Un document du National Audit Office, déposé au Parlement en mai, fait une analyse critique de la politique gouvernementale en matière d’emploi. Les structures sont jugées inefficaces, inadéquates et onéreuses.
Le gouvernement a encore beaucoup de progrès à faire au niveau de sa politique de l’emploi. Ce constat émane d’un rapport déposé à l’Assemblée nationale en mai par le National Audit Office. Le document intitulé Enhancing employability of jobseekers couvre la période 2010 à décembre 2015 et dresse un tableau peu reluisant de la politique gouvernementale en matière de l’emploi. Il fait une analyse critique de la performance des institutions gouvernementales dans ce domaine.
« En dépit des tentatives du gouvernement de contrer le problème d’inadéquation des compétences (mismatch) ces dernières années, le problème prévalait toujours en 2015 », peut-on lire dans le rapport. Le National Audit Office blâme le manque de cohérence entre les différents ministères et départements qui mènent des programmes de lutte contre le chômage.
Au fil du temps, le gouvernement a pris plusieurs initiatives et a développé de multiples programmes, tels le Youth Employment Programme (YEP), le Back to Work Programme, le Dual Training Programme ou encore l’ICT Skills Development Programme. Mais le National Audit Office constate que ces démarches « n’ont pas donné les résultats escomptés ». Pourtant, plus de Rs 350 millions ont été dépensées depuis 2010 pour les financer, si l’on exclut le YEP qui a coûté Rs 27,7 millions en 2013 et Rs 116,9 millions en 2014.
De plus, des organismes gouvernementaux, à l’instar du National Empowerment Foundation, ont été institués pour venir en aide aux chômeurs. Mais le constat est similaire partout. « Ces programmes de formation et de placement opèrent isolément. Il n’y a aucun partage de données avec le ministère du Travail et de l’Emploi et chacun à une base de données séparée sur les employeurs et les demandeurs d’emploi », indiquent les rédacteurs du document. Cette façon d’agir a une influence négative sur l’efficacité de ces programmes.
Le bureau de l’emploi du ministère du Travail est également critiqué. Selon l’Employment and Training Act, ce service doit aider les chômeurs à trouver un emploi correspondant à leur âge, leurs qualifications et leurs capacités en les plaçant dans des entreprises.
Or, il ressort que la majorité des demandeurs d’emploi ne se fient plus à cette unité. En 2014, seulement 18 984 chômeurs s’y sont fait enregistrer alors que le nombre d’emplois disponibles était de 44 800. Cela veut donc dire que 42 % seulement de chômeurs se sont tournés vers le Service de l’emploi du ministère alors qu’ils étaient 60 % en 2010. L’année dernière, seulement 10 % des personnes qui se sont enregistrées auprès du service avaient finalement été placées.
Hausse fulgurante
Le National Audit Office s’étonne que le nombre de permis de travail octroyés ait connu une hausse fulgurante alors que le chômage est resté élevé. En 2010, il y avait 45 200 chômeurs. En 2014, ils étaient 44 800. Pourtant, le nombre de permis de travail accordés aux étrangers était de 30 351 en 2010, contre 39 183 en 2014. Le National Audit Office explique cette situation par « un manque de savoir-faire et de compétences requises parmi les demandeurs d’emploi locaux ». Le rapport note aussi la hausse du nombre de jeunes de 18 à 24 ans au chômage, alors que le nombre de diplômés a plus que doublé dans cette tranche d’âge. En 2010, au total 24 100 jeunes cherchaient du travail, selon les chiffres officiels. En 2014, ils étaient 26 500. Selon Statistics Mauritius, 3 600 de ces jeunes étaient détenteurs de diplômes universitaires en 2010. Quatre ans plus tard, ils étaient 7 800 à essayer de trouver un emploi correspondant à leurs compétences. Le National Audit Office se base sur un rapport du ministère des Finances datant de l’année dernière pour affirmer que « les jeunes à Maurice montrent des signes de suréducation mais de manque de compétences ou de sous-éducation ». De ce fait, les entreprises peinent à trouver le bon profil parmi les jeunes. Le seul moyen de gagner en efficacité est donc de revoir le système existant. Le National Audit Office recommande une approche holistique qui permettrait à la fois de résoudre le problème du chômage et celui de l’inadéquation entre les compétences et les besoins réels du marché. Le gouvernement compte maintenant revoir le Service de l’emploi pour le transformer en une National Employment Agency calquée sur le modèle français de Pole Emploi.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !