Les proches de Bibi Zarina n’ont pas caché leur révolte face à la sentence de 13 ans de prison infligée, le jeudi 7 juin, à Ackbar Goolamgoskhan en cour d’assises. La victime avait dénoncé son mari comme étant l’auteur de son agression dans un ‘dying statement’.
C’est avec un sourire qu’Ackbar Goolamgoskhan, 41 ans, a accueilli sa sentence de 13 ans de prison. Verdict prononcé en cour d’assises, le jeudi 7 juin 2018 par le juge Benjamin Marie-Joseph. Ce qui a attisé la colère des proches de sa défunte épouse présents dans la salle d’audience. Nazira et Imran Eckburally, parents de Bibi Zarina, et ses proches attendaient le prononcé de la sentence du meurtrier de leur fille. Ils ne cachent pas leur étonnement et leur révolte.
Le quadragénaire a été jugé coupable d’avoir tué sa jeune épouse, Bibi Zarina, 24 ans, le 28 novembre 2013, à leur domicile. Elle est morte après avoir été brûlée au second degré au visage, au cou et sur plusieurs endroits du corps. Le décès a été causé par une septicémie, une infection généralisée de la peau.
Initialement poursuivi pour meurtre, Ackbar Goolamgoskhan avait plaidé coupable d’une accusation réduite de coups et blessures ayant causé mort d’homme sans intention de tuer. Il était défendu par Mes Rama Valayden, Ridwaan Toorbuth, Sunjiv Soyjaudah. La poursuite était représentée par Me Rajkumar Baungally.
« Sa santans la pa korek ditou »
Nazira Eckburally, 49 ans, mère de la victime, pleure toujours la disparition de sa fille unique à la fleur de l’âge. Elle maintient que sa fille était victime de violence domestique. « Mo zanfan inn soufer pandan wit zour. Linn dir la polis ki so mari inn met dife ar li. Linn les li karbonise net apre linn amen li lopital lor motosiklet », déplore Imran Eckburally, le père. Les parents disent ne pas accepter la sentence infligée à leur gendre.
« Bibi Zarina ti gagn bate me li ti kasyett nou e pa less nou kone. Parfwa li vinn lakaz li pa dir kifer », explique Nazira. Celle-ci dit faire de son mieux pour élever son petit-fils, âgé de cinq ans, qui grandit sans sa mère. « Mo tifi pa pou retourner. Mo esperer DPP pou fer lapel lor sa case la. Sa santans la pa korek ditou », déclare la mère.
Bibi Nazira est la deuxième épouse d’Ackbar Goolamgoskhan, un chauffeur de camion. Après la mort de sa première femme en 2007, il a épousé Bibi Zarina malgré la réticence de ses parents. Le condamné est père de jumeaux issus de son premier mariage, l’un est handicapé et a besoin de soins constants. Un garçon est né de son union avec la victime. L’enfant était âgé de huit mois au moment du drame.
Violence domestique
Selon Ackbar Goolamgoskhan, les disputes étaient fréquentes, son épouse lui reprochant de ne pas rapporter assez d’argent et de négliger la maison. Il soutient que sa défunte épouse délaissait souvent le toit conjugal pour se rendre chez ses parents, après ses accès de colère et qu’il venait la chercher à chaque fois.
Il a nié les accusations portées contre lui. Il a déclaré que ce jour fatidique du 23 novembre 2013, après le dîner, sa femme et lui se sont disputés et que cette dernière se serait levée et aurait pris le bébé dans ses bras.
Intrigué, il l’a suivie, c’est là qu’il aurait senti une odeur d’alcool. Il dit avoir pris l’enfant dans ses bras et avoir vu sa femme craquer une allumette pour mettre le feu à ses vêtements. Il a pris une couverture pour l’envelopper. Il l’a ensuite emmenée à mobylette à l’hôpital du Nord. Elle a, par la suite, été transférée à l’hôpital de Candos.
Avant de mourir, Bibi Zarina avait déclaré à la police qu’elle était victime d’un accident domestique. Cependant, quelques jours après, elle est revenue sur sa déposition et a confié à la police que son mari Ackbar l’avait aspergée d’alcool avant de craquer une allumette.
Ackbar Goolamgoskhan avait présenté des excuses et réclamé la clémence de la cour à l’issue du procès. Cependant, il est resté muet quand on lui a demandé s’il regrettait son acte.
Dans son verdict, le juge Benjamin Marie-Joseph a souligné que l’accusé a admis avoir commis cet acte en plaidant coupable. Il a rappelé que la victime est morte de manière atroce, et cela, à la suite d’une dispute conjugale. Ce qui démontre que la violence domestique était courante dans leur relation.
Le juge a ajouté qu’en commettant cet acte, l’accusé a privé son enfant de l’affection et l’attention de sa mère. Il a conclu que la cour a le devoir d’émettre un signal fort pour réduire la prévalence de ce type de crime.
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