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Construction de deux réservoirs d’huile lourde : «Totalement incohérent», dit Elahee

Après l’installation de nouvelles turbines à la centrale de St-Louis en 2017, un autre projet controversé est annoncé sur le même site.

Le projet d’installation de deux réservoirs d’huile lourde à la centrale de St-Louis soulève un tollé. Raison : les implications écologiques du projet semblent être en contradiction totale avec la politique énergétique de Maurice.

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Deux entreprises sont en lice pour rafler un contrat qui consiste à construire deux réservoirs d’huile lourde à la centrale de St-Louis. Il s’agit de Maxworks Limited qui a fait une offre de Rs 155 682 637 et de Forges Tardieu Ltd qui a fait une offre de Rs 192 491 423.

Un projet qui ne manque pas de susciter plusieurs interrogations car d’aucuns sont d’avis qu’il est en totale contradiction avec la politique des énergies vertes sur laquelle le ministère de l’Énergie et des Services publics a fait une série d’annonces. La roadmap présentée par le ministère avait revu à la hausse la production énergétique à partir de l’énergie verte. S’il avait initialement été question d’une production basée à hauteur de 60 % d’énergies non polluantes, le document présenté par le ministre Joe Lesjongard avait évoqué un taux de 67,9 % alors que dans le « low-case scenario », il sera de 60 %.

Khalil Elahee, chargé de cours à l’université de Maurice et expert en matière énergétique, n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, le projet de construction à St-Louis est totalement incohérent. « Lorsque nous jetons un coup d’œil à la roadmap présentée dans le courant de l’année, il est clairement indiqué que le gouvernement vise un taux de production énergétique de 60 % à partir des énergies renouvelables d’ici 2030. Je peux dire que nous sommes déjà bien en retard sur cet objectif. »

Il fait aussi ressortir qu’en dehors des 60 % d’énergie qui devrait être produite avec des sources non polluantes, il reste encore 40 %. « Lorsque nous lisons le communiqué du Conseil des ministres qui a été émis vendredi dernier, nous voyons que le gouvernement a donné son feu vert pour le Liquefied Natural Gas (LNG) onshore. Nous comprenons donc que les 40 % restants devraient être à base de LNG », dit-il. Ce qui le pousse à se demander quelle est la réelle nécessité d’investir Rs 200 millions dans de l’huile lourde. « Nous n’avons pas besoin d’huile lourde », estime-t-il.

Intervenant en sa qualité d’ex-président du conseil d’administration du Central Electricity Board (CEB), Patrick Assirvaden abonde dans son sens. « Ce projet qu’annonce le gouvernement est en totale contradiction avec sa feuille de route énergétique. Le Premier ministre avait pris des engagements à la COP26 pour assurer une production énergétique de 65 % à base d’énergies renouvelables. Je ne comprends donc pas la logique d’investir dans des réservoirs d’huile lourde », dit-il.

Il fait ressortir qu’il existe déjà trois réservoirs d’huile lourde d’une capacité de 18 mètres cubes aux Salines. « Quelle est donc la raison de cet empressement d’injecter Rs 200 millions dans ce projet alors qu’il n’y a pas de grands investissements au niveau des énergies vertes ? », ajoute-t-il.

Le député du Parti travailliste se dit également étonné par le montant proposé par les deux entreprises qui ont été short-listed par le Central Procurement Board. « Le prix de l’huile lourde sur le marché international a considérablement baissé ces dernières années, car plusieurs pays sont en train de ‘phase out’ les réservoirs d’huile lourde. Je ne comprends donc pas comment ce projet peut coûter autant à Maurice. Il faut avoir plus de transparence à ce sujet », dit-il.

En somme, cette stratégie du ministère et du CEB relève d’un sentiment de panique depuis l’épisode Terra. « La fermeture de Terra représente un manque de 65 mégawatts, ce qui est énorme quand on sait que nous approchons la période de décembre où la consommation énergétique sera encore plus importante », conclut-il.

 

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