Douze ans déjà qu’elle y croit. Qu’elle se bat. Qu’elle avance. Aujourd’hui, à 32 ans, Anusha Seechurn voit son travail dans le domaine du changement climatique et du développement durable être reconnu. Invitée par le président de la COP28, le prince Al Jaber, elle affirme qu’elle fera de son mieux pour faire entendre la voix de la jeunesse mauricienne sur l’enjeu du changement climatique.
Cette amoureuse de la nature, titulaire d’un BSc (Hons) Agriculture with Specialisation in Land and Water Management de l’université de Maurice (UoM), raconte que c’est à Paris, où elle représentait Maurice au 9e UNESCO Youth Forum, un événement pré-COP21, qu’elle a mieux compris les enjeux des Objectifs de développement durable (ODD) ainsi que la corrélation avec le changement climatique. De retour à Maurice, elle propose à ses chargés de cours à l’UoM de développer un Masters dans ce domaine. « C’est ainsi que l’UoM a lancé ce programme.
Publicité
J’ai fait partie de la première promo en changement climatique et développement durable. »Après ses études supérieures, Anusha Seechurn démarre sa carrière en tant qu’enseignante d’agriculture dans un collège des Plaines-Wilhems. Elle s’occupe d’élèves issus de familles fragilisées et à faible revenu, leur inculquant des connaissances pour se lancer dans l’agribusiness et atteindre une sécurité financière.
Trois ans plus tard, elle rejoint l’Institut de recherche agricole et de la sécurité alimentaire. Elle y passera cinq années en tant que scientifique, s’occupant principalement de la recherche dans le domaine du changement climatique et du développement durable liées à l’agriculture et la gestion des ressources naturelles.
« J’ai contribué plusieurs fois à l’élaboration des politiques nationaux pour ce secteur à Maurice. » Notamment le Strategic Plan for Agriculture, les Nationally Determined Contributions, le Greenhouse Gas Inventory Report for Crop Sector, le National Adaptation Plan, ou encore le Biennial Update Report.
Depuis quelques mois, elle évolue au sein de l’un des plus grands groupes financiers du pays en tant que Climate Leader dans les projets et initiatives de développement durable et changement climatique dans l’industrie financière.
Malgré sa carrière professionnelle très active, Anusha Seechurn consacre du temps à son rôle de Climate Leader. C’est en 2011 qu’elle s’engage dans le volontariat. Pendant ses études universitaires, elle organise plusieurs événements liés au développement durable. Diplômée en 2014, elle cofonde une ONG sur l’agriculture durable avec des amis de sa promotion. Leur objectif : former des étudiants du monde entier à travers un programme d’échange annuel sur les thématiques agricoles.
La jeune femme participe au 9e Forum des jeunes de l’UNESCO à Paris et à la 11e Conférence des jeunes à Madagascar, en finançant elle-même son voyage avec l’aide de sa famille. « Cela m’a permis de me confronter aux réalités mondiales face au changement climatique. » Forte de ces expériences locales et internationales, Anusha Seechurn a rejoint d’autres Climate Advocates et activistes.
« Ensemble, nous avons organisé plusieurs ateliers pour éduquer les jeunes sur le changement climatique et l’urgence du développement durable. Pendant quatre ans, nous avons aussi mis en place les Conférences des jeunes sur le climat à Maurice », se réjouit-elle.
Elle a également contribué à l’organisation de la première marche du climat à Maurice et à l’élaboration d’un « Flood Toolkit » pour prévenir les risques d’inondation. Anusha Seechurn a de plus participé à des événements régionaux comme Shape Africa et Seeing Blue, organisés par les Global Shapers et SYAH, où elle a rencontré plusieurs jeunes de l’océan Indien et d’Afrique. Elle s’est aussi inscrite au Civic Leadership Track du Young African Leadership Initiatives (YALI). « J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour ce programme. Je suis partie en Afrique du Sud où j’ai noué une belle amitié avec 120 jeunes des pays de la SADC.»
Le fait de pouvoir porter ces deux chapeaux de professionnelle et d’activiste autour d’un sujet qui la passionne est pour elle une source de motivation inépuisable. Elle est aussi une artiste, depuis 12 ans. « Ce qui me fait trois chapeaux ! » lance-t-elle dans un éclat de rire.
Mandela Washington Fellowship, un tremplin
Le Mandela Washington Fellowship (MWF) est la plus grande réussite d’Anusha Seechurn en tant que Global Youth Leader. Ella a fait partie des 7 Mauriciens et 700 Africains sélectionnés sur 70 000 demandes.
Ce programme, créé par Barack Obama, vise à renforcer les capacités des jeunes leaders africains dans différents domaines.
Anusha Seechurn a suivi le Leadership in Public Policy à l’université de Cornell, une prestigieuse institution de l’Ivy League, à Ithaca, New York. « Mes camarades de classe étaient des politiciens, des avocats, des scientifiques et des activistes du changement climatique, des chercheurs en agriculture et des médecins. »
Elle a aussi eu l’occasion de se rendre au siège des Nations unies. « C’était un rêve qui se réalise. » Elle a notamment rencontré la Sénatrice Lea Webb, première jeune femme noire à accéder à ce poste dans l’État de New York.
Passionnée d’astronomie, Anusha Seechurn a pu admirer la lune et les étoiles à l’observatoire astronomique de Fuertes, installé à l’université de Cornell. Elle a même eu droit à une visite guidée au Cornell Spaces Science building qui collabore avec la NASA pour plusieurs aspects de la recherche astronomique. « J’ai assisté à la conception d’un moteur de fusée de la NASA. J’ai également touché une des caméras envoyées sur Mars pour prendre des photos et tenu dans mes mains des météorites que les chercheurs ont retrouvées, c’était époustouflant !»
Après six semaines d’échange, elle a rejoint les 700 Mandela Fellows 2023 à Washington D.C. pour le MWF Summit, et participé à des sessions de travail sur diverses thématiques. « J’ai appris quelque chose de très important, le storytelling à travers l’art. » Elle a aussi rencontré le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et reçu un certificat d’appréciation de la vice-présidente Kamala Harris, une des femmes les plus puissantes et influentes au monde.
Pendant la soirée de clôture, elle a dansé sur la chanson Li Tourne pour exprimer nos liens avec le continent africain et la langue créole. « Cette chanson est devenue l’hymne du Fellowship », se réjouit-elle.
« Le Mandela Washington Fellowship m’a révélé ma force et ma détermination. Une école de vie, une expérience qui m’a ouvert des horizons et permis de m’exprimer en toute confiance dans un espace sûr où chacun cherche à comprendre et respecter les perspectives de tous », s’enthousiasme Anusha Seechurn, qui confie qu’elle compte aller encore plus loin pour faire briller Maurice sur la carte mondiale.
Plateformes régionales et internationales
Anusha Seechurn est une activiste du climat et du développement durable qui intervient sur diverses plateformes comme le Commonwealth, YALDA et YOUNGO, l’aile jeune de l’UNFCCC. Elle a été coordinatrice du YALI Chapter de Maurice et a organisé la YALI Climate Conference. Membre de Zero Waste Mauritius et du groupe de travail sur les contributions nationales déterminées de YOUNGO, elle a participé au Mandela Washington Fellowship, aux États-Unis, en juin 2023.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !