Conditions de travail inhumaines à Maurice : un «réseau» de propriétaires de poulaillers ciblé par le PIO

Ils ont trouvé le bon filon. Des éleveurs de poulets embauchent des clandestins, et après leur avoir confisqué leur passeport les hébergent sur le lieu de travail, le poullailler.  35 clandestins ont été arrêtés jeudi.

Le Passport and Imigration Office (PIO) est sur la piste d’un réseau impliquant des propriétaires de poulaillers. Ces derniers, selon le bureau de l’Immigration, embauchent des clandestins pour travailler dans ces espaces confinés. C’est ce qu’a déclaré  l’ASP Narendrakumar Boodhram, patron du PIO, au Défi Quotidien, peu après l’arrestation de 35 ouvriers clandestins jeudi matin. Une opération menée par les éléments de la Tracking Team du PIO.

« Nous détenons des informations que des étrangers, vivant dans la clandestinité, sont embauchés par des  Mauriciens pour travailler dans des poulaillers. Ces élevages se trouvent dans les hautes Plaines-Wilhems. Les clandestins, qui obtiennent une solde plus que dérisoire, vivent dans ces poulaillers. Ce traitement est inhumain. Les « employeurs » commettent aussi une infraction à la loi en hébergeant des clandestins », avance l’ASP Narendrakumar Boodhram.

Selon nos recoupements, le PIO travaille sur un « réseau » comprenant des propriétaires de poulaillers. Selon des officiers de l’immigration, ces propriétaires emploient le même mécanisme que les pseudo-agents recruteurs opérant à Maurice. Dans la pratique, les propriétaires de poulaillers proposent du travail aux étrangers et confisquent leurs passeports. Ces expatriés sont contraints de travailler pour gagner leur vie. Selon le patron des services de l’Immigration, ces propriétaires sont d’ailleurs « avertis ». Les éléments du Passport and Imigration Office, prévient-il, mèneront des opérations pour traquer les clandestins et les propriétaires seront punis par la loi. Il souligne que ceux trouvés coupables d’héberger des clandestins risquent une amende et une peine d’emprisonnement.

Arrestation de 35 clandestins

Des sources au sein du Passport and Imigration Office confient que le dossier des clandestins travaillant dans des poulaillers pourrait être référé au Central Criminal Investigation Department (CCID). Il s’agit, selon eux, d’une surexploitation de la main-d’œuvre.

Par ailleurs, la Tracking Team du PIO a procédé à l’arrestation de 35 clandestins aux petites heures de jeudi. 34 d’entre eux sont issus du Bangladesh et un de l’Inde. Ils ont été pris à Curepipe, Phœnix et Quatre-Bornes et reconduits dans les locaux du Passport and Imigration Office pour leur interrogatoire. Leurs téléphones portables et leurs passeports ont été saisis par les policiers.

Les clandestins capturés seront traduits en cour, ce vendredi, sous une charge provisoire de « illegal stay ». Les officiers de l’Immigration ont enclenché les démarches en vue de leur rapatriement. Pendant ce temps, ils sont placés au centre de détention du Chaland, à Mahébourg.