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Consommation : le coronavirus dope la vente des gels désinfectants et des masques

Depuis une semaine, les gels hydroalcooliques sont vendus dix fois plus que d’habitude.
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Depuis ces derniers jours, les gels désinfectants pour les mains, les masques de protection, les gants jetables, les thermomètres sans contact connaissent une hausse de vente significative. Ces produits sont non seulement achetés par des particuliers, mais aussi par des banques, entreprises, hôtels, usines. Face à une si forte demande, certains de ces articles sont en rupture de stock.

Masques N95 sont les plus  demandés. Idem thermomètres et gants

Mieux vaut prévenir que guérir ! C’est un peu l’adage de Sheila, mère de trois enfants qui réside dans les hautes Plaines Wilhems. Inquiète de la propagation rapide du coronavirus à travers le monde, elle a constitué son petit stock personnel en masques buccaux et en gel hydroalcooliques. « On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je préfère prendre mes précautions », indique-t-elle. Et elle est loin d’être la seule.

Dans les grandes surfaces, on a noté ces derniers jours une hausse significative dans la vente des gels hydroalcooliques, plus connus comme « hand sanitizers », qui sont utilisés pour se désinfecter les mains.

« C’est un des produits les mieux vendus chez nous actuellement. On ne retrouve d’ailleurs plus certaines marques dans nos rayons. Il n’y a plus de stock. Il faudra attendre la prochaine cargaison », explique Antonio Maurer, le gérant de GSR Popo Supermarket.

Chez London Way, c’est plus ou moins la même tendance. « Depuis une semaine, les gels hydroalcooliques sont vendus dix fois plus que d’habitude. Ce sont les particuliers, les hôtels, les restaurants et les entreprises qui s’en approvisionnent. Nous avons jusqu’ici un certain stock pour fournir les clients, mais ce sera épuisé jusqu’à le week-end. Il faut craindre une pénurie de ce produit dans les jours qui viennent, car certains fournisseurs n’ont plus de stock », prévient Nicolas Kan Wah, Managing Director chez London Way.

Rupture de stock

La rupture de stock se fait déjà sentir dans les pharmacies. « Nous n’avons plus de gels désinfectants à vendre. Notre stock est déjà épuisé. Nous nous sommes tournés vers plusieurs fournisseurs. Nous attendons qu’ils nous approvisionnent », expliquent plusieurs gérants de pharmacies dans la capitale. Les masques faciaux, dont la vente a explosé dans les pharmacies, sont également en manque.

« En temps normal, nous vendons une ou deux boîtes de masques de protection par jour. Depuis ces deux dernières semaines, nous avons vendu plus de 40 boîtes au quotidien. Nous nous attendions pas à une si forte demande », explique un pharmacien. Ce sont surtout les masques N95 qui sont les plus demandés. « Nous avons des banques et des entreprises qui en ont acheté en grande quantité. Du coup, depuis deux jours, notre stock est épuisé. Nous avons dû augmenter nos commandes, car à l’heure où je vous parle, plus de 450 clients ont fait des réservations pour les masques », indique notre interlocuteur.

Les thermomètres sans contact sont également très prisés ces derniers jours. « Ce produit est également en rupture de stock sur le marché. Pourtant, il y avait une nouvelle cargaison la semaine dernière. Nous avons fait des démarches pour obtenir d’autres marques de thermomètre », explique-t-on. Autre vente en hausse, celle des gants. « Heureusement que nous en avons suffisamment pour satisfaire la clientèle », conclut le pharmacien.

Bon à savoir
Les gels désinfectants en vente à Maurice sont importés de l’Afrique du Sud, de la Turquie ou d’autres pays européens. Ce produit sans rinçage a vu exploser sa vente dans le monde depuis la propagation du coronavirus. Dans certains pays, on n’en retrouve plus dans les rayons, poussant du coup certains à s’approvisionner sur le marché noir où le produit est vendu à prix fort.


Les restaurants font le plein des sauces

Dans certaines grandes surfaces, les sauces à base de champignon, d’huître ou encore de poisson ont vu leurs ventes grimper. « Ce sont surtout les restaurants qui s’approvisionnent. Ils constituent leur stock dans la crainte que ces produits se fassent rares plus tard », explique Raakesh Bhageerutty, General Manager de Simla Way. Une pénurie de ces produits est-elle à craindre ? « Non pas pour l’instant. Nous avons suffisamment de produits dans les rayons. Le seul problème que nous pouvons rencontrer, c’est un décalage, soit un retard, dans la livraison, car certains conteneurs pour les produits «Made in China» (conserves, sauces, produits alimentaires séchés, etc.) sont en quarantaine », explique notre interlocuteur. Il rassure qu’il n’y a aucun changement au niveau des prix de ces produits.

Les prix de vente des gels hydroalcooliques

Logement  Prix de vente dans les grandes surfaces 
50 ml Entre Rs 35 et Rs 100 le flacon
250 ml À partir de Rs 120 à monter
500 ml À partir de Rs 190 à monter

Avinash Dabydoyal (pharmacien chez FTM Mauritius) : « 20 000 masques N95 sur le marché dans trois semaines »

« Nous avons déjà fait toutes les démarches nécessaires pour importer 20 000 masques N95 de l’Inde. La cargaison arrive dans deux semaines et les masques seront vendus sur le marché une semaine après leur arrivée après les procédures à la douane », indique Avinash Dabydoyal, pharmacien chez FTM Mauritius et vice-président de l’Association des Pharmaciens. Toutefois, les Mauriciens pourront obtenir des masques dès lundi dans les pharmacies, car la cargaison est arrivée dans l’île depuis peu. Pour Avinash Dabydoyal, les Mauriciens sont pleinement conscients du danger même s’il n’y a aucun cas de répertoriés. « C’est toujours bien de prendre les précautions d’usage comme se laver les mains, éviter les foules, etc. », conclut notre interlocuteur.

Sandra To (Marketing Manager chez Topodom Distribution) : «  La prochaine cargaison arrivera en avril »

« Nous avons beaucoup de demandes ces dernières semaines. Outre nos clients habituels, nous comptons un bon nombre de nouveaux clients, notamment des entreprises, des usines et des pharmacies », explique Sandra To, Marketing Manager chez Topodom Distribution. La compagnie importe de Turquie des gels désinfectants pour la main de la marque Aqua Vera. Elle indique que tout son stock a été épuisé. « Nous n’en avons plus. Nous nous n’attendions pas à ce que le stock parte aussi vite. Il faudra attendre la prochaine cargaison qui arrivera en avril », indique Sandra To, qui a dû doubler sa commande en vue de satisfaire tout le monde. S’agissant des prix, Topodom Distribution a maintenu les prix actuels. « S’agissant de la nouvelle cargaison, tout va dépendre du fournisseur », fait-elle ressortir.

Vishnen Coondeeah (Technical Sales Manager chez Blychem) : « Notre production a augmenté par plus de 100 % »

Depuis la semaine dernière, le téléphone de Vishnen Coondeeah n’arrête pas de sonner. Ce Technical Sales Manager chez Blychem reçoit 20 à 25 appels par jour. Au bout du fil, des particuliers, entreprises, hôtels, industriels alimentaires. Ils souhaitent tous une chose : acheter des gels désinfectants que produit la compagnie. Du coup, Blychem doit en produire chaque deux jours, Or, la compagnie produisait du gel que chaque mois voire chaque quinzaine avant que la demande n’explose. « Notre production a augmenté par plus de 100 %. Tout ce que nous fabriquons le matin est écoulé le même jour. Nous nous attendions pas à cette surdemande », explique Vishnen Coondeeah.  À savoir que la compagnie vend que des logements de 500 ml et 5 litres actuellement.


Le Top 4 des ventes dans les pharmacies

Pharmacies

Produits ‘Made in China’ : doit-on craindre une pénurie ?

Les importateurs estiment que la situation est « prématurée ».
Les importateurs estiment que la situation est « prématurée ».

« Nous n’avons aucune pénurie des produits alimentaires en provenance de la Chine, mais si la situation ne s’améliore pas, en avril et mai prochains nous risquons de manquer certains articles d’alimentation, de nettoyage et de produits tels que les sceaux, serpillières, etc. . Mais, pour l’instant, il n’y a pas lieu de paniquer », rassure Antonio Maurer, le gérant de GSR Popo Supermarket.

Du côté d’Innodis, on ne rencontre aucun souci pour l’approvisionnement de certains produits alimentaires tels que les conserves de maïs et les boîtes de soupe. « Nous avons plein de stock et notre fournisseur continue de nous en livrer chaque mois », explique Sonny Wong, General Manager Commercial chez Innodis. En revanche, la compagnie enregistre un retard dans l’approvisionnement des équipements alimentaires (réfrigérateur, ice cream parlour, etc.) depuis la propagation du nouveau coronavirus.

Chez Win Tai Chong, on estime qu’il est encore trop tôt pour s’avancer s’il y aura une pénurie ou pas. « Les usines en Chine viennent de reprendre leurs activités. Let’s wait and see ! », conseille Alain Fok Chak, le Marketing Manager de la compagnie.

Toutefois, Ignace Lam, le PDG d’Intermart, craint que le problème d’approvisionnement ne soit plus grave pour l’industrie de la construction qui importe des barres de fer de la Chine et pour les magasins de meubles qui s’approvisionnent beaucoup dans le pays de l’Empire du Milieu. « Ils peuvent se tourner vers la Turquie, mais ce pays importe lui-même ses matières premières de la Chine. Maurice sera définitivement impacté. Tout est une question de temps. C’est bien que les autorités cherchent à conscientiser les gens, car des moments difficiles nous attendent », explique notre interlocuteur.

Asvin Bokhoree, directeur des supermarchés SaveMart, exprime lui aussi des craintes. « Nous risquons de ressentir une pénurie de certains produits vers la deuxième quinzaine de mars. Non pas parce que les gens vont acheter davantage de produits, mais parce que les fournisseurs auront des soucis d’approvisionnement. » Il craint que les prix de certains produits alimentaires et non-alimentaires grimpent avec le fret qui augmente, le dollar qui est élevé et tous les pays qui se tournent vers les mêmes fournisseurs alternatifs si le coronavirus continue à se propager.

 

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