu’un doit sortir d’une zone non endémique à une zone où cette fièvre est endémique. Selon le Dr Musango, la règlementation internationale n’oblige aucun vaccin contre la Covid-19. Une instance peut, cependant, demander à ce que ses employés soient vaccinés. « Ce sont les États membres de l’OMS qui peuvent prendre cette décision après avoir évalué le risque pour leur personnel et en faire une obligation internationale », dit-il.
Le Dr Musango rappelle également que Maurice est « Covid safe », mais pas « Covid free ». « Il y a une grande nuance entre ces deux termes, car le pays accueille des passagers qui arrivent à Maurice et qui sont testés positifs par la suite », dit-il. C’est pourquoi le port du masque permet de se protéger au cas où un virus arrive à s’échapper.
Parmi les candidats vaccins, une vingtaine semble donner de bons résultats selon le Dr Nand Pyndiah. Il explique qu’ils ont tous passé les étapes préliminaires des essais cliniques sur un petit nombre de personnes et certains ont déjà eu l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ou du Medical and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) de la Grande-Bretagne. C’est pour cela que certains des vaccins proposés ont commencé à être administrés à la population de ces pays, dit-il. Selon lui, l’OMS va surement prendre en considération les rapports de ces deux instances régulatrices pour faire ces recommandations sur les vaccins qui pourront être utilisés contre la Covid-19.
C’est à travers la vaccination que le nombre de personnes infectées à la Covid-19 va commencer à diminuer."
C’est à travers la vaccination des populations que le nombre de personnes infectées à la Covid-19 va commencer à diminuer. « Il ne faut pas se fier aux rumeurs qui font accroire que ces vaccins ne sont pas surs. Il est important que les gens puissent se protéger », dit-il.
Il explique également que l’idéal pour Maurice serait d’avoir des vaccins qui sont adaptés à notre climat et qui ne requièrent pas des moyens lourds pour leur stockage.
Vaccin à domicile ?
Le programme de vaccination contre la Covid-19 sera conduit par le ministère de la Santé, mais cela n’exclut pas une éventuelle participation du secteur privé, affirme le Dr Catherine Gaud. « Le vaccin sera administré par le ministère de la Santé, mais nous n’avons pas fermé la porte aux autres options. Cela pourrait se faire dans le service privé également, nous pouvons tout envisager », nous a-t-elle dit. Mais aucune décision n’a été prise jusqu’à présent fait remarquer notre interlocutrice. Cependant, l’objectif du gouvernement c’est qu’une grande partie de la population soit vaccinée. Les autorités étudient la meilleure façon de le faire. C’est dans cette optique qu’un atelier de travail de deux jours s’est tenu les 22 et 23 décembre 2020 réunissant plusieurs professionnels de la santé. Et avec le succès obtenu lors de la campagne de vaccination contre la grippe durant le confinement, la vaccination contre la Covid-19 à domicile à travers les caravanes de santé est une option qui pourrait être considérée.
Plusieurs types de vaccins
Pfizer/BioNTech, AstraZeneca/Oxford, Moderna, Janssen/Johnson & Johnson, Spuknik/Gamaleya. Ce sont là quelques-uns des potentiels vaccins qui seront recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour lutter contre la Covid-19.
Chacun de ces vaccins a des particularités qui repose sur leur technique comme ARN messager pour Pfizer et Moderna qui, au lieu d’injecter un virus inactif comme c’est le cas pour le vaccin de la grippe, consiste lui, à injecter un morceau du code génétique du virus. Ce type de vaccin requiert une température de -70 degrés pour son stockage. Leur pourcentage de réussite varie également en fonction de l’âge des candidats. Les vaccins Janssen doivent être inoculés en deux doses. Certains des vaccins requièrent une température de -4 degrés.
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