Conséquence de la cherté de la vie : les salons de coiffure et d’esthétique s’arrachent les cheveux 

La pandémie de Covid-19, suivie d'une augmentation constante des prix, a poussé de nombreux Mauriciens à établir une liste de priorités pour leurs dépenses. Pour beaucoup d'entre eux, la fréquentation des salons de coiffure et d'esthétique n'est plus à l’agenda. Quelles sont les conséquences sur les opérateurs ? Comment font-ils face à cette morosité du secteur ? Tour d’horizon. 

La fréquentation des salons de coiffure et d'esthétique a repris depuis quelques mois, mais elle est encore loin de revenir à la normale. Suite à la pandémie suivie de la crise de l'inflation, de moins en moins de Mauriciens ont recours aux services professionnels pour les soins de beauté. Chez Sébastien Coiffure, à Port-Louis, le mercredi 5 avril, le carnet de réservation des clients est presque vide alors qu'il y a trois ans de cela, il n'y avait aucun temps mort.  

La directrice Linda Mungapatty parle d’une situation « critique ». « Depuis la pandémie, la clientèle a chuté de plus de 50 % suite à une baisse du pouvoir d’achat des Mauriciens.  Une fois les dépenses pour l'alimentation et les factures réglées, il ne reste souvent plus beaucoup d'argent pour se faire dorloter et prendre soin de soi », explique-t-elle. 

Notre interlocutrice affirme, toutefois, qu’il y a toujours un petit nombre de clients qui sont réguliers.  «  Par exemple, bien que nous accueillions toujours des employés de bureau, ces derniers ont réduit leur fréquence de visite au salon. Ils ne viennent plus qu'une fois par semaine au lieu des trois fois habituelles », dit-elle. 

Opter pour l’essentiel 

La morosité se fait également sentir dans les deux salons Katbalou, situés à La City Trianon et dans le centre commercial Cascavelle.  La directrice Kathleen Li constate une diminution du nombre de clients, qui ont réduit leur budget pour les soins de beauté. Cependant, d'après elle, le service de coupe est toujours très demandé, surtout par les hommes, mais elle remarque que les clients ne dépensent pas beaucoup d'argent pour les soins plus coûteux, tels que la coloration.  « D’ailleurs, nombreux de nos clients font déjà leur coloration à la maison et viennent au salon pour la coupe et le brushing », dit-elle.  

Rezah Emamdhully, directeur de Rezah Hairway, situé à Belle-Rose, abonde dans le même sens.   La coloration, les mèches, le lissage et d'autres soins similaires ne sont plus aussi populaires qu'ils l'étaient il y a quelques années. «  Les clients, que ce soit les hommes ou les femmes, réfléchissent bien avant de dépenser au salon. Ils vont opter que pour l’essentiel tels que les coupes.  Je crois que c’est tout à fait normal dans la conjoncture économique actuelle », avoue-t-il.  

Le directeur indique que la clientèle avait dégringolé de plus de 50 % avec la crise économique. «  Cependant, bien qu'une certaine reprise se soit manifestée ces derniers mois, nous continuons à subir une importante perte de revenus en raison de nos coûts élevés  », fait-il comprendre.

Ces Mauriciennes qui ont réduit leur budget au salon

Meera Ramdoo, employée de bureau : «  Je ne peux plus me permettre de payer  pour tous les soins »

Alors que Meera Ramdoo faisait régulièrement le massage et le facial au salon, depuis quelques mois elle a dû couper ces soins dans son budget. «  Face à la cherté de la vie, je ne peux plus me permettre de payer pour tous les soins au salon. Je privilégie uniquement l’essentiel tel que l’épilation », confie-t-elle. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle va abandonner le traitement de peau. « J’ai acheté des produits pour le facial et je le fais moi-même à la maison. C’est plus économique », dit-elle. En outre, elle soutient que sa fille s'épile elle-même à la cire, plutôt que de payer pour ce service dans un salon.

Jena Pothimah, apicultrice : «  Je m'occupe moi-même de couper les cheveux de mes enfants » 

Mère de deux enfants âgés de six ans et de deux ans respectivement, Jena Pothimah dit dépenser judicieusement son budget. «  Avec la cherté des produits de base, notamment le lait pour enfants et les couches, je dois faire des choix et me sacrifier sur certaines dépenses », dit-elle. Elle affirme « qu'avant, elle avait l'habitude de fréquenter le salon chaque semaine, mais maintenant, elle ne s'y rend que pour des événements importants tels que les mariages », confie-t-elle. 

Elle ajoute que pendant le confinement, elle a appris sur YouTube à faire des soins de visage et même la coupe. « D’ailleurs, je faisais la coupe pour mon mari pendant le confinement.  Avec de la pratique,  j’ai constaté que je peux le faire », soutient l’entrepreneure. Désormais, c’est elle-même qui coupe les cheveux de ses deux fils. «  Je compte continuer à apprendre d’autres techniques qui me permettront d’économiser un peu d’argent », se réjouit-elle.