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Corruption alléguée en France : enquête sur un proche du pouvoir malgache présent dans l’offshore mauricien

Port-Louis

Les autorités financières mauriciennes ont été sollicitées par Paris dans une enquête sur l’homme d’affaires malgache Maminiaina Ravatomanga, dit Mamy, pour blanchiment en bande organisée et fraudes fiscales. Ce milliardaire proche de l’ex-président malgache Andry Rajoelina, est soupçonné par le Parquet national financier (PNF) français d’avoir procédé à l’acquisition de biens immobiliers en région parisienne à travers un montage financier impliquant diverses sociétés, dont certaines sont basées à Maurice.  

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PDG du groupe malgache Sodiat, Mamy Ravatomanga a été sous le coup d’une enquête pour trafic de bois de rose sous la présidence de Marc Ravalomanana. Il s’était rapproché d'Andry Rajoelina, alors maire de Tananarive, ce qui lui a évité des déboires auprès du Bureau indépendant anticorruption. Outre des soupçons de détournement de fonds au détriment de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité de la Grande île, ce sont ses montages offshore qui ont attiré l’attention du PNF en février 2016, a indiqué l’hebdomadaire français L’Express la semaine dernière. 

Présenté par le magazine américain Forbes comme l'une des dix plus grosses fortunes de Madagascar l’année dernière, son groupe est présent dans l’import-export, l’hôtellerie, la presse, le tourisme et la santé. Son nom est apparu dans les Panama Papers à la même époque en tant qu’actionnaire d'une société offshore basée aux îles Vierges britanniques, Essential Time Group Limited. S’il se retrouve dans le viseur du juge français Renaud Van Ruymbeke, c’est pour ses investissements à Levallois-Perret, fief du maire Patrick Balkany, en 2011. 

Très influent auprès de l’actuel président malgache Hery Rajaonarimampianina dont il a financé la campagne électorale, Mamy Ravatomanga a acquis quatre appartements dépassant 4,5 millions d'euros, soit l’équivalent de Rs 180 millions. Le PNF veut établir s’il ne s’est pas  dispensé de déclaration d'impôt sur la fortune, les non-résidents étrangers étant aussi assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune  - rebaptisé impôt sur la fortune immobilière en 2018 - lorsque la valeur de leurs biens immobiliers dépassent 1,3 million d'euros (Rs 52 millions).  

Ses comptes et ceux de sa femme ne démontrant aucun transfert de fonds, l'Office central de répression de la grande délinquance financière a découvert un montage compliqué mêlant sociétés civiles immobilières françaises, sociétés offshore mauriciennes et autres. Les enquêteurs veulent ainsi établir s’il y a eu infraction. D’autant qu’il a siégé au sein du conseil d’administration de la Jirama jusqu’en 2014. 

Encore plus troublant : Mamy Ravatomanga a acquis ces biens alors qu’ils n’avaient pas encore été construits et ils auraient bénéficié au couple Patrick et Balkany - des proches de l’ex-président français Nicolas Sarkozy souvent cités dans des affaires de corruption alléguée - à travers un système de rétro-commissions. 

À Port-Louis, l’Hôtel du gouvernement se montre très discret sur cette affaire, indiquant que l’enquête est toujours en cours. 

 

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