
Malgré la baisse des prix de certains produits de première nécessité, les consommateurs peinent à ressentir un réel soulagement. Entre l’augmentation des prix d’autres denrées et un pouvoir d’achat sous pression, les associations de consommateurs plaident pour des mesures concrètes afin de protéger les ménages.

Depuis le début de l’année, le coût de plusieurs produits de première nécessité a diminué à Maurice. C’est ce qu’a affirmé le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen. Selon lui, cette baisse est due à des taux de change favorables et à une réduction des marges bénéficiaires. Les produits concernés sont notamment aliments pour bébé, céréales, boîtes de conserve et grains secs, entre autres.
Pourtant, le soulagement semble n’être qu’un mirage. Les consommateurs, toujours aux prises avec la cherté de la vie, peinent à constater un véritable allégement de leur budget. Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), reconnaît qu’une baisse est bien intervenue sur certains produits à la suite de l’application du « Mark-Up ».
Toutefois, selon lui, cela ne concerne qu’une infime partie des dépenses courantes. « La baisse est négligeable, car elle représente une très petite proportion des achats des consommateurs », souligne-t-il.
Entre-temps, ajoute-t-il, les prix d’autres produits continuent de grimper. « À la fin du mois, les consommateurs se retrouvent à se serrer la ceinture lorsqu’ils font leurs achats », explique-t-il. Pour lui, une chose est certaine : « Les consommateurs ne sont toujours pas soulagés. »

Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), avance, pour sa part, que les consommateurs ne peuvent pas être soulagés en l’espace de quelques semaines seulement. « Certains prix ont certes baissé, mais les consommateurs ne le ressentent pas pour deux raisons : la baisse est graduelle et elle ne concerne qu’un petit nombre de produits », explique-t-il.
« Ainsi, les dépenses mensuelles des foyers restent pratiquement inchangées », précise-t-il. Il souligne que ce sont principalement les prix des légumes qui ont grimpé ces derniers temps. « D’ailleurs, dans l’Indice de la consommation publié le mois dernier, la plus forte hausse des prix concerne les légumes », indique-t-il.
Grandes surfaces
Dans les supermarchés de Masters Express, Uttam Sumaroo, secrétaire général, confirme effectivement une déflation pour certaines denrées de base. « On note effectivement une baisse des prix des huiles alimentaires, des pâtes et des conserves », atteste-t-il.
Toutefois, il tempère immédiatement : « Ces réductions n’apportent pas de grand changement pour le portefeuille des consommateurs. Bien que certains produits coûtent moins cher, d’autres ont, en revanche, vu leur prix grimper. Finalement, les familles subissent toujours l’érosion constante de leur pouvoir d’achat », dit-il.
Même constat chez Intermart à Beau-Bassin. Son manager, Assad Peerbux, explique qu’en dépit des récentes baisses de prix, l’impact reste trop faible pour alléger le budget des ménages. « Les produits locaux continuent de voir leur prix augmenter, ce qui annule les réductions enregistrées sur d’autres articles », précise-t-il.
Comment soulager les consommateurs ?
Suttyhudeo Tengur : « Privilégiez l’importation en provenance de pays où les prix sont plus bas »
Le président de l’Apec avance que la State Trading Corporation et l’Agricultural Marketing Board pourraient jouer un rôle déterminant dans l’allègement des charges des consommateurs. « Ces organismes devraient s’approvisionner en produits de substitution en provenance de pays où les prix sont plus bas, notamment les pays arabes et ceux d’Asie de l’Est », indique-t-il.
Pour illustrer son propos, il évoque un exemple frappant : une boîte de fromage Kraft provenant d’Arabie saoudite coûte nettement moins cher que son équivalent australien. « Pourtant, les ingrédients utilisés dans la production sont les mêmes », souligne-t-il.
Jayen Chellum : « Étendre le contrôle des prix à une plus large gamme de produits »
Le secrétaire de l’Acim estime que les consommateurs doivent d’abord adopter une attitude responsable et mieux gérer leur budget. « Ils devraient éviter les produits trop coûteux et opter pour des alternatives plus abordables », recommande-t-il.
Au niveau des autorités, poursuit-il, le contrôle des prix doit être élargi à une plus grande variété de produits, notamment là où des hausses excessives sont constatées. « Des mesures incitatives doivent également être mises en place pour encourager la production locale », suggère Jayen Chellum. Il suggère d’importer davantage de produits en provenance de pays proches afin de limiter les coûts élevés du fret maritime.
Avis des consommateurs
Marie Christina Annabelle Iramon, Customer Service Professional : « Pas d’amélioration du pouvoir d’achat »
« Je ne sais pas pour les autres, mais personnellement, je constate que les prix des produits de première nécessité restent élevés. Dans certains, ils continuent d’augmenter. Le lait en poudre, le sucre et l’huile, par exemple, restent chers. Ainsi, même avec la compensation salariale accordée depuis le début de l’année, je ne vois aucune amélioration en termes de pouvoir d’achat. »
Manisha Mungur Deepchand, femme au foyer : « Certaines augmentations sont inexplicables »
« Les prix ne cessent d’augmenter. Parfois, ces hausses sont inexplicables. Prenons l’exemple des légumes : il n’y a pas eu de cyclones majeurs ni de fortes pluies. Pourtant, leurs prix ont grimpé. Dans les supermarchés la situation est encore pire. Les produits de base deviennent plus chers, tandis que leur qualité et leur quantité se détériorent. »

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