La femme d’affaires, réfugiée en Italie, tape sur l’Alliance Lepep, mais refuse de divulguer des détails sur sa liaison avec Navin Ramgoolam ou ses ‘deals’ avec Dufry. Nous sommes restés sur notre faim.
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Nandanee Soornack avait promis « la vérité ». Mais il n’y en a eu aucune. Notamment sur sa liaison avec l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam durant ses deux derniers mandats ou les commissions de plusieurs millions de roupies que l’homme d’affaires Rakesh Gooljaury et elle-même ont perçues du géant suisse Dufry, à travers leur société Frydu, pour le contrat d’approvisionnement des boutiques gérées par la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP).
Face à la presse mauricienne mercredi après-midi à Milan, en Italie, l’ancienne habitante de Carreau Lalianne a réussi son exercice de communication, visant à dépeindre une Alliance Lepep avide de persécution politique. Clip à l’appui. Tantôt arrogante, tantôt à la limite d’une crise de colère que ses avocats sont parvenus à inverser, elle a systématiquement esquivé les questions ayant trait à sa relation avec le leader du Parti travailliste (Ptr), invoquant le droit au respect de sa vie privée.
Touche émotionnelle
L’émotion était également bel et bien présente avec quelques larmes versées en direct en mémoire de son père décédé à peine quelques mois après le mandat d’arrêt international émis contre elle. Aux yeux de Nandanee Soornack, il ne fait guère de doute que c’est la machinerie lancée contre elle par le présent régime qui a causé la perte de son père qui, avoue-t-elle, était déjà atteint de troubles cardiaques.
Sur les questions qui fâchent et que nous n’avons jamais cessé de lui poser ces deux dernières années, la femme d’affaires a préféré laisser à ses avocats le soin de répondre à sa place. Plus particulièrement sur les dessous du deal Dufry / Frydu et la vente de ses actions au sein de Frydu à Wigam Holdings, une société maltaise dirigée par Frank Gleeson , un proche de Navin Ramgoolam, celui-là même qui a négocié l’acquisition des nouveaux Airbus par Air Mauritius.
Les avocats Raj et Savinia Boodhoo et leur collègue Goldan Lambert ont fait barrage, soutenant que « leur cliente ne peut s’étendre sur ces sujets » étant donné que des procédures judiciaires y relatives sont en cours. C’est quasiment le même discours qui est ressorti sur les événements survenus au campement privé de Navin Ramgoolam à Roches-Noires en juillet 2011.
Le ton monte quand nous lui demandons si elle était présente à une fête à Roches-Noires le soir où un voleur aurait surpris Navin Ramgoolam, sans son service de protection rapprochée, avec elle. Elle nous invite plutôt à interroger Rakesh Gooljaury, son ancien partenaire en affaires, qu’elle qualifie aujourd’hui de « self-confessed liar », reprenant ainsi le terme utilisé par les hommes de loi de Navin Ramgoolam.
Les faits alternatifs ont foisonné lors de cette conférence de presse. Nandanee Soornack refuse d’admettre que c’est en sa qualité de maîtresse de Navin Ramgoolam, ce que son avocat a lui-même certifié devant la cour d’appel de Bologne pour contrer la demande d’extradition des autorités mauriciennes, qu’elle a bénéficié du contrat exclusif pour la restauration à l’aéroport de Plaisance. Encore une fois, elle met tout sur le dos de Rakesh Gooljaury, l’ex-homme de confiance de Navin Ramgoolam qui l’a lancée dans les affaires en fondant Airway Coffee.
Interdiction de quitter le pays
Nandanee Soornack s’emmêle les pinceaux. Alors qu’elle jure qu’elle n’a pas fui Maurice le jour de la proclamation de la débâcle de l’alliance Parti travailliste-Mouvement militant mauricien (Ptr-MMM) aux élections législatives de décembre 2014, elle révèle avoir pris ses cliques et ses claques pour l’Italie après avoir appris que Showkutally Soodhun envisageait de réclamer une interdiction de sortie du territoire contre elle.
La femme d’affaires soutient également n’être jamais partie pour l’Italie avec des valises contenant Rs 800 millions. Elle ne pipe cependant mot sur ses sources de revenus, pouvant lui permettre de se payer les services d’un panel d’avocats et de vivre décemment dans une ville d’Europe. Elle prétend qu’elle fait désormais dans l’événementiel et qu’elle est soutenue par sa sœur installée en Italie qui, elle-même, est mariée à un ouvrier d’origine sicilienne.
La diaspora mauricienne en Italie n’apprécie que moyennement le show de Nandanee Soornack. Présent à la conférence de presse, Sewchand Dhatwal, dit Manix, le responsable d’un journal destiné à la communauté mauricienne, a voulu savoir si elle détient la nationalité italienne. Ce que Me Raj Boodhoo a rejeté, évoquant des « privileged informations ». Nandanee Soornack refuse aussi de dire quand elle compte rentrer à Maurice même si elle « félicite la justice mauricienne d’avoir refusé la demande de la police mauricienne d’étendre le mandat d’arrêt » contre elle.
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