Economie

Consommation: les inondations donnent des ailes à l’inflation

Les prix des légumes et condiments ont fortement augmenté en raison de la chute de la production.
Les Mauriciens paient au prix fort les intempéries de février. Ils ont déboursé davantage pour les légumes et fines herbes. Résultat : l’inflation s’accélère. Une situation révélatrice du déséquilibre dans l’agriculture locale. L’indice des prix à la consommation en mars, mesurant le coût de la vie par rapport à la période correspondante en 2015, a atteint 0,9 %. C’est ce qui ressort du bulletin mensuel de  Statistics Mauritius, rendu public sur son site, le jeudi 7 avril. L’agence de données attribue la hausse à trois catégories de biens et services qu’achètent et utilisent les Mauriciens, qui ont déboursé davantage pour acheter de la nourriture et des boissons non alcoolisées. Dans son analyse détaillée, l’agence de données fait ressortir que c’est le prix élevé des légumes qui est à l’origine de cette hausse. Les deux autres contributeurs sont les services de santé et les dépenses associées à l’entretien de la maison. À la mi-février, les inondations ont mis à genoux les planteurs de légumes et fines herbes à travers le pays. Quand le temps s’est éclairci, le constat a été amer. La moitié des champs consacrés à la culture vivrière était inondée. La production a chuté de plus de 50  %. Les prix ont alors commencé à flamber. La pomme d’amour, bien sûr, s’est faite rare. Ensuite, brèdes, pâtissons, courgettes, giraumons et calebasses. Sans oublier les fines herbes qui sont les premières affectées par les grosses pluies et le vent. Du coup, le ministère de l’Agro-industrie s’est vu contraint d’octroyer des permis d’importation pour les légumes. Qui plus est, la situation risque de se reproduire à chaque saison des pluies. Le pays produit de moins en moins de fruits et légumes. La facture alimentaire en 2013 a atteint Rs 36,4 milliards. Le nombre de planteurs est en baisse, au vu du coût associé à l’agriculture. Il y aurait une absence de cohésion dans la plantation de légumes à travers le pays. Le planteur du Nord ne sait pas forcément ce que son homologue des Plaines-Wilhems cultive. Un plan stratégique du ministère de l’Agro-industrie, publié en début d’année, devrait ramener ces inégalités à de justes proportions. « À travers le monde, la production vivrière se fait selon les normes industrielles. Il est grand temps de moderniser l’agriculture à Maurice », commente un analyste économique. « Il faudrait donner plus de facilités aux planteurs pour améliorer la productivité et se préparer à faire face aux intempéries. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. » L’achat de légumes de l’étranger est une pression additionnelle sur la facture des importations. Car Maurice et sa population de 1,26 million sont déjà importateurs de nourriture, produits de consommation, pétrole et équipements. Le déficit commercial en est la preuve. En 2016, il devrait atteindre les Rs 76 milliards, soit quelque Rs 60 000 par tête d’habitant, en se basant sur les chiffres de Statistics Mauritius. L’inflation, en glissement annuel, n’a pas atteint le seuil des 2 % depuis septembre 2015. Reste à savoir si cet indicateur pèsera en faveur d’une nouvelle baisse du taux directeur à la prochaine réunion du Monetary Policy Committee, prévue le 22 juin 2016, sous la présidence de Ramesh Basant Roi, gouverneur de la Banque de Maurice. Le 17 février, six des huit membres avaient voté en faveur d’un maintien à 4,4 %. Quand on est un importateur net, donc tributaire des cours mondiaux, il ne faudrait pas non plus s’attendre à ce que les prix du kilo de pomme d’amour et de la botte de thym aient une telle importance.
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