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Confidences d’une ex-toxicomane et prostituée devenue SDF

SDF Dans son sac, des medicaments, un vêtement de rechange, un drap et une brosse à dents.
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Derrière chaque personne se cache une histoire. Parfois, elle est triste, d’autrefois elle semble anodine et, parfois, elle est très sombre. C’est le cas de Josiane, 49 ans, qui a connu la prison, la prostitution, la drogue et qui, aujourd’hui, est à la rue. Elle tient à ce qu’on connaisse son histoire.

« Mo bizin paye Rs 1500 pou lakaz ek mo ena det Rs 646 ek laboutik »

Ce fut un face-à-face pas comme les autres. Josiane Sadayen, née Samba, a voulu se confier. Elle veut absolument que son histoire se sache. Elle souhaite qu’on parle des méfaits de la drogue et de l’enfer de la prostitution pour protéger d’autres personnes, dit-elle.

La quadragénaire raconte qu’elle a eu une enfance tumultueuse et s’est précipitée vers le mariage. Puis, un jour, elle s’est retrouvée en prison. C’était en 1995. Elle s’en rappelle encore. Elle avait tout juste 27 ans et trois enfants. À sa sortie de prison, elle obtient une pension de veuve après le décès de son mari.

Mais, très vite, elle se laisse entraîner dans un univers infernal. Son nouveau compagnon se drogue et, aveuglée par l’amour et les belles paroles de son chéri, elle le suit les yeux fermés. Ensemble, ils auront trois enfants. Ils passent une vie de misère et n’ont pas d’argent. « De plus, mon compagnon, avait besoin de sa dose pour se sentir bien », dit-elle. C’est ainsi qu’elle a commencé à se prostituer. « Monn prefer al trase. Pa ti ena manze. Ek li ti pe bizin sa zafer la mem. Mwa ousi mo ti net ladan ».

Le repas de fortune du midi : du pain de la veille.
Le repas de fortune du midi : du pain de la veille.

Des clients, elle en a eu des tas : « La plupart d’entre eux étaient des brutes. Ils étaient mariés et venaient se défouler sur nous, les filles de la rue. Ils nous battaient. J’ai été tabassée, brûlée, torturée, mordue et violée. Je gagnais

Rs 1000 à Rs 1500 pour jour et cela me suffisait pour nourrir mes enfants et acheter de la drogue à mon mari. Klien ti fer la lwa. Ena pa dakor pu met kapot. ». Elle explique qu’elle avait toujours des préservatifs en sa possession mais des clients refusaient d’en porter. « Pa ti kapav refiz zot. Si refize zot bate ». À ses enfants, elles mentaient, disant qu’elle travaillait comme bonne.

Des dettes de Rs 646

Josiane s'endort tous les soirs sur ces feuilles en carton.
Josiane s'endort tous les soirs sur ces feuilles en carton.

Puis, en 2005, à la naissance de son dernier enfant, une fille, elle apprend qu’elle est atteinte du VIH/Sida. C’est le choc. « Je savais que j’avais eu plusieurs fois des relations sexuelles non-protégées, mais je ne pensais pas pouvoir contracter le sida. Pour vous dire franchement, je ne sais pas si c’est un client ou les seringues échangés avec d’autres toxicomanes qui sont en cause ». Elle décide alors de laisser son enfant à sa sœur.

« Je n’avais pas d’argent. J’étais une prostituée, accro à la drogue et, de surplus, j’avais le VIH/ Sida, je n’ai pas voulu garder cet enfant. Ki li ti pou fer ar mwa ? Mo pa ti anvi ki li vinn kuma mwa. Je sais qu’elle aurait eu honte de moi, que la personne que je suis, de mes fréquentations, de cet univers infernal dans lequel je vis. D’ailleurs, la garde des autres enfants m’avait été enlevée, je ne pouvais priver cet enfant d’une meilleure vie. Mo pa ti ena nanie de bon pou donn li », dit-elle en toute franchise. Aujourd’hui, elle affirme ne pas regretter cette décision. « Li al lekol, li dan bien », dit-elle.

C’est lorsque son compagnon décède qu’elle se décide à mener une autre vie.

« Mo ti pe trouv li mor tigit tigit divan mwa. Ek kuma dir mwa ousi monn ed li ladan. Monn desid pou sanze». Pendant trois ans, elle prendra de la méthadone.

« L’hopital ti refer mwa dan sant pou gayn medsinn pou VIH/Sida, apre monn kumans pran methodone ». Finalement, au bout de trois ans, elle cessera la méthadone, car elle perdait toutes ses dents. « Monn resi aret net et zordi mo nepli enn droguee ».

Josiane raconte qu’elle habitait avec sa tante mais cette dernière est morte il y a un mois. De plus, elle touchait une pension de veuve qui a été supprimée pour une raison qu’elle ignore et n’a pas de revenus depuis le mois dernier. « Mo habitie paye lakaz ek mo matant et pran enn ti kredi laboutik. Kuma mo gagn mo kas le 1er mo ranbours laboutik. San fwa la mo pena kas ek mo pa kone kuma pou fer. Mo bizin paye Rs 1500 pou lakaz ek mo ena det Rs 646 ek laboutik ».

Josiane habite depuis quelques jours sous un pont derrière les Casernes centrales. Elle y a mis des feuilles de carton et y cache du pain. Pendant la journée, elle se rend à Lacaz A pour se changer et pour avoir quelque chose à manger et, le soir, elle compte sur la générosité de restaurateurs de la région.

Son histoire, elle a voulu en parler, pour sensibiliser non seulement les personnes qui pourraient se retrouver dans la même impasse mais pour tous ceux qui la croisent, qui lui jettent un regard rempli de dédain et lui disent qu’elle est laide, affreuse, qui n’hésitent pas à l’insulter, à la repousser. Mais aussi aux autorités pour qu’elles réagissent : « Aret fer kuma dir nou pa exziste… »

 

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