L’entreprise des sœurs Melissa et Karuna Veerapen a vu le jour après qu’elles aient constaté que l’identité de l’industrie mauricienne de l’habillement est en train de s’effriter. Kotpiale a un agenda précis : mettre en évidence les compétences locales dans un style unique.
«Quand nous passons en revue ce dont le pays conçoit et fabrique, nous nous rendons compte à quel point le savoir-faire mauricien est omniprésent. En même temps, nous notons que la production est moindre par rapport à la consommation locale, car la demande est satisfaite par l’importation, » affirme d’emblée Karuna Veerapen. « Donc, le savoir-faire en question n’est pas bien exploité. C’est cet ADN que nous avons voulu mettre en avant. Tout doit être fait à Maurice. »
Ce constat étant effectué, place à la mise en place de l’entreprise qui offrira des vêtements et accessoires 100% mauricien, pour hommes, dames et enfants. D’abord, le nom. Selon notre interlocutrice, ce ne fut guère difficile à trouver. Les sœurs cherchent un nom en kreol. Elles cogitent. D’une idée à l’autre, elles se rendent compte de cette curiosité typique. À celui ou à celle étant sur son 31, on lui demande oh, que très souvent : « Kotpiale ? »
La première collection de Kotpiale a pour nom 7 Couleurs, avec une production basée sur le « tie and dye. » Tout est sous-traité, incluant la confection du t-shirt et la teinture. Les sœurs misent sur un produit simple et commun, question de sonder le marché. L’appréciation du public y est. L’entreprise est en marche, sans faire des concessions sur la qualité et ses spécificités locales, un engagement d’ailleurs mis en avant par le MCB Group Limited dans le cadre de sa campagne en faveur de l’industrie locale connue comme Lokal is Beautiful.
On pourrait s’interroger sur la recette du succès de Kotpiale, une petite entreprise n’ayant pas d’usine, ni de boutique, sauf une page Facebook où se fait la promotion et les prises de commandes. La réponse se trouve dans la complicité et la complémentarité entre les deux sœurs, dans la vie comme dans les affaires. D’abord, s’il y a le moindre désaccord sur une idée de collection ou un produit, il est mis de côté. Ensuite, chacun apporte sa contribution par rapport à ses compétences professionnelles. Karuna, mettant à l’épreuve sa connaissance acquise dans le textile, s’occupe de la technique du produit. Sa sœur aînée, Melissa, travaillant dans la communication, s’occupe du design et du marketing.
À travers Kotpiale, les deux sœurs - chacune étant mère de famille - donnent avant tout libre cours à leur créativité. Certes, la profitabilité est un « grand mot. » Mais ce n’est pas une raison pour changer leur modèle d’affaires. Avoir une usine nécessite un gros investissement. Pourquoi injecter tant de fonds alors que les compétences externes sont à portée de main pour concrétiser les collections sur papier de Karuna et Melissa ? Le mieux, explique Karuna Veerapen, serait éventuellement d’avoir une boutique pour les vêtements et accessoires.Pour la commercialisation des collections – fabriquées en petites quantités – la direction s’appuie sur Facebook. Elle mise aussi sur des expos-ventes à travers le pays. « Nous avons exposé nos produits dans des endroits spécifiques et dans des foires à thème comme pour la Noël et la Saint-Valentin »
Kotpiale remettra sur le marché la série de t-shirts sous le concept Home. Mais déjà, les deux sœurs font face à un mal qui ronge la créativité : le plagiat. Mais après avoir cerné la force de caractère de Melissa et Karuna, on n’a pas de doute à l’effet que Kotpiale bouge dans la bonne direction.
Le chiffre Rs 3.37 milliards
Au fil des décennies, les Mauriciens ont développé une nette préférence pour les vêtements et accessoires de l’étranger. Ne pouvant concurrencer ces produits importés en termes de prix, des entreprises mettent la clé sous le paillasson. Des employés se retrouvent à la rue. Des cris de détresse auxquels nous, les consommateurs, semblent être insensibles. Tel est le triste visage que nous dévoile l’industrie dédiée à la consommation locale. Et cette situation a également un prix. Ce montant représente la valeur des importations de vêtements et accessoires. L’année dernière, la facture à l’importation de cette catégorie de produits a été de Rs 3.37 milliards selon le dernier relevé trimestriel de Statistics Mauritius. Le montant a été en hausse de 1.6% par rapport à 2017.
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