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Conversation présumée entre lui et Zouberr Joomaye - Dick Ng Sui Wa : «Rien de mal dans la fausse déclaration»

Dans l’une des    bandes sonores publiées par « Missie Moustass » samedi, intitulée Bizin enn avocat pu koz lor rapport Kistnen, on entend une conversation téléphonique dont les interlocuteurs seraient le 
Dr Zooberr Joomaye, conseiller au bureau du Premier ministre (PMO), et Dick Ng Sui Wa, avocat et Chairman de l’Information and Communication Technologies Authority (Icta). 

La voix attribuée au Dr Zooberr Joomaye affirme : « Nou pe rod enn dimounn dan la profesion legal pou fer enn video indepandan, MFDC (Mauritius Film Development Corporation) pou fer sa, pou koz lor sa rapor kinn sorti-la (NdlR, le rapport de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen). » 

La voix attribuée à Dick Ng Sui Wa lui répond : « Fer Wazaa FM fer sa, li difiz li. » La voix attribuée au Dr Zooberr Joomaye explique que la MFDC peut faire la vidéo et que celle-ci peut être publiée sur la page de l’ancien journaliste et ancien attaché de presse ministériel, Deven Anacootee, car il aurait beaucoup d’abonnés. La voix attribuée à Dick Ng Sui Wa donne son approbation. Celle attribuée au Dr Zooberr Joomaye indique que le député sortant du MSM, l’avocat Ravi Rutnah, est d’accord pour donner des informations à Dick Ng Sui Wa, et que Vikram Jootun, directeur de la MFDC, va le contacter pour la diffusion de la vidéo.

Le Dimanche/L’Hebdo a sollicité les deux interlocuteurs présumés. Dans une brève déclaration, Dick Ng Sui Wa affirme : « Ce n’est pas ma voix, même si a priori il n’y a rien de mal dans la fausse conversation. » De son côté, le Dr Zooberr Joomaye indique : « Je ne ferai pas de déclaration, car une enquête policière est en cours. »

Or, pour Me Ashok Radhakissoon, ancien président de l’Icta, la conversation présumée entre Zouberr Joomaye et Dick Ng Sui Wa est « choquante ». Au-delà du choc, cette situation suscite la peur, selon lui. « Les rubriques de ‘Missie Moustass’ confirment ce que l’on pensait déjà : il n’y a plus de séparation entre les institutions, mais des collusions pour des actions qui dépassent leurs fonctions », remarque-t-il.

Trilock Dwarka, qui a dirigé l’Icta pendant huit ans sous le gouvernement de Navin Ramgoolam, parle, lui, d’ingérence, en précisant qu’il n’a jamais connu une telle situation pendant son mandat. Après avoir pris connaissance de la bande sonore, il estime qu’il semble que les personnes mentionnées soient en consultation permanente pour manipuler les dossiers, assurant ainsi la survie du gouvernement en place. Ce faisant, affirme-t-il, le président actuel de l’Icta n’assume pas ses responsabilités vis-à-vis de l’organisme. « Avoir recours à un avocat pour un travail purement politique est une pratique malsaine », dénonce-t-il. 

Trilock Dwarka affirme qu’à son époque à la tête de l’Icta, il était impensable qu’un conseiller du Bureau du Premier ministre fasse ce genre de requête. « Tout le monde connaissait mon indépendance, personne ne m’a jamais sollicité, et le Premier ministre de l’époque ne s’ingérait pas dans les affaires de l’organisme », souligne-t-il.

Il existait auparavant une équipe avec un sens de l’éthique au sein de l’Icta et d’autres organismes, fait-il valoir. « Les révélations de ‘Missie Moustass’ sont outrageantes », dit-il. Il considère qu’une culture s’est développée au service du gouvernement en place. « Travailler pour honorer leurs obligations semble être le cadet de leurs soucis », observe-t-il.

Au vu de ces diverses « révélations », nul n’est à l’abri, observe Me Radhakissoon. « Il est désormais difficile de faire confiance, peu importe la position sociale ou professionnelle. Et alors que nous parlons, nous pourrions être sur écoute », dit-il. Il regrette que les valeurs et l’intégrité de la société aient bien changé. « On ne peut plus avoir confiance ; nous vivons dans un climat de méfiance », ajoute-t-il. L’avocat estime que cette situation s’apparente à une bombe qui a ébranlé les bases de notre société.

Chacun doit rester sur ses gardes, car le sens des valeurs morales et éthiques s’est effrité, poursuit Me Radhakissoon. La cohésion sociale qui existait autrefois n’est plus. À l’approche des élections générales, ces révélations pourraient influencer les opinions, ajoute l’avocat.

 

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