L’année 2017 risque d’avoir un goût amer pour les consommateurs. Et pour cause, des hausses des prix sont à prévoir dès les premiers mois de l’année. Quels sont les produits concernés ? Quel sera le montant de l’augmentation ? Éléments de réponses.
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Grains secs : une augmentation entre Rs 3 et Rs 5
Si le prix du dholl restera stable au début de l’année prochaine, celui des lentilles, des haricots ou encore du poids du cap (plus connu comme le gros poids) prendra l’ascenseur. « La production des lentilles au Canada et des haricots en Chine a baissé alors que la demande reste élevée », explique Dawood Jhurry, directeur de Succession Dawood Jhurry & Co. Il faudra donc s’attendre à une majoration de l’ordre de 3 à 5 % sur les lentilles et les haricots vers fin janvier/début février. « Le gros poids de Madagascar est très prisé par les chinois et les indiens qui en sont de grands demandeurs. Ce qui influe sur les prix. Une hausse entre Rs 3 et Rs 4 sera en vigueur à Maurice à partir de fin janvier », indique, pour sa part, Iqbal Hoosseny, directeur de Best Foods Enterprise Epicerie de l’Est (distributeur des grains secs Best Foods).
Riz : 20% à 25% plus cher
La récolte mondiale de riz a baissé de 30 %, indique Rajesh Ramdenee. « Du coup, les prix ont flambé de l’ordre de 20 % à 25 % surtout qu’il y a une forte demande de l’Iran pour cette commodité. Une hausse des prix est inévitable en début d’année », avance l’importateur. Cette augmentation, qui sera de la même proportion qu’au niveau mondial, sera répercutée à Maurice à mesure que le stock diminuera.Huile de table hausse inévitable
Depuis octobre 2012, le prix de l’huile a connu plusieurs baisses avant de subir une hausse en mai 2016. « Une nouvelle hausse de prix de l’huile comestible est envisageable en début d’année 2017 car nous sommes tributaires du prix de l’huile sur le marché international. Son prix étant en hausse, nous devons donc revoir nos prix en ce sens. D’autant plus que nous connaissons la flambée du dollar face à la roupie », prévient Stéphanie Marie, Brand Coordinator chez Moroil.
Toutefois, le quantum de la hausse n’est pas encore connu. « Néanmoins, la concurrence qui prévaut sur ce marché et la libéralisation de l’importation pourraient influer sur le prix au détail. Nous sommes encore loin d’une hausse massive des prix », indique Mosadeq Sahebdin.
Lait : majoration de 20% en vue
« Le lait connaîtra une augmentation de prix pendant le premier trimestre de l’année 2017 », annonce Sonny Wong, General Manager de la division commerciale chez Innodis.
Raison donnée : les prix ont grimpé au niveau mondial suite à une demande en hausse pendant le dernier trimestre de l’année 2016.
« Le prix a augmenté de plus de 50 % comparé à juillet 2016. Et normalement cela se traduira par une hausse sur nos étagères dans le courant du premier trimestre de 2017 », indique Sonny Wong.
Rajesh Ramdenee, ‘Managing Director’ de Tire Master Food Division, abonde dans le même sens. « Rien que durant les trois derniers mois de 2016, le lait a subi une hausse de l’ordre de 25 % à 30 %. C’est dû, d’une part, au fait que la production est moindre en Nouvelle-Zélande, Australie et Europe. De l’autre, il y a une forte demande de la Chine », explique Rajesh Ramdenee.
Les consommateurs Mauriciens, prévient-il, devront donc s’attendre à une hausse minimale de 20 % d’ici à la fin de janvier. Pour Mosadeq Sahebdin, le porte-parole de la Consumer Advocacy Platform, cette hausse devrait entraîner d’autres augmentations. « Le beurre, le fromage et autres produits laitiers devaient aussi être vendus plus chers en 2017 », fait-il ressortir.
Ces produits dont les prix resteront stables
Les prix du riz ration, de la farine ou encore du gaz ménager resteront stables en 2017. « A la State Trading Corporation, nous avons déjà alloué des contrats pour l’achat de ces produits pour l’année 2017. On ne s’attend donc à aucune incidence sur leurs prix », souligne Sheena Ramdonee, Communication Officer à la State Trading Corporation (STC). Qu’en sera-t-il des produits pétroliers ? « Les prix resteront inchangés sauf s’il y a des grandes fluctuations», indique notre interlocutrice. Les prix des produits céréaliers devront également rester stables. « Si les distributeurs suivent la tendance de 2016, les prix des céréales ne devaient pas connaitre de baisse significative en 2017, malgré la tendance à la baisse de l’indice FAO », souligne Mosadeq Sahebdin.
Les 4 facteurs qui influencent les prix
- Le taux de change. La majorité des produits alimentaires que nous consommons sont importés en devises étrangères dont principalement le dollar. Toute fluctuation a donc un impact sur les prix.
- Les conditions climatiques. « Dans certains pays, les conditions climatiques défavorables affectent les récoltes alors que dans d’autres pays, il y a d’autres facteurs tels que la santé animale qui jouent le trouble-fête », explique Suttyhudeo Tengur.
- Les hausses liées aux coûts de production. Les augmentations générales et annuelles provenant des fournisseurs, suivant une hausse des coûts de production.
- L’offre et la demande. Le rapport entre l’offre et la demande sur certaines commodités tels que le riz, le lait, les viandes importées. « Ce qui cause des fluctuations de prix qu’il n’est pas toujours facile de prévoir », souligne Sonny Wong.
Sahebdin et Tengur : «Le pouvoir d’achat des Mauriciens va encore baisser»
Le panier de la ménagère pèsera plus lourd en 2017. Et la compensation salariale qui sera accordée dès le mois de janvier sera loin d’être suffisante pour absorber tout coût additionnel, avancent Mosadeq Sahebdin, le porte-parole de la Consumer Advocacy Platform et Suttyhudeo Tengur, le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs.
Doit-on s’attendre à ce que la tente ration d’une famille mauricienne pèse plus lourde en 2017 ?
Mosadeq Sahebdin : Oui. Outre le lait en poudre, le beurre, le fromage, l’huile, il n’est pas impossible que d’autres produits alimentaires, non répertoriés sous l’Indice FAO des produits alimentaires, tels que les produits en conserve, les grains secs augmentent sous l’effet de la hausse des produits pétroliers, avec une incidence sur le prix CIF.
Suttyhudeo Tengur : La tente ration coûte déjà de plus en plus cher. Avec la situation sur le plan mondial surtout pour les grains secs, le riz et le lait, il y a peu d’espoir pour une baisse du coût de la tente ration. Le montant de la hausse dépendra dans une très large mesure des conditions internationales.
Comment évoluera le pouvoir d’achat du consommateur mauricien en 2017 ?
Mosadeq Sahebdin : Inversement à la tendance à la hausse des produits alimentaires, avec une répercussion sur la tente ration, l’on peut s’attendre à une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs. Les autres facteurs capables d’influer sur le coût de la vie sont la tendance à la hausse des médicaments, la hausse de certaines prestations, comme les leçons particulières, ainsi que la hausse annoncée de certaines utilités. Les récents développements politiques nous permettent d’espérer qu’une hausse des tarifs de l’eau ne pourra pas passer comme une lettre à la poste. De plus, il convient d’espérer que toute hausse passera par l’Utility Regulatory Authority.
Suttyhudeo Tengur : Chaque famille a sa propre priorité. Ce que je conseille aux familles, c’est d’être très prudentes dans leurs achats. Il ne faut pas se surendetter pour se retrouver avant chaque fin du mois avec des dettes impayées. Cela risque de peser très lourd dans la balance des dépenses. Il faudra faire le bon choix afin de ne pas bousculer son budget mensuel.
La compensation salariale qui sera accordée en 2017 permettra-t-elle d’absorber les hausses des prix à l’horizon ?
Mosadeq Sahebdin : On ne peut s’attendre que la compensation salariale maigrelette puisse contribuer à réduire le fossé entre les riches et pauvres. On peut parier que le prochain gini coefficient qui sera établi par l’exercice du Household Budget Survey de 2017, augmente encore, élargissant l’écart entre les salaires.
Suttyhudeo Tengur : Avec une compensation minimale de Rs 125, les hausses des prix seront difficilement équilibrées. Il faudra que le consommateur se serre davantage la ceinture. Il ne doit surtout pas se laisser guider par des dépenses inutiles pour maintenir l’équilibre du budget familial. Sinon, 2017 s’annonce difficile pour le consommateur moyen qui se retrouvera souvent sur la corde raide financièrement parlant. A moins que la situation économique comme nous le promettent nos ministres va prendre l’envol avec la mise en chantier de nombreux projets dont les Smart cities. Souhaitons le meilleur pour l’île Maurice de 2017 !
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