
La réforme visant à repousser l’âge de la retraite à 65 ans suscite de vives réactions. Des exemptions pour les métiers pénibles et les personnes vulnérables sont à l’étude, avant un conseil des ministres spécial prévu lundi.
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Un comité ministériel, présidé par Paul Bérenger, en l’absence du Premier ministre Navin Ramgoolam, s’est réuni dans l’après-midi de jeudi. C’était pour examiner plusieurs mesures du budget 2025/2026, dont la proposition controversée de repousser l’âge du paiement de la pension de retraite de 60 à 65 ans. Navin Ramgoolam, actuellement à Paris pour une rencontre bilatérale avec le président français Emmanuel Macron, qui a eu lieu dans l’après-midi de jeudi, devrait être de retour samedi pour discuter de cette question avec Paul Bérenger.
Composé d’une quinzaine de ministres, ce comité s’est penché sur des mesures phares du budget 2025/2026, avec un accent particulier sur la proposition controversée de repousser l’âge du paiement de la pension de retraite de 60 à 65 ans. Cette mesure, qui suscite des débats animés à Maurice depuis la présentation du budget, fait partie d’un ensemble de réformes économiques visant à répondre aux défis démographiques et financiers de l’île.
Exemptions dans certains cas
La proposition de reporter l’âge du paiement de la pension de retraite à 65 ans vise à garantir la viabilité à long terme du système de pensions dans un contexte de vieillissement de la population mauricienne. Elle permet à l’État d’économiser de l’argent dans un contexte économique difficile. Cependant, cette réforme soulève beaucoup d’inquiétudes et une levée de boucliers quasi généralisée. Lors de la réunion de jeudi, le comité a étudié des exemptions potentielles pour les personnes dont l’état de santé ne permet pas de continuer à travailler après 60 ans. Des dérogations sont envisagées pour certains métiers particulièrement pénibles, comme, entre autres, les laboureurs de l’industrie sucrière, dont l’activité repose sur un travail physique intense. Il est aussi question des travailleurs du secteur des transports, confrontés à des conditions de travail éprouvantes.
Le rapport à la suite de ces discussions sera présenté ce vendredi au conseil des ministres. Ce qui marque une étape décisive avant les débats parlementaires la semaine prochaine. Ce document devrait inclure des recommandations précises sur les modalités d’application de la réforme, ainsi que sur d’autres aspects du budget, dont la protection sociale.
Conseil des ministres spécial lundi matin
Le Premier ministre Navin Ramgoolam, de retour de France samedi, rencontrera Paul Bérenger pour discuter des conclusions du comité et affiner la position du gouvernement sur cette question sensible. Dans la matinée de lundi, un conseil des ministres spécial, présidé par Navin Ramgoolam, se penchera sur l’ensemble des points du budget 2025/2026. Des ajustements, qualifiés de « finetuning », sont donc attendus, pour répondre aux préoccupations des syndicats, entre autres. Des mesures complémentaires pourraient également être annoncées pour atténuer l’impact de la réforme sur les personnes les plus vulnérables.
Les débats budgétaires commenceront le mardi 17 juin à l’Assemblée nationale, avec une particularité : c’est le ministre du Travail, Reza Uteem, qui ouvrira les discussions, rompant avec la tradition qui veut que le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, prenne la parole en premier. Ce dernier a choisi de réserver son intervention pour le dernier jour des débats.
La General Workers Federation entre en résistance
Une nouvelle voix syndicale s’élève contre la réforme de la pension universelle annoncée dans le Budget 2025-2026. Après la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) et la Mauritius Labour Congress, c’est au tour de la General Workers Federation (GWF) de contester publiquement l’alignement de l’âge de la pension à 65 ans. Lors d’une conférence de presse, le mercredi 11 juin dans les locaux syndicaux à Grande-Rivière, le président de la GWF, Clency Bibi, a dénoncé une mesure « injuste, prise sans consultation » et il a annoncé une série d’actions pour mobiliser les travailleurs.
« C’est une véritable douche froide », a déclaré Clency Bibi. Selon lui, cette réforme a été décidée unilatéralement, sans dialogue préalable avec les syndicats ni avec la population. « Elle ne faisait même pas partie du manifeste électoral, alors comment peut-on venir avec une décision aussi archaïque ? » Pour la GWF, la pension de vieillesse est un contrat social fondamental qui ne devait pas être modifié de cette manière. La fédération entend maintenir la pression pour que cette décision soit révisée.
Le président syndical estime que cette réforme touche en premier lieu les travailleurs les plus vulnérables, dont les métiers sont physiquement éprouvants : ouvriers d’usine, chauffeurs, employés des services publics. « Qui pense à eux ? Comment peuvent-ils continuer jusqu’à 65 ans ? » a-t-il demandé. Clency Bibi a aussi critiqué l’influence des agences de notation sur les décisions politiques, en référence à Moody’s, évoquant un agenda économique dicté de l’extérieur au détriment des citoyens.
La conférence de presse était organisée conjointement avec le Joint Negotiating Panel (JNP), au sein duquel évoluait autrefois Ashok Subron. Interrogé à ce sujet, Clency Bibi a indiqué qu’Ashok Subron est aujourd’hui ministre et ne participe plus aux négociations syndicales. « Ce vendredi, nous aurons une rencontre avec d’autres syndicats pour décider de la marche à suivre », dit-il,
À compter du lundi 16 juin, la GWF prévoit une série de réunions dans différentes régions du pays pour informer les travailleurs et les inviter à se mobiliser. L’objectif : obtenir un retrait pur et simple de la réforme. « Nou pa pou sede ! », a lancé Clency Bibi, qui est déterminé à faire entendre la voix des travailleurs et à défendre le droit à une retraite digne.

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