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Course automobile : l’agilité au féminin

La vitesse et les bonnes manœuvres sont des paramètres à maîtriser quand on est pilote automobile. Mais depuis peu, on peut aussi rajouter le charme. Parce que la gent féminine s’intéresse également à ce sport. Rencontre.

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Sufiyah Hossen : «Plus, c’est compliqué et plus j’aime ça»

Sufiyah Hossen, 25 ans, aime les courses automobiles depuis toute petite. Elle a hérité cette passion de son père. « Mon père a toujours aimé les rallyes. Mais il n’a jamais pu en faire. Et, quand mon frère et moi lui avons dit que ce sport nous plaisait, il n’a pas hésité à nous encourager », explique la jeune femme, qui est coach de fitness et instructrice de karaté.

C’est cette année qu’elle s’est mise à la compétition. Et son coup d’essai a été un coup de maître. « En mai, j’ai pris la 2e place dans une compétition de slalom. Mais, mon grand regret c’est d’avoir atterri sur la 2e marche du podium, lors de la course des champions. Je pense que j’aurais pu remporter cette course si, à la dernière minute, ma voiture n’avait pas eu une défaillance technique. J’ai dû donc faire la course avec une voiture que je ne connaissais pas. »

Dans un proche avenir, je compte sortir des circuits sécurisés pour m’essayer à des rallyes dans la nature »

Ne faisant jamais dans la facilité, elle aime relever des défis : « J’aime les manœuvres difficiles. Plus c’est compliqué et plus j’aime ça. C’est surtout pour cette raison que j’aime le rallye automobile. »

À l’avenir, Sufiyah veut s’offrir d’autres sensations fortes. « Dans un proche avenir, je compte sortir des circuits sécurisés pour m’essayer à des rallyes dans la nature. »

Corinne Hannelas : «De la moto à la puissance automobile»

Corinne Hannelas aime la vitesse. Comptable pour une compagnie de construction, elle a d’abord été passionnée de moto. « Avant j’avais une Yamaha Ténéré de 600 cc. J’ai été un membre fondateur des Daimlers, un club de motards, pour lequel, à l’époque, j’étais la seule femme. »

Mais, la moto ne roulait pas assez vite pour Corinne. Tant et si bien qu’elle s’est vite rabattue sur les voitures. « J’ai eu une BMW sport. Puis j’ai opté pour une Subaru. J’ai enlevé le moteur initial de 1.6 L pour l’équiper d’un moteur de 2.0 L pour aller encore plus vite. »

Les courses automobiles ne sont pas la chasse gardée des hommes »

Et pour se mesurer à d’autres pilotes féminins, elle a aussi participé à des courses automobiles. « Cette année je me suis sentie prête à participer à des courses automobiles. Avec mon ami Michael Manneback, j’ai terminé deuxième dans un concours de slalom. Dans cette course, j’étais sa copilote. Et à titre individuel, j’ai pris la première place dans la Ladies race en juillet », raconte-t-elle.

Elle encourage d’ailleurs d’autres femmes à se lancer. « Les courses automobiles ne sont pas la chasse gardée des hommes. La preuve : il y a de plus en plus de femmes qui conduisent. Je les invite à participer à des courses, pour leur plaisir, parce qu’à Maurice il y a beaucoup de femmes qui sont passionnées par les courses automobiles. »

Corinne Hannelas ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Je me vois encore derrière un volant pendant longtemps. J’arrêterai quand je serai vieille et que ma vue aura baissé. »

Fatimah Ismaël : «À l’aise en auto comme à moto»

Fatimah Ismaël, 28 ans, s’est bâti une réputation dans le cercle des courses de moto. Mais, elle est aussi à l’aise derrière le volant. La Ladies Fun Race du samedi 19 août a été sa deuxième participation à une course automobile. La première fois remonte en 2012.

« Je voulais goûter à la sensation d’une voiture de course. J’ai relevé le défi haut la main. Mais j’ai vite compris que les guidons me procurent plus de plaisir que le volant. Le goût du risque et de la vitesse, à moto, est plus fort que tout », confie-t-elle avec le sourire.

Elle ajoute qu’elle n’a pas suivi de formation pour être pilote automobile. « Tout s’est fait au feeling. J’observe les autres par exemple quand ils effectuent les virages. Ensuite, je ne fais que reproduire les mêmes actions », dit-elle.

Fatimah Ismaël a appris à conduire à l’âge de 11 ans avec le soutien et les conseils de son père. Aujourd’hui, elle conduit plusieurs types de véhicules, notamment une fourgonnette et un camion. D’ailleurs, elle s’est présentée à la Ladies Fun Race dans sa fourgonnette. Ce véhicule de seconde main a subi des modifications, afin de booster sa performance. « Je suis très à l’aise en auto comme à moto. Il se peut que je tienne cela de mon père. Cependant, je me sens libre sur ma moto », dit cette habitante de Médine-Camp-de-Masque.

Elle souhaite plus que tout promouvoir le sport mécanique à Maurice. « Cette discipline n’est pas réservée à un genre. Tout le monde peut s’y mettre. Il suffit de carburer à la passion », souligne Fatimah Ismaël.

Dilshad Deenmahomed : «L’héritière d’une passion mécanique»

Ceux qui fréquentent le giron des courses automobiles connaissent les Deenmahomed. Ally Deenmahomed et ses deux fils Nishad et Arshad sont des passionnés du sport mécanique et ils sont des pilotes de rallye.

Sa fille Dilshad commence aussi à manifester son intérêt pour le rallye automobile. Cette habitante de Glen Park, Vacoas, est âgée de 20 ans. Elle suit son papa sur le circuit depuis qu’elle a cinq ans. À 13 ans, elle se met à apprendre le Code de la route et à conduire.

« Ce n’était pas difficile. J’ai observé pendant plusieurs années et j’ai suivi les conseils de mes frères et de mon père », indique-t-elle. Elle n’a jamais raté un événement de slalom et de course automobile. À 18 ans, elle s’essaie pour la première fois au poste de copilote sur la demande de son frère aîné.

« La synergie est très importante entre un pilote et son copilote. La communication, la complicité et la compréhension sont nécessaires. Le pilote compte énormément sur son collègue. Cette aventure m’a beaucoup plu. De ce fait, quand j’ai pris connaissance de la Ladies Fun Race, j’étais excitée à l’idée de piloter une voiture de course », relate-t-elle.

Dilshad Deenmahomed se lance dans cette aventure avec les encouragements de sa famille. Cette stagiaire dans une banque emprunte la Nissan March AK10 de son père. « La voiture n’a pas été modifiée. Je l’ai conduit dans son état normal. J’ai pu me hisser jusqu’en semi-finale. C’était surtout une course amusante », livre-t-elle. La Ladies Fun Race lui a plu et elle veut renouveler cette expérience.

D’ailleurs, plusieurs membres de sa famille ont monté un groupe « We-Speed Motorsport ». « La passion pour le sport mécanique coule dans notre sang. Femmes ou hommes, nous sommes tous égaux dans ce groupe. C’est ce qui fait toute la beauté de cette discipline », fait-elle remarquer.


Reshad Khoyratty, initiateur de Ladies Fun Race : «Certaines personnes doutent des capacités des femmes»

Reshad Khoyratty est le président de Moto Club. Depuis cinq ans, il organise la course des Champions. Il a inclus une Ladies Fun Race à l’événement de cette année. « Quand j’ai eu l’idée de la Ladies Fun Race, je ne pensais accueillir six participantes. J’ai demandé aux participants de la course des Champions de passer le message et c’est ainsi que les jeunes femmes se sont manifestées. Je suis très content et fier d’avoir pu mettre en place cette Ladies Fun Race », dit-il.

L’objectif de la Ladies Fun Race était de dénicher les potentiels pilotes féminins et de leur offrir une plate-forme pour faire montre de leur talent. « Ce n’était pas une compétition. Il y avait trois départs et deux participantes par départ. Celle qui a franchi la ligne d’arrivée, en premier, a remporté la manche », relate-t-il.

Il existe une égalité entre l’homme et la femme dans le domaine du sport mécanique à Maurice »

Le président salue au passage le courage des jeunes femmes. « Certaines personnes doutent des capacités des femmes. Mais celles-ci ont montré de quoi elles sont capables. Elles sont reparties avec de beaux cadeaux. »

Reshad Khoyratty songe à une deuxième édition, mais ce ne sera pas pour l’instant. « La Ladies Fun Race est une excellente façon de montrer qu’il existe une égalité entre l’homme et la femme dans le domaine du sport mécanique à Maurice », estime-t-il.

 

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