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Conséquence de la relativité salariale : les producteurs locaux se disent contraints d’augmenter leurs prix

Plusieurs produits locaux coûteront plus cher à l’avenir.
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Selon Asvin Bokhoree, CEO de La Chartreuse, la révision salariale est un nouveau coup de massue.

Poussés par le récent ajustement des salaires, les prix des produits locaux sont sur le point de s’envoler… à nouveau. Alors que cet ajustement salarial se répercute sur les coûts de production, les consommateurs et l’inflation pourraient bien en subir les conséquences. Analyse des impacts à venir.

La récente révision salariale, décidée pour faire face aux disparités de la relativité salariale, s’annonce comme un catalyseur de hausse des prix pour les produits locaux. Alors que les producteurs locaux ajustent leurs coûts pour compenser l’augmentation des salaires, une flambée des prix semble inévitable. Cette répercussion directe sur les coûts de production pourrait bien déstabiliser les consommateurs et amplifier l’inflation, entraînant des effets en cascade à travers l’économie. 

Comment réagissent les principaux acteurs du marché ? Pour le groupe La Chartreuse, qui compte 850 employés, la récente révision salariale est un nouveau coup de massue. « Nous n’avons pas encore surmonté l’augmentation des salaires de janvier cette année et maintenant on nous impose une nouvelle hausse à partir de juillet », déplore Asvin Bokhoree, le Chief Executive Officer.

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Bahim Khan Taher, directeur exécutif d’Hassen Taher SeaFoods, rappelle que c’est la troisième fois cette année qu’il doit augmenter les salaires.

Il souligne que les augmentations salariales sont généralement appliquées en début d’année, permettant aux entreprises de se préparer et de prendre leurs dispositions pour honorer leurs engagements. « En annonçant une nouvelle hausse en plein milieu de l’année, le gouvernement nous place dans une situation très difficile », ajoute-t-il.

Asvin Bokhoree indique qu’il sera inévitable de revoir les prix à la hausse. « Les salaires des employés dans toutes les activités du groupe augmenteront. Par conséquent, la hausse des prix sera généralisée », prévient-il. Il précise que le groupe La Chartreuse, impliqué dans la production locale de thé ainsi que dans la distribution à travers ses supermarchés SaveMax, appliquera des augmentations de prix sur tous ses produits, locaux ou importés. 

Hassen Taher SeaFoods s  e prépare également à une augmentation des prix. « Bien que nous ayons tenté d’absorber les hausses précédentes pour maintenir nos prix, la situation est désormais hors de contrôle. Nous devrons augmenter nos prix, probablement de 10 % pour les poissons et autres fruits de mer », annonce Bahim Khan Taher, directeur exécutif du groupe Hassen Taher SeaFoods. 

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Kalyanee Hurry, directrice de Flavours of Mauritius, confie que la révision salariale est une pilule dure à avaler.

Selon lui, l’augmentation des salaires pèse lourdement sur le coût de l’entreprise qui compte environ 200 employés directs et environ 500 indirects, incluant des pêcheurs et des travailleurs temporaires. « C’est la troisième fois cette année que nous devons ajuster les salaires à la hausse, en sus des autres coûts, notamment l’électricité », souligne-t-il. 

Bahim Khan Taher soutient que cette situation entraînera inévitablement des hausses de prix pour les consommateurs et les entreprises. « Nous fournissons plusieurs restaurants et hôtels à travers le pays. Ces opérateurs augmenteront également leurs prix, provoquant un effet domino dans l’économie », ajoute-t-il. « L’augmentation des prix sera applicable dès que les nouveaux salaires seront en vigueur », dit-il. 

Effet domino 

Les petites et moyennes entreprises ressentent également le poids de cette nouvelle augmentation salariale. Kalyanee Hurry, directrice de Flavours of Mauritius, une entreprise spécialisée dans les snacks surgelés, confie que la révision salariale est une pilule difficile à avaler. « Nos revenus ont chuté avec l’augmentation des salaires en janvier. Nous n’avons pas encore calculé l’impact de la nouvelle hausse, mais il sera probablement conséquent. Nous craignons pour l’avenir de l’entreprise », dit-elle. 

Flavours of Mauritius envisage aussi une hausse de prix. « Malgré les augmentations de coûts depuis 2021, nous avons maintenu nos prix en raison de la concurrence. Cependant, il sera désormais impossible de garder les mêmes prix. Nous prévoyons une augmentation d’au moins 10 % dans les semaines à venir », conclut Kalyanee Hurry.

Les conséquences sur les consommateurs 

L’économiste Takesh Luckho explique que l’augmentation des salaires, bien qu’essentielle pour le pouvoir d’achat des travailleurs, entraîne également une hausse des coûts de main-d’œuvre, poussant les producteurs à répercuter ces coûts sur les prix finaux pour préserver leurs marges bénéficiaires. À long terme, selon lui, cette dynamique risque de provoquer une hausse des prix des produits locaux, ce qui aura des répercussions particulièrement sensibles pour les consommateurs. 

« Les ménages à revenus modestes sont les plus vulnérables dans ce contexte. Même avec une hausse salariale, si les prix des biens essentiels augmentent plus rapidement que les salaires, ces ménages pourraient voir leur qualité de vie stagner ou même se détériorer », analyse l’économiste. 

Cet avis est partagé par Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs, qui souligne une double peine pour les consommateurs. « Les produits importés subissent des hausses en raison du coût du fret et de la dépréciation de la roupie. Simultanément, les producteurs locaux, frappés par la hausse des prix des matières premières importées et des salaires des employés, n’ont d’autre choix que de répercuter ces coûts. Ainsi, c’est inévitablement le consommateur qui se retrouve à payer plus cher pour ces produits », explique-t-il.

Vers une hausse de l’inflation 

Si les entreprises répercutent les coûts de main-d’œuvre plus élevés sur les consommateurs, une augmentation de l’inflation pourrait s’ensuivre, alerte l’économiste Takesh Luckho. « Cela pourrait engendrer une spirale inflationniste où les hausses de salaires entraînent des hausses de prix, ce qui provoquerait de nouvelles demandes salariales », souligne-t-il. 

Il explique qu’avec l’érosion du pouvoir d’achat causée par l’inflation, le bénéfice réel des augmentations salariales pourrait être limité. Pour éviter une inflation excessive, Takesh Luckho propose la mise en place de mesures de régulation des prix ou une augmentation de la productivité. 

Suttyhudeo Tengur partage cette préoccupation. « Les consommateurs sont déjà pris dans une spirale inflationniste qui devrait se poursuivre. Une augmentation des prix signifie une diminution du pouvoir d’achat et la demande d’une révision salariale. Ainsi, il sera difficile de contrôler l’inflation. D’ici décembre prochain, elle franchira un nouveau palier », prévoit le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs.

 

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