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Contrat alloué par le ministère de l’Environnement : les dessous de la construction de deux usines de traitement de déchets

L’objectif est de détourner jusqu’à 70% des déchets du centre d’enfouissement de Mare Chicose.

Face à l’augmentation alarmante des déchets, deux usines de traitement seront opérationnelles d’ici fin 2026. C’est Sotravic Ltée qui a décroché le contrat pour cette transformation. Le Défi Plus vous dévoile les détails de ce projet déterminant pour l’avenir environnemental du pays.

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Après avoir obtenu un contrat de Rs 3,6 milliards en juin dernier pour l’expansion verticale du centre d’enfouissement de Mare Chicose en partenariat avec Strata, Sotravic Ltée a récemment remporté un nouveau contrat pour le développement de deux installations de traitement de déchets intégrés (IWPF) à Maurice. Ce contrat, attribué par le ministère de l’Environnement le 6 août dernier sur la base du principe Build-Own-Operate (BOO), a pour objectif de mettre en place un système de tri de déchets collectés via un système de collecte à trois poubelles, afin de promouvoir la récupération des ressources et le recyclage des déchets.

Selon les termes de l’accord, Sotravic Ltée sera responsable de financer l’intégralité du projet, de concevoir les infrastructures, de construire, d’exploiter et d’entretenir les installations. Ce projet vise à détourner jusqu’à 260 000 tonnes de déchets, soit près de 50 % des déchets générés annuellement, du site d’enfouissement de Mare Chicose. Dans le cadre de ce partenariat public-privé (PPP), le ministère de l’Environnement est tenu de fournir à chaque usine 130 000 tonnes de déchets triés par an.

Pour ce faire, chaque foyer recevra trois poubelles : une pour les déchets organiques, une pour les matériaux recyclables et une pour les déchets résiduels, qui seront envoyés à la décharge. Les secteurs commercial et industriel devront également séparer leurs déchets conformément à des directives similaires.

Deux usines

L’objectif principal est de maximiser la récupération des ressources et le recyclage tout en exploitant le potentiel énergétique des déchets à long terme. Pour atteindre cet objectif, deux usines de traitement de déchets seront créées. Selon les premières indications, l’une sera située près du village de Laventure dans le district de Rivière-du-Rempart et traitera les déchets de la moitié nord du pays. La seconde usine, probablement construite à La Chaumière dans le district de Moka, sera chargée des déchets de la moitié sud du pays.

L’usine du Nord sera alimentée en déchets par trois stations de transfert : Roches Bois, La Laura et Poudre D’or, tandis que celle de La Chaumière sera approvisionnée par les stations de transfert de La Chaumière et de La Brasserie. Chaque IWPF comprendra une usine de compostage, une unité de tri et, éventuellement, une usine de combustible dérivé des déchets (Refused Derived Fuel). Chaque usine aura une capacité de traitement de 75 000 à 100 000 tonnes de déchets par an, et les déchets non traités seront transférés au centre d’enfouissement de Mare Chicose.

Calendrier et phases du projet

Selon les termes de l’accord que Le Défi Plus a pu consulter, à partir du 6 août, Sotravic Ltée a un délai de six à neuf mois pour se conformer aux conditions préalables de la phase de pré-développement. Durant cette période, la compagnie devra soumettre divers documents relatifs à l’acquisition du terrain, les dessins détaillés, l’Environment Impact Assessment (EIA), l’approbation bancaire, etc. De plus, Sotravic Ltée devra soumettre les offres des fabricants, choisir les fabricants appropriés et recruter le personnel clé ainsi que l’équipe opérationnelle.
Par la suite, une période de construction de 18 mois sera accordée pour mettre en place les installations de traitement, le bureau administratif, le centre de connaissances, ainsi que pour l’installation des équipements et des laboratoires.

Une période d’essai de trois mois suivra, durant laquelle un ingénieur indépendant supervisera la qualité de la construction, de l’installation, de l’opération des équipements et du travail réalisé. Cette période inclura la réception de certificats de fin des opérations d’essai, la formation de tout le personnel et l’obtention du certificat de mise en service.

Enfin, à partir de fin 2026, débutera la période d’exploitation et de maintenance, qui durera 25 ans.

De l’étude à la concession

Suite à une étude de faisabilité réalisée par Tractebel Engie, une recommandation a été faite pour la mise en place et l’exploitation d’usines régionales de compostage et d’unités de tri. En février 2022, Kukuza Property Development Corporation a été recrutée en tant que Conseiller en Transaction pour approfondir l’étude de faisabilité et préparer les documents d’appel d’offres sur une base Build-Own-Operate (BOO).

Un appel d’offres international a été lancé le 3 novembre 2022 et s’est clôturé le 8 avril 2023. L’évaluation des propositions a été achevée en novembre 2023, avec la recommandation d’entamer des négociations avec le soumissionnaire préféré, Sotravic Ltée, pour les deux régions (Nord et Ouest). Un Comité de Négociation, présidé par le Deputy Financial Secretary et composé de membres des institutions concernées, a conduit les négociations avec Sotravic Ltée afin de finaliser un tarif global de déversement et de convenir des termes d’un contrat de concession offrant le meilleur rapport qualité-prix pour le gouvernement. Le Comité de Négociation a soumis ses recommandations le 29 mars 2024.

Les Partenaires de Sotravic Ltée

Sotravic Ltée bénéficiera d’une équipe de professionnels expérimentés pour soutenir ce projet ambitieux. Lark Engineering, une société britannique, sera chargée de la mise en place des installations nécessaires, tandis que Compost Systems, une entreprise autrichienne spécialisée dans la gestion de déchets, apportera son expertise en compostage. Les autres partenaires techniques incluent Forrec, Sotramin, Tomra, GMF Limited, Benli et Visio. Sotravic Ltée collaborera également avec Benoit Chambers, KPMG, IBL Together, Lineage Invest, la Mauritius Commercial Bank (MCB) et la Mauritius Investment Corporation (MIC).

Intégration des récupérateurs informels

Lors de la phase de conception et des opérations, le ministère de l’Environnement, les agences concernées ainsi que les opérateurs des unités de traitement des déchets devront trouver des moyens innovants pour soutenir et intégrer les récupérateurs informels, qui opèrent actuellement, dans le système formel. C’est ce qu’a indiqué le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano. « Nous devons reconnaître les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux résultant du recyclage informel et trouver les meilleures façons de collaborer avec ce secteur pour améliorer leurs moyens de subsistance et leurs conditions de travail. Ils devront être formés et dotés du soutien logistique adéquat pour s’intégrer dans les unités de tri », a-t-il exhorté.

Déchèterie : 1 500 tonnes de déchets réceptionnées en 3 ans

Seules 1 500 tonnes de déchets ont été reçues dans les trois déchèteries opérationnelles à travers le pays, selon un relevé du ministère de l’Environnement. Parmi celles-ci, la déchèterie de La Chaumière, en service depuis novembre 2020, dessert les régions de Rivière-Noire, Beau-Bassin/Rose-Hill, Quatre-Bornes et Vacoas/Phoenix. La déchèterie de La Laura, en fonctionnement depuis octobre 2021, couvre les régions de l’Est, tandis que celle de Poudre d’Or est la plus récente, ayant ouvert en août 2022. Le ministère reconnaît que la quantité collectée reste modeste par rapport aux déchets envoyés au centre d’enfouissement, mais considère ces installations comme des éléments essentiels pour la transition vers un modèle d’économie circulaire.

  • Salon

 

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