Condamné à perpétuité – Nasserrudin Tengur: portrait d’un meurtrier

« Enn danze pou la sosyete… Enn bitor, pa dimun sa. » Les qualificatifs les uns les plus dégradants que les autres pleuvent dès que le nom de Nasserrudin Tengur est prononcé. C’est cet homme de 32 ans qui a été condamné à vie. Pourtant petit, nul ne présageait que ce natif de Vallée-des-Prêtres était destiné à une carrière criminelle.

Nasseerruddin Tengur n’a jamais pour ainsi dire cherché sa voie sur le plan académique. Deux tentatives au Certificate of Primary Education (CPE). Le cycle secondaire commence mal. Le jeune homme n’arrive pas à franchir la Form I. Après un échec à la deuxième tentative, il abandonne ses études.

L’adolescent rejoint alors l’atelier familial spécialisé dans les travaux métalliques. Très vite, il maîtrise les rouages de son métier qui nécessite concentration et précision. « Li ti bon dan metal. Tou zafer ki dir li li fer. Li ti enn bon travayer. Li ti pe travay minimum Rs 30 000/Rs 35 000 par mwa », souligne un membre de la famille.

Mais le bourreau de travail allait connaître la descente aux enfers. « Li pa ti violan, nou ti ape travay ensam me frekant lisien gayn piss », confie l’un de ses proches qui a souhaité garder l’anonymat. « Frekantasyon ek lé bwason inn gat li. »

Dès lors, Nasserrudin Tengur affiche un comportement qui dérange, au point où le voisinage garde un mauvais souvenir de lui. « Dan landrwa li ti vilgerr. Li rod lamerdma ek sikan ar zot tou. Li ti pe pran li pou enn terrib. »

« Kamarad inn gat li »

Ses proches reconnaissent d’ailleurs que le jeune homme avait « un caractère vif ». Pour eux, « il n’a jamais manqué de respect envers quelqu’un, sauf si on lui cherchait des ennuis ». Outre les coups de gueule dans le quartier, Nasserrudin devient au fil du temps un habitué des postes de police. Comme tout « petit criminel », il démarre sa carrière en commettant des vols avec violence. Chez lui, ses proches n’y voient que du feu. « Kamarad inn gat li. Nou finn fer nou zefor pou koz ar li me pa naryen mem. » Conséquence : ses parents en prennent pour leur grade. Nasserrudin en vient aux mains.

Vol après vol, Nasserrudin Tengur accumule les déboires avec la police. Il fait le va-et-vient dans les centres de détention. À Vallée-des-Prêtres, il fait déjà figure de ‘bad boy’. Le voisinage l’évite.

Le 21 décembre 2008, le cadavre de Khairoonessa Tengur (58 ans) est découvert à son domicile à Vallée-des-Prêtres. La victime avait subi des violences avant d’être violée, selon le rapport médico-légal. Trois suspects sont arrêtés, parmi Nasserrudin Tengur, neveu de la victime.

Le neveu passe aux aveux. Les proches de la victime et les habitants de la localité sont révoltés. « Mo disan bwi bui. Si li ti vinn divan mwa mo ti kapav fer enn krim. » D’autres habitants de l’endroit voulaient le lyncher. « Nous avions décidé lui infliger une correction lors de la reconstitution des faits, mais les policiers nous en ont empêchés. »

Nasserrudin Tengur a été condamné à perpétuité pour l’assassinat de Khairoonessa Tengur. À ses comparutions devant la cour, le prévenu avait proféré des injures à l’encontre des juges. Il a été puni en deux occasions pour contempt of court (outrage au tribunal).

Purgeant une peine de 40 ans de prison pour le meurtre de la prostituée Marie Lourdes Collet, Nasserrudin Tengur a écopé de la prison à vie pour l’assassinat de Khairoonessa Tengur. Les proches de la victime pensent que justice a été rendue. « Se enn bon kondanasyon. Nou finn perdi nou fami… Li merite, li bizin gagne. »

C’est un autre son de cloche chez les proches de Nasserrudin. « La famille est bouleversée par ce jugement. Certes, il est entré par effraction pour commettre un vol, mais ce n’est pas lui qui a tué. Un innocent a été condamné. Si j’avais les moyens, j’aurais fait une demande pour la réouverture de ce procès », dit un de ses parents.  Et de conclure : « Dans le cas de Marie Lourdes Collet, je ne pense pas que c’est lui qui a tué cette femme. Il aurait dû avoir une seconde chance. »