Connivence gardiens-prisonniers : l’Icac enquête sur certains officiers de prison

Les services de renseignements de la prison se retrouve une fois de plus sous les feux des projecteurs. Des gardes-chiourme, fortement soupçonnés d’être de mèche avec un High Profile Detainee en détention pour trafic de drogue, pourraient être interpellés par les enquêteurs de l’Icac dans les jours à venir. 

La commission anti-corruption (Icac) enquête sur des gardiens affectés aux services de renseignements (plus connus comme l’unité 24/7) de la prison. Ces derniers, qui sont au nombre de trois, avancent nos sources, sont fortement soupçonnés d’être de connivence avec un prisonnier en détention préventive (‘On remand’) au centre pénitentiaire de Beau-Bassin. 

Cette enquête aurait été initiée à la suite de dénonciations formulées par les proches du High Profile Detainee auprès de son avocat. L’homme de loi du prisonnier, selon nos informateurs, aurait immédiatement sollicité l’Icac. Il y a une quinzaine de jours, un haut cadre de l’organisme aurait fait le déplacement jusqu’en prison afin de permettre au prisonnier de consigner sa plainte. Ce dernier a craché le morceau en soulignant qu’il monnayait le silence des trois gardiens lorsqu’il s’adonnait au trafic de substances illicites en prison.

Pots-de-vin

Le prisonnier, selon des renseignements, aurait aussi remis des images montrant les gardiens en train de toucher des pots-de-vin (en dehors de la prison) au représentant de l’Icac. Il s’avère, selon des recoupements d’informations, que cette enquête de la commission anti-corruption est prise très au sérieux. 

Un officier de la General Duties affecté à la Telephone Unit de la prison de Beau-Bassin, fait-on comprendre, serait également dans le collimateur des enquêteurs. Il est soupçonné d’être de mèche avec les gardiens affectés aux services de renseignements.

L’institution de cette enquête de l’Icac fait grand bruit au sein du milieu carcéral depuis une dizaine de jours. Des gardes-chiourme réclament la refonte totale des services de renseignements. « Cette situation ne peut perdurer. L’image de la prison est en train de prendre un sale coup à travers les agissements de certains gardiens. Une refonte totale des services de renseignements est plus que nécessaire. La direction carcérale doit une fois pour toute y mettre de l’ordre », martèle-t-on.

« Ils ont fait leurs choix »

Les policiers affectés au poste de Barkly ont également ouvert une enquête sur les officiers de prison. « Nous ne sommes pas au courant que l’Icac a initié une enquête sur certains gardiens. ‘Nou pe aprann sa ar ou’ », avance l’administration carcérale dans une déclaration téléphonique mercredi après-midi. On souligne toutefois que « rien n’est à écarter dans ce département ». 

« Il y a de nombreux gardiens qui sont de connivence avec des trafiquants de drogue. La déviation est un comportement personnel. Ils ont fait leurs choix. Mais qu’ils prennent leurs responsabilités. Au niveau de l’administration carcérale, nous leur demandons de cesser toute proximité avec les trafiquants de drogue incarcérés dans les divers centres pénitentiaires à travers le pays », déclare-t-on.