• Une nouvelle hausse de 5 % à 10 % est attendue
Les consommateurs continuent de casquer. Dans les semaines à venir, les prix des légumes devraient encore augmenter. Si les effets du cyclone Batsirai sont mis en avant, ce ne sont toutefois pas les seuls facteurs expliquant cette hausse.
Publicité
Et voilà les consommateurs qui trinquent encore. Une nouvelle hausse des prix se profile à l’horizon. Celle-ci devrait se chiffrer entre 5 % et 10 %. En cause, une production en baisse en raison de plusieurs facteurs, dont les dégâts causés aux cultures par le cyclone Batsirai.
D’ores et déjà, le prix de certains légumes, comme les haricots et la calebasse, affiche une légère hausse. « Un demi-kilo de haricots se vend à Rs 75 au marché tandis que chez nous, nous préférons vendre à Rs 60 pour que les clients puissent en acheter », indique Manisha Chitooree, gérante d’un « ti bazar » à St-Pierre.
Elle s’attend à ce que cette tendance à la hausse se poursuive en raison du mauvais temps. « Compte tenu des récentes précipitations, certains légumes ne sont pas de bonne qualité. »
Bhuruth Bhujun, responsable d’une compagnie qui cultive et distribue des légumes dans des supermarchés, ne dira pas le contraire. Avec l’arrivée de Batsirai, dit-il, les plantes fragiles comme les courges et les courgettes ont déjà commencé à se briser en deux. Il anticipe que la pluie et les rafales du cyclone détruiront de nombreuses cultures.
Un représentant de KR Agritrade Ltd abonde dans le même sens. Les cultures les plus vulnérables sont celles des herbes aromatiques (cotomili, queue d’oignon), des pommes d’amour et des piments, fait-il ressortir. « On voit déjà l’effet instantané sur les herbes fines, mais après quelques jours on verra des dégâts dans les autres cultures. Du coup, une baisse dans la production est anticipée, avec une augmentation des prix des légumes. »
De son côté, Arassen Chinan, membre de l’Agricultural Development Marketing Association, se désole que « la production de légumes sera revue à la baisse en raison du mauvais temps ». Sans compter, dit-il, que certaines cultures de tomates sont actuellement affectées par des maladies. « Le nécessaire a été fait pour éviter d’autres dégâts », assure-t-il toutefois.
Devant cette situation, les planteurs souhaitent l’intervention du ministère de l’Agro-industrie. Ils ne cachent pas leur inquiétude quant à l’avenir du secteur. Faisant ressortir que les coûts de production sont déjà élevés et que les pertes causées par le cyclone seront un nouveau coup dur dont ils peineront à se relever.
Raison pour laquelle ils demandent que des plans d’aide soient mis à leur disposition. Au cas contraire, préviennent-ils, le secteur agricole risque de disparaître. Le pays devra dès lors dépendre de l’importation de fruits et légumes.
Prix actuel |
|
Lalo |
Rs 80 |
Gros brocoli |
Rs 100 (l’unité) |
Courgette |
Rs 95 (l’unité) |
Petit poivron |
Rs 45 (l’unité) |
Gros pâtisson |
Rs 100 (l’unité) |
Pomme d’amour |
Rs 50 |
Concombre |
Rs 45 (l’unité) |
Haricot |
Rs 75 |
Calebasse |
Rs 55 (l’unité) |
Carottes |
Rs 45 |
Bringelle |
Rs 40 |
Giraumon |
Rs 45 |
Patole |
Rs 50 |
Questions A…
Suren Surat, CEO de SKC Surat : « Nous devrons compter sur l’importation »
Comment se porte la production de légumes avec les récentes grosses pluies et le cyclone Batsirai ?
La situation reste compliquée et difficile, surtout avec le cyclone. Même les légumes cultivés dans les structures protégées, notamment les serres, ne résisteront pas aux averses et rafales qui accompagnent Batsirai.
Je constate que les légumes qui sont cultivés sous terre, comme les betteraves et les carottes, sont actuellement affectés par les averses. La production de légumes va diminuer et le prix pourrait grimper car cela dépend de l’offre et de la demande.
SKC Surat envisage d’importer certains légumes qui se font rares sur le marché...
Tout à fait. Grâce au permis d’importation, nous sommes autorisés à importer des légumes rares sur le sol mauricien. L’importation se fait uniquement en cas de pénurie de légumes locaux. Alors que nos dernières commandes ont été passées en décembre 2021, ce n’est que récemment que nous en avons reçu certaines. Vous pouvez voir l’écart de livraison.
Environ 100 tonnes de légumes – chou, haricots, carotte, courgette, pâtisson – et des fines herbes ont été importées afin de répondre aux besoins du consommateur.
Les prix des légumes ont déjà commencé à flamber. Comment devrait évoluer la situation dans les jours à venir ?
Dans la conjoncture actuelle, il est difficile de donner un chiffre sur le pourcentage d’augmentation car cela dépendra des conséquences du cyclone Batsirai. Certains légumes « vulnérables » seront touchés ; nous devrons donc compter sur l’importation.
Je tiens à faire ressortir que la livraison dépend du fournisseur étranger : le bateau et d’autres logistiques, le fret et la disponibilité des conteneurs frigorifiés. Mais il peut arriver qu’il y ait un retard à cause de la situation sanitaire et économique difficile. Nous suivons cette situation de près afin d’éviter toute éventuelle pénurie.
Devons-nous craindre une majoration des prix des fruits importés ?
La dernière hausse remonte à l’éclatement de la pandémie de Covid-19. Il y a eu une majoration de 100 % à 200 % du coût du fret au cours des derniers mois et cela dépend du pays d’importation.
Autre enjeu : la dépréciation de la roupie a causé une hausse des prix des légumes importés et la même tendance est notée en ce début d’année. Je tiens à souligner que l’augmentation du prix des fruits importés est due à ces deux raisons mais nous avons des facteurs externes qui peuvent affecter le coût.
Nous ne pouvons pas vraiment anticiper une augmentation de prix pour le moment. Cependant nous conseillons aux consommateurs de privilégier les fruits locaux.
Une baisse dans la production de tomates et piments attendue
Le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) a évalué les dégâts aux plantations au cours du mois de janvier. « On dévoilera le pourcentage de cultures affectées prochainement », affirme-t-on.
Une augmentation des maladies fongiques et bactériennes dans les plantations de tomates, de choux et de piments est attendue avec les conditions climatiques, fait-on valoir au FAREI. « L’application de fongicides a été recommandée aux producteurs. Une légère baisse de la production de tomates et de piments est attendue au cours du prochain cycle de production. Nous compilons les statistiques pour évaluer l’impact sur la production de légumes. » Le FAREI rassure les planteurs que la surveillance sera continue et que des services de conseil / assistance seront fournis avec le soutien du ministère de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire.
Toutefois, le FAREI déplore le fait que d’anciennes vidéos sont circulées pour faire croire que de nombreuses cultures ont été affectées. Il est recommandé au public de faire attention aux fausses nouvelles.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !