Bhartee Barat, une mère de famille de 42 ans, ne cesse de pleurer à chaudes larmes lorsqu’elle évoque la disparition soudaine et mystérieuse de son fils Bushan, alors âgé de 11 ans. Elle raconte qu’elle était en compagnie de sa benjamine Neha, aujourd’hui âgée de 13 ans et en Grade 8, lorsque Bhushan s’est donné la mort par pendaison en janvier 2012.
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Si l’enfant était encore en vie, il aurait fêté ses 19 ans le 22 mai prochain. Le Dimanche/L’Hebdo s’est rendu au domicile de la famille déchirée par cette disparition subite.
L’arbre auquel Bhushan Barah s’est donné la mort par pendaison, un jeudi matin, a été abattu quelques jours après l’enterrement du petit afin de chasser ce douloureux souvenir. Mais en vain. Les images de la scène effroyable hantent toujours les membres de cette famille, malgré sept longues années écoulées.
Le terrain où l’enfant s’est pendu, appartient à des voisins. Il était jadis entretenu, mais est actuellement en friche. Soobhawtee Jagessur, l’une des tantes maternelles du petit Bhushan, une des premières personnes qui se sont ruées sur le lieu du drame, dit avoir été marquée par ce qu’elle a vu ce matin-là. « La scène était invraisemblable. Je n’aurais jamais pensé qu’un enfant aussi débrouillard et serviable aurait pu commettre un tel acte. Ce qui m’attriste le plus, c’est le fait qu’il n’avait que 11 ans. Il avait toute la vie devant lui, mais il a préféré se donner la mort en se pendant », se désole-t-elle, les larmes aux yeux.
À une quinzaine de mètres de là, sous la véranda d’une maison en dur, nous croisons la mère de l’enfant décédé. La veuve de 42 ans est assise sur une chaise en plastique, les cheveux ébouriffés et le regard vide. Il commence à faire un peu frisquet en ce début d’hiver. « Prenez place », dit-elle. Elle revient péniblement sur la disparition de son aîné. « Mon fils était exemplaire. à aucun moment je ne pensais qu’il allait se donner la mort. Je souffre beaucoup plus, car le mystère reste entier pour moi. Je ne sais toujours pas pourquoi il a pu mettre fin à ses jours. Sa disparition a été une grande perte pour la famille. Il était non seulement un bon vivant, mais très débrouillard et très serviable », avance la mère. Sa benjamine Neha, qui ressemble beaucoup à son frère Bhushan, vient l’enlacer pour la consoler. Mais en vain.
« La vie m’est insupportable »
La disparition de Bhushan, qui avait pour sobriquet Kritik, semble avoir plongé toute la famille dans une profonde désolation. Les oncles et les tantes, qui assistaient à l’entretien, n’ont cessé de tenir des propos élogieux à l’égard du défunt et, en même temps, de s’interroger sur l’acte irréparable qu’il a commis, sept ans de cela sous cet arbre. « Pourtant, il n’y avait aucun problème à la maison. Nous vivions, et vivons toujours, dans une bicoque de deux pièces. Mais je me pliais en quatre pour subvenir aux besoins de mes enfants. Je ne saurais dire s’il avait des problèmes à l’école », confie la mère, qui travaille comme éboueuse.
Mais comment vit-elle la disparition subite de son fils ? « Très mal... Je pense constamment à mon aîné. C’est comme une partie de moi qui s’en est allée. La vie m’est insupportable par moments. Parfois, je me dis qu’il retournera à la maison dans pas longtemps. Mais la dure réalité me rattrape. Ma consolation est le fait que mes quatre autres enfants, qui sont âgés de 18, 16, 14 et 13 ans, sont là. Si les deux aînés font leurs premiers pas dans le monde du travail, les deux autres sont encore au collège. L’un est en Grade 7 et l’autre en Grade 8 », confie Bhartee.
Bicoque de deux pièces dépourvue d’eau et d’électricité
Le logis en tôle cannelée de Bhartee Barat, qui a été construit à travers une aide sociale, se situe sur un terrain qui appartenait à sa défunte mère, Jowantee Jaggessur. La demeure de deux pièces est dépourvue d’eau et d’électricité depuis sa construction, car les autorités seraient réticentes à effectuer le raccordement en l’absence d’un titre de propriété. Bhartee souligne toutefois que ses démarches en vue d’obtenir les papiers nécessaires sont sur le point d’aboutir. Nous avons eu l’occasion de jeter un coup d’œil dans la demeure de la famille.
Le sol est en béton. Quatre cordes à linge sont suspendues au plafond. La bicoque dispose de trois lits, d’une commode, d’une table, d’un évier en inox et de plusieurs tiroirs contenant du matériel scolaire. Il n’y a ni téléviseur, ni armoire. Seul un cadre de couleur blanche, portant la photo du petit Bhushan, vêtu d’une chemise bleu ciel et le regard plein de vie, est accroché en face du grand lit sur lequel est placé un matelas usé.
« Je survis grâce à ma pension de veuve et parfois, je suis obligée de faire des heures supplémentaires afin de pouvoir arrondir les fins du mois. La vie est très dure et je le ressens quotidiennement. Je demande aux autorités de considérer mon cas et de faciliter mes démarches, car je veux à tout prix obtenir le titre de propriété du terrain où j’habite, pour ensuite obtenir l’eau courante et l’électricité », dit-elle d’une voix cassée.
Le père, le fils… la mère
La vie n’a pas fait de cadeau à Bhartee Bharat. En juin 2011, son époux est assassiné par ses amis de beuverie à la suite d’une altercation. En janvier 2012, son fils de 11 ans se suicide. Huit jours après le drame, elle perd sa mère Jowantee. Cette dernière, âgée de 70 ans, serait morte à la suite d’une longue maladie.
Pendaison à 11 ans : un geste qui étonne...
C’est un suicide qui avait mis le village de Plaine-des-Roches en émoi. Un mardi matin, aux alentours de 5 h 45, une dame aperçoit le corps sans vue de Bhushan Barat pendu à un arbre à l’aide d’une corde. Elle alerte aussitôt les proches du petit. Ses tantes, ainsi que ses cousins, rappliquent immédiatement. La police de la région est ensuite alertée et le décès est constaté. L’autopsie, qui a été pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, attribuera le décès à une asphyxie due à la pendaison. Bhushan Bharat aurait attendu le départ de sa mère, aux alentours de 5 heures, pour se donner la mort.
Selon l’une des tantes du défunt, à savoir Soobhawtee Jagessur, ce suicide n’est que mystère. Cette dernière s’interroge également sur la connaissance du petit Bhushan en matière de nœuds coulants. « C’est un fait. Bhushan était très débrouillard. Mais de là à faire un nœud coulant afin de se donner la mort, cela me laisse perplexe… Même la police a été étonnée par la façon dont le nœud a été fait », fait-elle remarquer.
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