Libéré il y a trois jours après avoir purgé un peine d’emprisonnement pour une affaire de viol, Rudy estime avoir été condamné injustement. Il avait pourtant plaidé coupable. Une affaire qui lui a coûté 10 ans de sa vie. Aujourd’hui, il cherche à prendre un nouveau chemin pour élever ses trois enfants.
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Il dit vouloir se battre pour sa réinsertion sociale et assumer ses devoirs familiaux. Rudy, 36 ans, habite Terre-Rouge. Il est père de trois enfants âgés de 17 à 14 ans. « À ma sortie de prison, je me retrouve avec une allocation sociale de Rs 300. Comment cela peut-elle suffire pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille ? »
Il précise que depuis sa condamnation en 2010, son épouse a touché des allocations sociales pour elle-même et ses enfants. Muni d’un Certificate of Discharge de la prison daté du 9 janvier, on lui a suggéré de se présenter à un bureau de la Sécurité sociale pour bénéficier d’une allocation.
C’est ce qu’il a fait le 11 janvier dernier. « On ne m’a accordé qu’une aide de Rs 312. L’officier a soutenu que je n’habite pas avec mon épouse et mes enfants. Je ne pourrai avoir plus. Or, c’est totalement faux. Avant de purger ma peine, j’habitais Camp Pêcheur, Grande-Rivière Sud Est. Mon épouse a rendu la maison qu’on louait pour aller habiter chez ses parents avec les enfants. Je suis sorti depuis quelques jours seulement, je vis chez ma mère. Mais, cela ne signifie pas que je ne veux pas vivre avec ma famille », se défend Rudy.
Matériel scolaire
Rudy confie que durant son incarcération, il avait accepté de ne pas prendre sa ration de cigarettes offerte en prison pour récupérer cet argent et acheter du matériel scolaire pour ses enfants à sa sortie de prison. « J’ai obtenu Rs 2 200, si on y ajoute les Rs 312, cette somme est toujours loin d’être suffisante pour couvrir les besoins de la famille. Ce qui m’attriste le plus, c’est que tous les enfants ont pu reprendre le chemin de l’école, mais les miens non. Nous n’avons pas les moyens de leur acheter tout leur matériel. Je ne me fais pas d’illusions : je ne trouverais pas un emploi facilement, vu mon certificat de caractère. Certes, j’ai commis une faute, mais j’ai payé ma dette envers la société, pourquoi ma famille doit-elle en souffrir davantage ? On vous laisse en liberté avec Rs 312, sans emploi, sans aucun soutien et on a annulé les allocations sociales de ma famille. Que me reste-t-il pour nos enfants ? » s’interroge Rudy.
Issu d’une fratrie de deux enfants, Rudy a été scolarisé jusqu’au CPE. Par la suite il a fait des petits boulots : pécheur, extracteur de sable et musicien à l’occasion. « Je jouais de la guitare et de la batterie. À l’âge de 20 ans, enchaînant les petits boulots, j’ai trouvé l’opportunité de distraire les touristes qui se rendaient à l’Île-aux-Cerfs. Je jouais de la musique surtout durant le week-end. Par la suite, avec d’autres jeunes, j’accompagnais des touristes et assurais leurs divertissements, on les accompagnait en boîte de nuit, on jouait au guide. On recevait de bons pourboires pour cela… »
Peine de 13 ans de prison
En 2008, c’est la catastrophe. Rudy a des démêlés avec la justice : une touriste allemande l’accuse de viol. « La touriste, âgée d’une trentaine d’années, a affirmé que je m’étais introduit dans son bungalow, encagoulé et que je l’ai violée sous la menace d’une arme. J’ai été aussitôt arrêté. En fait, elle était consentante. C’est la troisième fois qu’elle venait à Maurice. Nou ti bwar amize e nou ti pe gagn relasion. Sof ki mo pa ti less li kone ki mo ti marye. Kan li konn sa, linn met sa case vyol la kont mwa apre linn rant dan so pei », explique le jeune homme. Selon Rudy, si la police avait bien complété son enquête à l’époque, ils auraient vu le train de vie de cette femme durant son séjour à Maurice et « je n’aurais pas été condamné », argue-t-il.
En 2010, la justice le trouve coupable du crime et lui inflige une peine de 13 ans de prison. Avec sa rémission et pour bonne conduite, il est libéré au bout de huit ans de prison.
Aujourd’hui, Rudy dit vouloir lancer un appel aux jeunes canvasseurs de touristes : « Soyez vigilants pour ne pas vous retrouver dans la même situation que moi. » Il soutient que sa femme et ses enfants l’ont bien soutenu dans son malheur, ce qui lui a donné le courage de tenir en prison.
Enfin, notre interlocuteur lance un appel au ministre de la Sécurité sociale, Etienne Sinatambou, pour qu’on lui vienne en aide et qu’on accorde une allocation sociale décente à sa famille.
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