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[COUP DE GUEULE] Les fonctionnaires : entre devoir et contrainte

Des fonctionnaires rassemblés au SVICC dimanche 23 juin

La polémique enfle et aurait pu exploser comme un ballon de baudruche, concernant la manière dont les fonctionnaires ont été transformés en spectateurs pour assister à la grand-messe organisée par le ministère de la Fonction publique, ce dimanche. 

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D’abord, remettons les pendules à l’heure : ce n’est pas parce que c’est un dimanche qu’un ministère ne peut organiser une fonction officielle. Mais à l’approche des élections, il est bien connu que nos chers politiciens se transforment en as de la communication, prêts à toucher le maximum de cœurs et d’esprits, quitte à s’immiscer discrètement dans les foyers via les médias et les réseaux sociaux. 

Mais l’astuce, c’est dans la méthode. Ah, la méthode ! Les hauts fonctionnaires, ces gardiens de la rigueur administrative, devraient normalement tempérer l’exubérance des politiciens en campagne. Au lieu de cela, on assiste à un spectacle où les fonctionnaires sont menés à la baguette, pris en otage par une circulaire aux airs de diktat. 

Cette fameuse circulaire No 42 de 2024 exhale une douce intimidation, du genre : « votre nom, s’il vous plaît, sinon votre chef devra faire acte de présence ». Un choix cornélien entre la peste et le choléra. Participation contrainte, avec une épée de Damoclès subtilement suspendue, voilà l’image. Cela aurait dû être spontané, désiré, une joyeuse adhésion libre et consentie, et non une chorégraphie imposée sous la menace. 

Cette circulaire glace le sang des observateurs avisés qui y voient une dangereuse dérive, où des hauts fonctionnaires se laissent docilement transformer en marionnettes des politiciens. 

Une confusion inquiétante entre service public et propagande, entre devoir et allégeance. La ligne entre service public et pouvoir politique est cyniquement aussi nette qu’une mare de boue après une averse. Et certains s’interrogent : est-ce que le Chef de cabinet du ministère de la Fonction publique a agi de son propre chef, ou a-t-il suivi des ordres venus d’en haut, de très haut ? 

Pas étonnant que les politiciens rechignent à adopter une loi clarifiant les rôles entre fonctionnaires et dirigeants politiques. Ce projet de loi, verrouillé et ignoré par tous les partis politiques, les priverait d’un précieux levier. Triste sort pour notre Fonction publique, où certains, trop dociles, se retrouvent en fâcheuse posture lors d’un changement de gouvernement, sous les feux des enquêtes, arrêtés, puis libérés sous caution, et forcés de dépenser des fortunes en frais d’avocats. 

On en arrive à la prestation du Premier ministre. Deux temps, deux ambiances : un discours très officiel en anglais, pour la forme, et un autre très politique en créole, pour le fond, où il en profite pour régler ses comptes avec l’opposition et la presse. 

Les fonctionnaires, eux, sont restés sur leur faim, déçus par l’absence de l’effet « Waouh ». Aucune annonce fracassante ! Que celle sur les réajustements salariaux qui figureront parmi les recommandations du PRB. « Quand je donne ma parole, je la tiens », a assuré le Premier ministre. 

En somme, une journée bien remplie pour le Premier ministre ! Elle aurait été sans reproche si la mobilisation des fonctionnaires avait été effectuée avec tact, sans susciter de polémique. 

À bon entendeur, salut !

 

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