Les investissements du secteur public et les mesures budgétaires visant à encourager les projets de construction résidentielle devront permettre au secteur de la construction de prendre un nouvel envol cette année. Cependant, selon les opérateurs du secteur, la hausse des prix des matières premières peut freiner la croissance.
Rs 65 milliards. C’est le montant qui sera investi dans des projets de construction au cours des trois prochaines années. Ces projets en cours et à venir comprennent le Metro Express, le programme de décongestion et de drainage, le nouvel hôpital à Flacq, la construction de Mediclinics entre autres. Kishan Jodasing, directeur de JK Constructions & Sons dit accueillir les investissements publics dans la construction. « Cela va certainement un coup de pouce et permettra au secteur d’atteindre une croissance importante », dit-il.
Cependant, il souligne qu’avec la hausse constante des prix des matériaux, les nouveaux projets ne sont pas vraiment rentables pour les compagnies de construction. Un avis que partage Suryadev Bhundun, Managing Director de RB Construction. « C’est bien d’avoir de nouveaux projets. Cela nous permettra de développer davantage le business. Mais avec la hausse des prix de matériaux, les revenus sont sévèrement affectés », dit-il. A titre d’exemple, dit-il, un contrat de Rs 100 millions déjà négocié peut couter beaucoup plus cher à la fin du projet. « D’ailleurs, nous sommes actuellement pénalisés pour les contrats qui ont été conclus l’année dernière », déplore-t-il.
Construction résidentielle
Selon le directeur de JK Constructions & Sons, le prix de la barre de fer est passé de Rs 27 000 la tonne en décembre 2020 pour atteindre Rs 46 000 la tonne aujourd’hui. « Entre temps, le prix du ciment, des peintures et autres matériaux de construction, ont pris l’ascenseur. Avec la dépréciation drastique de la roupie, les matériaux coûteront encore plus cher dans l’avenir », dit-il. D’ailleurs, il fait ressortir qu’il faut compter une hausse de plus de 25 % du coût de la construction d’une maison de 1 400 pieds carrés à présent par rapport au coût de l’année dernière.
Suryadev Bhundun pour sa part indique qu’il faut aujourd’hui un minimum de Rs 1,5 million à Rs 2 millions pour la construction d’une maison de 1 000 pieds carrés. « L’année dernière, avec un budget de Rs 800 000 à Rs 900 000, on pouvait construire une maison de la même superficie », indique notre interlocuteur. En sus de la hausse des prix des matériaux de construction, il évoque également la main-d’œuvre qui coûte plus cher. « L’année dernière, un maçon touchait en moyenne Rs 1 000 pour une journée de travail. Aujourd’hui, il faut compter entre Rs 1 500 et Rs 2 000 », fait ressortir le directeur.
Remboursement
Rs 2 milliards seront affectées pour soutenir l’achat de terrains ainsi que l’acquisition et la construction de propriétés résidentielles par des particuliers. En effet, un particulier qui achète une maison, un appartement ou un terrain pour y construire sa résidence au cours de l’année fiscale 2021-2022, bénéficiera d’un remboursement de 5 % du coût de la propriété, jusqu’à un maximum de Rs 500 000. Une mesure qui, selon Kishan Jodasing, encouragera certes les particuliers à faire l’acquisition d’une propriété. « Mais, si on prend en considération la hausse du coût de la construction aujourd’hui par rapport à l’année dernière, on réalise que le remboursement de 5 % n’est pas un cadeau », dit-il. Suryadev Bhundun abonde dans le même sens. « La hausse des prix des matériaux dépasse largement le remboursement de 5 %. Je dirai même que cela n’aura pas d’impact et ne va pas inciter les gens à s’engager dans la construction d’une maison », appuie-t-il.
Une croissance de 25,2 % prévue cette année
Le secteur de la construction connaitra une croissance de 25,2 % cette année après une contraction de 25,8 % en 2020. C’est ce que prévoit Statistics Mauritius dans un rapport publié cette semaine. Cette reprise sera atteinte grâce à des projets de construction privés tels que les projets de Smart Cities, les projets de morcellement, les projets de Property Development Scheme (PDS) et la construction de nouveaux/rénovations d’hôtels au cours du deuxième semestre 2021, couplés à des projets publics en cours et à venir.
Les petits contracteurs craignent pour leur part du gâteau
Gérard Uckoor, vice-président de l’Association des Contracteurs est catégorique. « Les petits contracteurs sont tombés dans les oubliettes dans le dernier Budget. Les mesures annoncées sont plutôt dans l’intérêt des grandes entreprises », confie-t-il. Ce dernier soutient que pour les projets d’État de plus de Rs 3 milliards, il fallait s’assurer que 10 % soient réservés pour les petits opérateurs. Gerard Uckoor affirme que les contracteurs doivent maintenant se contenter des petits travaux de rénovation dans les services publics (bâtiments publics, écoles, postes de police, entre autres).
Cependant, il dit saluer les mesures annoncées pour booster la construction résidentielle. « Le remboursement de 5 % du coût de la propriété, jusqu’à un maximum de Rs 500 000 est un ouf de soulagement pour les particuliers. Cette mesure encouragera les Mauriciens à construire leurs maisons », affirme-t-il. Par ailleurs, Gerard Uckoor fait un appel aux banques commerciales pour être plus flexibles dans l’octroi des prêts de logement.
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