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Condamnée à 20 ans pour trafic de Subutex: Aurore Gros-Coissy acquittée en appel

Aurore Gros-Coissy et sa mère Séline.
Première accusée à avoir plaidé non-coupable sous une accusation de trafic de Subutex, la Française est aussi la première à être blanchie par le Full Bench de la Cour suprême après avoir été condamnée à 20 ans de prison. Aurore Gros-Coissy a demandé un visa pour profiter de Maurice jusqu’à samedi. Joie et soulagement. Après quatre longues années passées en détention préventive à la Prison Centrale, à Beau-Bassin, la Française Aurore Gros-Coissy n’en revient toujours pas d’avoir été disculpée en appel après sa condamnation à 20 ans de prison pour trafic de Subutex. Ce mercredi, le Full Bench de la Cour suprême, composé du Senior Puisne Judge Eddy Balancy ainsi que des juges Ah Foon Chui Yew Cheong et Gaytree Manna, ont renversé le tout premier verdict prononcé par leur jeune collègue, Bobby Madhub, en début d’année. Ils ont été unanimes à dire que les observations du juge Bobby Madhub sont erronées et qu’il s’est appuyé sur aucune preuve tangible pour conclure qu’Aurore Gros-Coissy devait être au courant qu’elle transportait ce substitut à l’héroïne. Elle avait été interceptée par deux douaniers à l’aéroport de Plaisance le vendredi 26 août 2011 avec Rs 1,6 million de ce médicament - considéré comme une drogue dure à Maurice – dans ses valises.

20 ans de prison

La jeune femme avait immédiatement déclaré que ce stupéfiant a dû être placé dans sa valise par Tinsley Cornell, son ex-petit ami mauricien détenant la nationalité française. Elle a pleinement collaboré avec la brigade antidrogue et celle-ci a pu interpeller la mère du peintre d’Aubervilliers, Giantee Ramchurn, lors d’un exercice de livraison contrôlée.La sexagénaire a été la co-accusée dans le procès intenté à la Française et elle a été condamnée, elle-aussi, à 20 ans de prison. Malgré tout, le juge Madhub a estimé qu’Aurore Gros-Coissy est une « menteuse » et qu’elle devait mériter le même sort que Giantee Ramchurn. Le Full Bench déplore aussi que le juge se soit concentré sur le comportement de la jeune femme lors de son arrestation pour conclure qu’elle est coupable. Comme le fait qu’elle a baissé les yeux, qu’elle a bégayé et qu’elle semblait surprise quand elle a été interrogée sur la présence de la drogue dans sa valise. « (..) the assessment of the evidence by the learned Judge in the present case is so flawed that his conclusion that the accused knew about the presence of the drugs in her suitcase cannot be allowed to stand », font ressortir les trois juges. Ils soulignent, à titre d’exemple, que la valise de la jeune femme n’a jamais été pesée. Ni le colis de Subutex. Ce qui fait, selon eux, que le juge Madhub ne peut soutenir qu’Aurore Gros-Coissy aurait dû se rendre compte de la différence de poids à cause des deux paquets de biscuits qui ont servi à camoufler les Subutex. Ils ont aussi mis en lumière le fait que le premier avocat d’Aurore Gros-Coissy, Me Gavin Glover, avait bien argumenté lors du procès qu’aucune preuve n’a été présentée par la poursuite publique pour soutenir la thèse que la jeune femme était au courant qu’elle transportait de la drogue. « Whilst the evidence could have raised suspicion as against the accused, it fell short of proving the guilt of the accused beyond reasonable doubt. The conviction was therefore, in our view, unsafe », ont-ils conclu.

Profiter du pays

C’est donc vers les 15h45 qu’Aurore Gros-Coissy a quitté la prison de Beau-Bassin pour le Passport and Immigration Office (PIO) afin d’obtenir un visa de séjour jusqu’à samedi. La brigade antidrogue voulait la déporter au plus vite mais l’avocat Me Rama Valayden, son avocat en appel, a sollicité l’indulgence des autorités. La jeune femme devra donc quitter Maurice ce samedi, le temps de profiter du pays et de sa mère, Séline, qui a fait le déplacement à Maurice depuis quelques jours. En début de soirée de mercredi, l’ancien Attorney General a convié Aurore Gros-Coissy à son domicile pour une rencontre avec la presse. L’avocat a rappelé qu’elle est la première Française accusée de trafic de Subutex à n’avoir pas plaidé coupable. Il en a profité pour déplorer que la majorité des procès pour trafic de drogue ne reposent sur aucune preuve scientifique mais bien sur les aveux des suspects.
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