
L’escalade militaire au Moyen-Orient bouleverse les marchés pétroliers mondiaux. Si Maurice ne dépend pas directement du brut iranien, les tensions autour du détroit d’Ormuz, où transite une part importante du pétrole mondial, pourraient entraîner une hausse des prix et accroître la concurrence sur les sources d’importation. Le pays, bien que doté de réserves stratégiques, reste vulnérable à ce conflit.
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Depuis l’offensive israélienne contre l’Iran le 13 juin, les marchés pétroliers mondiaux réagissent avec nervosité. Le baril de Brent, référence internationale, a enregistré une hausse immédiate de 7 % dès le 13 juin, atteignant une progression temporaire de 13 % le lendemain. Cette flambée n’est pas tant liée à une rupture d’approvisionnement immédiate, mais à la « prime de risque » que les marchés appliquent face aux incertitudes croissantes.
Au cœur des inquiétudes : le détroit d’Ormuz. C’est à travers cet étroit passage maritime reliant le golfe Persique à la mer d’Arabie que transitent près de 20 % de la production mondiale de pétrole. Il joue donc un rôle central dans le commerce énergétique mondial. Il est notamment le point de sortie du pétrole en provenance d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït, de l’Irak et de l’Iran.
Bien que Maurice ne s’approvisionne pas directement en Iran, un éventuel blocage de ce couloir maritime pourrait engendrer des effets indirects sur le pays. Les pays clients de l’Iran pourraient rediriger leurs demandes vers d’autres fournisseurs, y compris ceux auprès desquels Maurice se fournit. Cette redistribution de la demande pourrait accentuer la pression sur le marché et augmenter la compétition.
Actuellement, Maurice importe son carburant principalement via Sahara Energy, une société basée à Dubaï, dont les sources proviendraient notamment d’Arabie saoudite. Cela place l’approvisionnement du pays en lien indirect avec les tensions qui entourent le détroit d’Ormuz. Si la situation persiste ou s’aggrave, les coûts d’achat à l’international pourraient progresser. Certains acteurs du secteur anticipent une hausse du prix mondial de l’ordre de 25 %, ce qui porterait le baril à environ 80 dollars.
Malgré cette conjoncture, Maurice ne part pas totalement désarmé. Il dispose de quelques mécanismes d’atténuation. Le pays a constitué un stock stratégique de 25 000 tonnes d’essence et de diesel. De plus, selon les données d’avril, la consommation annuelle s’élève à 220 000 tonnes pour l’essence et 240 000 tonnes pour le diesel. Ces réserves offrent un répit et permettent une certaine marge de manœuvre en cas de perturbations temporaires.
En matière de prix à la pompe, deux éléments déterminent les ajustements : les prix Platts et les primes à l’achat (premium). Ces derniers sont régulièrement examinés par le Petroleum Pricing Committee (PPC). Jusqu’à présent, le PPC justifie le maintien des prix élevés par le déficit du Price Stabilisation Account (PSA). Toutefois, la situation actuelle montre un PSA positif pour l’essence, à hauteur d’environ Rs 300 millions. Cela offrirait une capacité d’absorption d’une hausse modérée, estimée à moins de 4 %, sans répercussion immédiate sur les prix à la pompe.
Selon des sources proches du dossier, un dispositif aurait été mis en place pour permettre aux consommateurs mauriciens de bénéficier d’éventuelles baisses sur le marché mondial. Une nouvelle cargaison est attendue en août et d’anciens fournisseurs sont revenus avec des propositions tarifaires revues à la baisse. Ces conditions auraient pu conduire à une réduction du prix des carburants localement, mais les incertitudes liées à l’évolution du conflit restent déterminantes.
Le ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen, a déclaré que Maurice pourrait réaliser une économie d’environ Rs 1 milliard grâce à des ajustements dans les contrats d’approvisionnement. Toutefois, tout gain dépendra de la stabilité dans la région et de l’évolution du marché international dans les semaines à venir.
Les prix du pétrole en forte baisse après l’attaque iranienne au Qatar
Les prix du pétrole ont nettement reculé lundi 23 juin, après l’annonce d’une attaque iranienne contre une base militaire américaine au Qatar. Le baril de WTI (West Texas Intermediate) a chuté de 7,22 %, s’établissant à 68,51 dollars, un niveau équivalent à celui enregistré avant les premières frappes israéliennes sur l’Iran le 13 juin. Le Brent, référence internationale, a reculé de 7,18 %, atteignant 72,07 dollars.
Selon des médias d’État iraniens, six missiles auraient visé la base d’Al-Udeid au Qatar, en représailles aux frappes américaines ayant ciblé des installations nucléaires iraniennes la veille. Malgré ces tensions, aucun impact direct n’a été constaté sur le détroit d’Ormuz, point stratégique reliant le Golfe persique au Golfe d’Oman, par lequel transite environ
20 % du pétrole mondial, ont souligné plusieurs analystes.
Une fermeture de cette voie maritime provoquerait une flambée des prix. Dans un tel scénario, le cours du brut pourrait dépasser les 100 dollars le baril, contre environ 70 dollars actuellement.

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