Pourquoi les prix à la pompe restent inchangés ? Pourquoi la State Trading Corporation ne panique-t-elle pas face au cours volatile du pétrole ? Pourquoi les critiques se sont-elles estompées ? La réponse ne réside pas dans une capitulation de l’État. Elle reflète une préparation en amont afin de gérer de telles crises. Le point.
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Lundi 8 octobre. La nouvelle tombe en début de soirée. Le prix de l’essence est maintenu à Rs 49,65 le litre. Idem pour le diesel, inchangé à Rs 40. Soulagement pour les automobilistes et usagers du transport. L’économie peut poursuivre sa route vers une croissance de 4% en 2019 (selon les prévisions du Fonds monétaire international) sans que des charges additionnelles ne viennent alourdir les investissements des secteurs public et privé.
Cependant, la décision du Petroleum Pricing Committee (PPC) ne reflète nullement la situation prévalant tant à Maurice que dans le monde. D’une part, le Price Stabilization Account était déficitaire de Rs 165,7 millions au 14 juin. D’autre part, le prix mondial a atteint 85 dollars le baril, la semaine écoulée, les courtiers en énergie spéculant sur l’incapacité des gros producteurs à pallier la baisse des exportations de l’Iran.
La bouée de sauvetage vient du Subsidy Reserve Fund, un fonds mis en place par la State Trading Corporation qui assure l’importation et la distribution de produits pétroliers raffinés à Maurice. «Une somme de Rs 350 millions est transférée de ce fonds vers le Price Stabilisation Account», affirme la STC dans un communiqué du 8 octobre.
Subsidy Reserve Fund, dites-vous? Ce fonds a pour source les prélèvements qui constituent la structure du prix de l’essence et du diesel, item connu comme «contribution to subsidy on LPG, Flour and Rice.» «Cette pratique de provision pour les subsides dans la structure de prix de l’essence et du diesel remonte à janvier 2007,» explique la STC. «Le gouvernement avait établi le montant de cette contribution à une roupie sur chaque litre d’essence et de diesel. Puis, cette contribution a été revue à la hausse; soit Rs 1,25 en octobre 2007, Rs 1,50 en janvier 2008 et Rs 2,70 en novembre 2015.»
En 2017, le Subsidy Reserve Fund prend forme. Un surplus de Rs 1,2 milliard (couvrant la période de janvier 2016 à juin 2017) y est transféré. On atteint le montant de Rs 1,2 milliard comme suit : sous l’item «contribution pour les subsides», la STC encaisse Rs 1,9 milliard. Grâce à une amélioration du processus d’achat et d’approvisionnement en riz, farine, et gaz, les subsides pour ces commodités passent à Rs 716,8 millions. La différence est reversée au Subsidy Reserve Fund «en prévision de subsides futurs.»
La baisse des prélèvements en juin – passant de Rs 2,70 à Rs 1,75 sur le litre d’essence et de Rs 2,70 à Rs 1,20 sur le diesel – représente quant même Rs 760 millions au fonds pour l’année fiscale se terminant au 30 juin 2019. «Le budget de la STC pour 2017-2018 indique un montant total de subsides de Rs 1,4 milliard. Tout déficit sera compensé par le Subsidy Reserve Fund,» explique la STC.
Selon les calculs du PPC, la hausse de l’essence aurait dû être de 85 sous et celle du diesel de Rs 2.05. Ainsi, grâce au Price Stabilization Account remis à flots, une deuxième hausse en 2018 – qui paraissant inévitable en octobre – a été évitée…
Le billet vert et l’or noir
Les factures à l’importation de produits pétroliers sont libellées en dollars. Dans ses calculs, le Petroleum Pricing Committee tient en considération l’évolution de la roupie par rapport au billet vert. Le dernier communiqué indique un taux de change de Rs 35 pour un dollar. Au cours des sept derniers jours, suivant la tendance mondiale, le taux a baissé pour passer à Rs 34.85. Et chaque sous compte…
Mieux comprendre
Quand les spéculateurs s’en mêlent
La consommation annuelle d’essence et de diesel a été de 500 millions de litres en 2015. Maurice a importé l’intégralité de ce volume de la Mangalore Refinery and Petrochemicals Limited, en Inde. Si ce volume semble élevé pour une petite économie comme la nôtre, par rapport au reste du monde, ce n’est qu’une goutte dans la production mondiale.
Dans ce marché global de commodités, toute annonce peut entraîner une flambée des prix ou une baisse drastique.
En début du mois, il a été question de l’incapacité des États producteurs à pomper davantage pour combler le déficit venant l’Iran, croulant sous les sanctions des États-Unis. Le prix grimpe à 86 dollars le baril, son niveau le plus élevé en quatre ans. Les analystes estiment alors que le seuil de 100 dollars serait le prochain cap en vue. Leurs projections néfastes pour l’économie mondiale ont été de courte durée. Parce que l’Arabie Saoudite a donné l’assurance que les producteurs pourront pallier le déficit iranien. Maurice, importateur net de produits pétroliers, n’est pas à l’abri. Le prix resterait élevé.
Évolution du prix au détail | ||
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Date | Essence | Diesel |
2018 | ||
9 octobre | Rs 49,65 | Rs 40,00 |
15 juin | Rs 49,65 | Rs 40,00 |
16 mai | Rs 52,00 | Rs 41,90 |
2017 | ||
21 décembre | Rs 47,30 | Rs 38,10 |
5 août | Rs 44,90 | Rs 35,35 |
15 février | Rs 42,70 | Rs 32,45 |
2016 | ||
4 février | Rs 38,85 | Rs 29,50 |
2015 | ||
14 novembre | Rs 41,35 | Rs 32,75 |
5 septembre | Rs 45,95 | Rs 35,50 |
2014 | ||
6 décembre | Rs 45,95 | Rs 37,80 |
21 novembre | Rs 47,90 | Rs 39,45 |
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