Comment les Mauriciens ont-ils dépensé en 2023 ? À quoi s’attendre au niveau de la consommation pour cette nouvelle année ? Quel sera l’impact de la révision du salaire minimum et de la compensation salariale sur le pouvoir d’achat ? Comment évolueront les prix ? Éléments de réponses.
Les Mauriciens ont pris conscience des réalités difficiles de la vie et commencé à naviguer habilement dans les eaux troubles de l'incertitude mondiale. C’est l’avis partagé par le président de l’Association pour la Protection des Consommateurs et de l’Environnement (Apec), Suttyhudeo Tengur. « Vu qu'il n'y a pas eu trop de pollution sonore avec des pétards, je pense que, dans l'ensemble, les Mauriciens ont su trouver le juste équilibre », observe-t-il.
Selon lui, que ce soit dans leurs choix ou dans la préparation de l'avenir de leurs enfants en achetant de manière utile et judicieuse, les Mauriciens se sont bien comportés. Cependant, l'économiste Takesh Luckho ne partage pas cet avis. « Pendant la période des fêtes, de nombreux achats ont été faits à crédit. Des données récemment publiées par la Banque de Maurice indiquent que la dette des ménages s'élève à plus de Rs 160 Md. C'est une tendance inquiétante avec le risque de surendettement », prévient-il.
Suttyhudeo Tengur estime que la révision à la hausse du salaire minimum et la compensation salariale variant entre Rs 1 500 et Rs 2 000 sont deux mesures comprises qui, dans l'ensemble, feront circuler beaucoup d'argent dans le circuit monétaire. « Avec autant de liquidités, les Mauriciens seront tentés de dépenser plus que d'habitude, sachant qu'à chaque fin du mois, leur portefeuille sera bien rempli », poursuit-il. Cependant, il souligne qu'il y a un danger, car cela risque de provoquer une inflation qui pourrait annuler toutes ces augmentations ou compensations. « Donc, la prudence est de mise », appuie-t-il. Takesh Luckho estime, pour sa part, que la compensation ne vise pas à améliorer la vie des Mauriciens, mais à leur permettre de vivre décemment. « En revanche, l'augmentation du salaire minimum et le revenu minimum garanti donneront plus de pouvoir d'achat au consommateur mauricien », dit-il. Mais l’économiste conseille aux consommateurs de rester prudents et de planifier leurs dépenses. « Avec une injection massive dans la masse monétaire de presque Rs 16 milliards par le paiement de la compensation salariale, le problème de l'inflation reste entier », prévient-il.
Cercle vicieux de l’inflation...
Avec le conflit entre le Hamas et Israël et ses répercussions avec les rebelles Houthis du Yémen menaçant la sécurité maritime dans la mer Rouge, et avec moins de 15 % du trafic commercial international, couplé avec le conflit russo-ukrainien et les autres crises internationales, Maurice risque d'en faire les frais. C’est ce qu’affirme le président de l'Apec. « Certainement, les coûts du fret maritime prennent déjà l'ascenseur. Avec cette nouvelle donne, les risques d'une augmentation des prix ne sont pas à écarter », dit-il. Avec ces données, Suttyhudeo Tengur pense que 2024 s'annonce difficile pour les consommateurs. Le CEO de SaveMax, Vicky Hanoomanjee, abonde dans le même sens. « Avec une augmentation des salaires, le coût de la main-d'œuvre dans la grande distribution va augmenter. Par conséquent, je prévois une hausse sur tous les produits. Mais je pense que le gouvernement va tout faire pour contrôler les prix de vente, bien que cela soit un véritable défi », appuie-t-il.
De son côté, Takesh Luckho est d'avis que la politique actuelle des autorités consiste à fournir davantage de prestations sociales plutôt que de lutter contre le problème des « prix élevés ». « Si on entre dans un ‘cycle vicieux de l'inflation’, le paiement des allocations et autres compensations ne seront que des mesures illusoires », affirme-t-il.
Observations dans des grandes surfaces
Dans les grandes surfaces, une augmentation a été constatée au niveau de la consommation. « Les Mauriciens ont continué à acheter les aliments de base avec le même volume, malgré l'augmentation des prix », affirme Vicky Hanoomanjee. Par ailleurs, il constate que les consommateurs sont restés fidèles à leurs marques préférées. Le CEO de SaveMax avance également qu'avec des revenus plus élevés, les gens auront tendance à changer leur niveau de vie. « Les Mauriciens vont changer leur façon de vivre. Ils dépenseront plus dans les restaurants et achèteront des produits de meilleure qualité et haut de gamme », fait-il comprendre.
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