Après les prochaines élections, nous serons gouvernés par une alliance contre-nature. Oui, vous avez bien lu. Et ce ne sera pas une grande première ! Les cassures en sont les preuves irréfutables. Les deux blocs qui s’affronteront ont été formés rien que par l’instinct de survie politique. C’est là que le spectacle commence sous les applaudissements d’une bonne partie du public…
C’est fait. Mis en marge par le PTr et le MMM, le PMSD de Xavier-Luc Duval sera en alliance avec le MSM. Le remariage après huit longues années de séparation est imminent. Déjà jeudi, nous avons assisté aux fiançailles, tenues dans l’auguste Assemblée nationale. C’était un spectacle digne d’une comédie romantique à l’eau de rose, avec l’élection du fils du leader du PMSD, Adrien Duval, comme Speaker.
Une cérémonie de fiançailles pimentée par l’opposition avec une histoire d’ivresse au volant. Le timing des bleus semble aussi mal pensé que d’annoncer une grossesse pendant un enterrement. C’est parfaitement inapproprié. Malheureusement, les bleus ont réussi à fournir à l’opposition un bâton avec lequel se faire battre. On pourrait presque croire qu’ils ont pris des cours de stratégie politique chez les clowns du cirque ! Non vraiment, il fallait oser : placer quelqu’un avec une ardoise à un poste aussi visible à l’aube de la campagne électorale.
CUISINER AVEC DES INGRÉDIENTS AVARIÉS
De toute façon, le PMSD n’a eu d’autre choix que de retourner auprès du MSM. Ah, les principes en politique ! Ils résistent aussi bien qu’un château de cartes sous une tempête. Xavier-Luc Duval devra donc collaborer avec des ministres qu’il avait auparavant qualifiés d’incompétents dans ses fameuses Private Notice Questions qui faisaient mouche.
Le contraste est saisissant, comme si un gourmet devait maintenant avaler des fast-foods bas de gamme et faire semblant de s'en régaler. C’est un peu comme si un chef étoilé devait cuisiner avec des ingrédients avariés : il va falloir beaucoup de talent pour rendre le tout comestible.
Chaque alliance entre le parti au pouvoir et un parti de l’opposition – comme le MSM et le MMM en 1990, le PTr et le MSM en 2010 ou encore le PTr et le MMM en 2014 – a eu sa recette pour faire oublier tous les mauvais goûts de leurs confrontations. Parfois, cela fond dans la bouche des électeurs (victoire). Parfois, cela leur reste en travers de la gorge (défaite).
Du côté de l’autre alliance, le PTr et le MMM ne peuvent pas se permettre de faire cavalier seul comme en 2019. Sinon, ils risqueraient de laisser un boulevard au MSM. D’où cet instinct de survie. Imaginez un peu : Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, deux vieux « frères » à couteaux tirés, contraints de regarder dans la même direction. C’est un peu comme si Batman et le Joker décidaient de faire équipe pour sauver Gotham. Ou encore c’est un peu comme si Tom et Jerry décidaient d’enterrer la hache de guerre pour un temps, juste pour survivre.
JOUER UNE ROMANCE FORCÉE
Cependant, la semaine dernière, un froid glacial s’est abattu sur leur relation, laissant craindre que l’accord électoral ne soit gelé. On aurait dit une vieille sitcom où les personnages se disputent, pour finalement se réconcilier à la fin de l’épisode. Tant bien que mal, ils restent accrochés à leur objectif de reconquérir le pouvoir, après une longue traversée du désert de deux décennies pour le MMM et d’une décennie pour le PTr. Leur détermination est à applaudir, presque touchante… si elle n’était pas si désespérée.
Les scènes de ce théâtre politique ne manquent pas de piquant. Navin Ramgoolam doit faire semblant de trouver un terrain d’entente avec Paul Bérenger, dont la moustache emblématique frémit à chaque compromis forcé. On imagine les réunions secrètes, les poignées de main crispées et les regards assassins échangés derrière les portes closes. Chaque sourire échangé en public cache probablement des grincements de dents en privé. Et puis, il y a les moments où ils doivent monter sur scène ensemble, affichant une unité factice, comme deux acteurs obligés de jouer une romance qu’ils détestent.
ASSOCIER UN LION AVEC UNE GAZELLE
Bref, dans les deux cas, nous serons dirigés par des alliés contrenature. C’est un peu comme si un lion s’associait avec une gazelle pour diriger la savane. Chacun des partenaires se regarde du coin de l’œil, prêt à bondir à la moindre faiblesse de l’autre. Mais pour le moment, ils jouent à la comédie de l’unité, un spectacle qui promet d’être aussi divertissant que déprimant.
Cependant, derrière ce rideau de faux-semblants et d’alliances opportunistes, plane le spectre de l’instabilité. Une instabilité qui pourrait bien transformer cette comédie politique en une véritable tragédie pour le pays après les élections. Car quand des partenaires aussi discordants doivent gouverner ensemble, la cassure n’est jamais loin. Le public, quant à lui, observe, amusé mais inquiet, se demandant combien de temps ce fragile équilibre pourra tenir avant de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.
Le scénario est écrit. Les acteurs sont prêts. Mais la fin reste imprévisible. Un véritable feuilleton politique où chaque épisode pourrait bien être le dernier.
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