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Consommation : ces boutiques qui luttent pour leur survie

Environ 500 petits commerces de quartier ont fermé boutique depuis le début de l’année. Raison : ils n’ont pas survécu à l’avènement des grandes surfaces. Seuls quelques survivants tentent de tenir bon.

Quelque 500 boutiques sur 4 500 ont mis la clef sous le paillasson depuis le début de l’année. Santosh Kumar Ramnauth, président de la Shop Owners Association, constate que le problème des boutiquiers dure depuis assez longtemps.

Il indique que les clients se tournent davantage vers les supermarchés en raison des promotions. Selon Santosh Kumar Ramnauth, les seuls endroits où les boutiques tiennent encore le coup se trouvent dans les faubourgs.

Il précise que les boutiquiers sont aussi confrontés à une hausse des frais de location. « Il y a eu une hausse de la taxe sur les loyers des petites boutiques et des magasins situés dans le même complexe des grandes surfaces. » Il reconnaît qu’une des raisons qui expliqueraient pourquoi des gens s’approvisionnent toujours à la boutique du coin est qu’elles peuvent le faire à crédit.

Témoignages de boutiquiers

Patrick Kwok : «Difficile d’avoir des clients fidèles»

Patrick Kwok tient une boutique depuis des années. Il est très connu à Belle-Rose. Le commerçant confie qu’il avait de nombreux clients avant l’ère des supermarchés. De nos jours, concède-t-il, c’est très difficile de fidéliser les clients.

« Je suis conscient du fait que les boutiques disparaissent peu à peu, mais je fais de mon mieux pour garder mes clients. C’est logique que les consommateurs souhaitent acheter des produits aux supermarchés qui offrent un meilleur tarif du fait qu’ils vendent en grande quantité. Il y a aussi les produits exposés de manière attirante et luxueuse et qui peuvent être examinés avant d’être achetés. »

Soodevising Boodhun : «Je suis confrontée à plusieurs ennuis»

Propriétaire d’une petite boutique à Baie-du-Tombeau, Soodevising Boodhun n’ouvre que l’après-midi en raison des agressions et des vols. « J’ai été victime de vol en deux occasions. Quelqu’un est venu acheter des paquets de cigarettes. Je les ai posés sur le comptoir. Puis il m’a demandé des boissons gazeuses. Dès que que j’ai eu le dos tourné, il a raflé les cigarettes avant de s’enfuir. » Depuis, la commerçante est plus attentive. Elle a barricadé sa boutique. Pour sa sécurité et celle de ses clients, elle a fait installer des caméras de surveillance. Pour Soodevising Boodhun, il est devenu important de se protéger et de tout faire pour que ses clients se sentent en sécurité. Elle concède cependant que son petit commerce éprouve plusieurs difficultés en raison de l’engouement de ses clients pour les supermarchés.

Jayen Chellum : «Les petits commerces ont leur place»

Le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), Jayen Chellum, insiste sur le fait que les petits commerces ont leur place. Les personnes qui sont financièrement au bas de l’échelle et qui n’ont pas de moyen de transport s’approvisionnent encore dans les petites boutiques, d’autant qu’elles peuvent bénéficier de facilités de crédit. Cette touche humaine est un facteur déterminant…

« Les grandes surfaces regroupent des milliers de produits. Ils offrent aussi d’autres prestations,comme la présence d’une pharmacie, de magasins de vêtements, des points de nourriture, etc. Elles achètent en grande quantité et à des prix compétitifs. Elles peuvent donc proposer des tarifs promotionnels assez souvent. Il y a aussi la musique qui est choisie pour attirer la clientèle mais faire la queue peut dissuader certains à se rendre dans un supermarché en dépit de la file des moins de 10 articles qui n’est pas toujours respectée. »

Jayen Chellum constate qu’il y a beaucoup plus de consommateurs qui se rendent dans les supermarchés. « Les supermarchés facilitent l’achat d’une multitude de produits avec un choix varié. »


 

Arvind Nilmadhub, économiste : «Les grandes surfaces ont encouragé la baisse des prix»

L’économiste Arvind Nilmadhub est d’avis que les grandes surfaces ont aidé les consommateurs. Les prix pratiqués et le choix des produits encouragent un grand nombre de clients à s’y rendre.

Comment évaluez-vous le mode de consommation des Mauriciens ?
La croissance économique du pays a apporté son lot de changements au niveau de la consommation. Aujourd’hui, la consommation est l’une des variables les plus importantes pour la croissance de l’économie. D’ailleurs, celle-ci dépend beaucoup de la consommation car si les gens dépensent, cela encourage les entreprises à produire et à importer. Dans la foulée, cela contribue à la création d’emplois.

Le consommateur est passé de la boutique du coin aux grandes surfaces. Quelles en sont les conséquences sur l’économie du pays et sur le portefeuille du consommateur ?
Les grandes surfaces ont encouragé la baisse des prix des produits. Elles offrent aussi plus de choix aux consommateurs. Du coup, ces derniers en sortent gagnants. Les grandes surfaces ont également aidé à créer des emplois directs et indirects.

Les petits commerces ont-ils encore leur place à Maurice ?
Oui, car les gens de la classe moyenne y achètent bon nombre de produits. Cependant, je constate qu’il y a un appauvrissement de la classe moyenne. Résultat : cela influence négativement la consommation et, par ricochet, les petits commerces.

Reshmee Bheemuck

 

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