Couronnement : des Mauriciens racontent leur rencontre avec le roi

Le samedi 6 mai, la cérémonie de couronnement du roi Charles III a ravivé des souvenirs chez certains Mauriciens. Notamment ceux qui ont eu l’occasion de rencontrer le roi quand il était prince. Ils retiennent une image affable de lui et son intérêt pour l’environnement. 

70 ans en tant qu’héritier au trône britannique

Charles Philip Arthur George, Charles III, 74 ans, est le plus vieux roi d’Angleterre jamais couronné ! Il est né le 14 novembre 1948 à Buckingham Palace. Il est le roi du Royaume-Uni et le chef d’État de 14 autres pays du Commonwealth. Il est l’aîné de la reine Elizabeth II et du prince Philip, duc d’Édimbourg. Il a une sœur (Anne) et deux frères (Andrew et Edward). Il avait 3 ans quand sa mère a accédé au trône. Depuis, Charles III est devenu l’héritier. Il a été fait Prince de Galles en 1958 et a été couronné en 1969. 

En 1981, Charles III a épousé Lady Diana Spencer. Ils ont eu deux fils, les princes William et Harry. Le couple a divorcé en 1996. Un an plus tard, Lady Diana Spencer est décédée dans un accident. En 2005, Charles III a épousé Camilla Parler Bowles. Son père est décédé le 9 avril 2021. 

Charles III est devenu monarque le 8 septembre 2022, quand la reine Elizabeth II est décédée. Il avait alors 73 ans. Il a donc passé 70 ans en tant qu’héritier du trône britannique ! 

Karl Mootoosamy, Tourism Promotion Expert : «Le roi a bavardé longuement avec nous»

Fascination, faste et festivité sont les trois mots que Karl Mootoosamy retient de la cérémonie de couronnement du roi Charles III le samedi 6 mai. « La cérémonie a associé le côté glamour et l’aspect patrimonial. Le roi Charles III manifeste le respect et la fierté des Britanniques », dit le Tourism Promotion Expert. Il a rencontré le roi Charles III, alors prince, en juillet 2003.

Il y a 20 ans, Karl Mootoosamy a fait partie de la délégation mauricienne qui œuvrait pour la promotion de la destination en Angleterre. Il était alors le directeur de l’Office du tourisme de Maurice. À cette époque, la destination avait un plan de positionnement sur le marché haut de gamme en Angleterre. 

« On avait identifié une série d’événements mondains afin d’établir des contacts avec de potentiels investisseurs et des clients riches. On a promu Maurice comme une image de marque en Angleterre. Nous avions ainsi assisté au Prince Charles’ Charity Lunch à Ashe Park », raconte-t-il. 

Après le match de polo, le roi Charles III et ses deux fils, les princes William et Harry, ont salué la délégation mauricienne. « Ses fils étaient de jeunes gens sympathiques. Le roi a bavardé longuement avec nous. Il savait que Maurice était une belle destination. Il était affable et s’est intéressé à ce qu’on faisait par rapport au positionnement de la destination à Londres. » Le roi Charles III, dit-il, s’est attardé sur la protection des plages. « Il a aussi abordé la mixité et le vivre-ensemble à Maurice. »

Mahesh Seewoodhary, Advanced Ophthalmic Healthcare Practitioner : «Il est à l’écoute et vous fait vous sentir très important»

En 2018, le Mauricien Mahesh Seewoodhary a figuré parmi les 1 057 personnes décorées à l’occasion de l’anniversaire de la reine Elizabeth II (décédée le 8 septembre 2022). Mahesh Seewoodhary a été fait Member of the Most Excellent Order of the British Empire (MBE). C’est pour son travail en faveur de la formation d’infirmiers spécialisés en ophtalmologie et pour la sensibilisation sur la drépanocytose. Il a reçu sa médaille des mains du prince Charles, à Buckingham Palace, le 20 décembre 2018. 

« C’était un moment émouvant et l’un des plus beaux de ma vie. J’ai eu une pensée pour mes défunts parents. Ils auraient été fiers de voir un prince me remettre une distinction. J’ai pu partager ce moment avec mon épouse et mes enfants », raconte Mahesh Seewoodhary, 70 ans. 

Il réside à Middlesex, en Angleterre. « En me remettant la médaille, le prince Charles m’a parlé pendant quatre à cinq minutes. Il connaissait mon parcours professionnel en tant que maître de conférences en ophtalmologie, ce qui m’a étonné. Je trouve que le roi Charles III est une personne attentionnée et accorde une attention particulière aux détails. » 

Cela a été un honneur pour lui de rencontrer le roi. « C’est une personne honorable et intelligente. Il s’intéresse aux questions concernant la nature, le réchauffement climatique et le bien-être des animaux. Le roi Charles III s’investit aussi dans la collecte de fonds pour l’organisation The Prince’s Trust, afin de soutenir les jeunes. Il aime son engagement envers le Commonwealth et le monde entier. Le roi a toujours un sourire doux quand vous lui parlez. Il est à l’écoute et il vous fait vous sentir très important. » 

Il ajoute que le monarque honorera le bon travail de sa défunte mère, la reine Elizabeth II. « Il travaillera pour le bien de la nation. Le roi continuera à être le patron de l’hôpital ophtalmologique de Moorfields comme l’a été la reine Elizabeth II. Je travaille actuellement en tant qu’Advanced Ophthalmic Healthcare Practitioner pour cet hôpital. » Il est en Angleterre depuis 1971 et a pris sa retraite en tant que Senior Ophthalmic Nursing Lecturer en 2022. « J’espère que le roi visitera Maurice un jour et qu’il rencontrera des représentants de la population locale. »

Karuna Rana, Sustainability Consultant et co-fondatrice de SYAH : «Le roi a pris le temps de poser des questions et de s’intéresser à notre travail»

Karuna Rana admire le travail que le roi Charles III a mené sur le front environnemental. « Il a une longue histoire d’activisme environnemental. Il a plaidé contre la pollution par les hydrocarbures et les déchets plastiques. Il a fait pression pour l’agriculture biologique depuis 1970, lorsque très peu de gens parlaient d’action environnementale », indique Karuna Rana, 35 ans. 

Elle est Sustainability Consultant et co-fondatrice de SYAH. C’est une ONG environnementale qui réunit des jeunes de petits États insulaires en développement d’Afrique et d’Asie. Elle est actuellement basée à Maurice. 

Elle a rencontré le monarque au Commonwealth Youth Forum à Londres, en Angleterre, en 2018. Elle a été la coordinatrice pour le Commonwealth Youth Climate Change Network. Et elle a fait partie des invités à une session spéciale sur la durabilité avec le prince de Galles. 

« J’étais sincèrement heureuse de le rencontrer. Pas pour son titre royal ou sa personnalité publique. Plutôt pour l’occasion unique que j’avais de présenter nos défis et nos idées pour un avenir durable, en tant que jeune défenseur de l’environnement d’une petite île », se remémore-t-elle. 

Elle était aussi heureuse d’avoir la possibilité de partager les principaux éléments de la 11e déclaration du Forum des jeunes du Commonwealth avec le prince Charles. 

Elle lui a également parlé du travail que le Commonwealth Youth Climate Change Network faisait sur le même sujet. Elle a évoqué le travail de SYAH sur la pollution plastique et l’inclusion des jeunes dans l’élaboration des politiques sur le changement climatique à l’ONU. « Il a pris le temps de poser des questions et de s’intéresser à notre travail. » 

Elle soutient que la disparition de la reine Elizabeth II a suscité des réactions dans le monde. « Les gens continuent de réfléchir à ce que la monarchie représente pour eux. D’une part, il y a une longue histoire de colonialisme, d’oppression et d’exploitation associée à la monarchie britannique. D’autre part, il y a l’héritage d’activisme environnemental du roi Charles à travers sa fondation et d’autres organisations caritatives. Elles donnent un peu d’espoir à la communauté environnementale. » Elle ajoute que le roi est également couronné à une époque où le monde est complexe. « Il y a des questions d’équité sociale et de justice climatique, entre autres. La réduction de la fracture Nord-Sud est cruciale. » 

Karuna Rana trouve que le couronnement du roi est aussi intervenu à un moment où les pays du Commonwealth sont durement touchés par le changement climatique, en particulier ceux à faible revenu. 

« Je sais que sous la monarchie en Grande-Bretagne, on s’attend à ce qu’il reste politiquement neutre. Mais j’espère qu’il sera un roi moderne et qu’il fera du changement climatique une urgence planétaire, pas seulement politique. J’espère également qu’il amplifiera son travail avec The Prince’s Foundation et le Commonwealth pour protéger l’environnement. Ce serait bien qu’il accorde la priorité aux communautés vulnérables et autochtones », conclut-elle.