Economie

Concours Total Mauritius : Karen Yvon «Startupper de l’année»

Après avoir été lauréate du Higher School Certificate, cette jeune femme ingénieuse est la gagnante du concours organisé par Total Mauritius. Elle veut produire un nouvel amuse-bouche sans gluten.

Karen Yvon a été lauréate de la promotion 2007 du Higher School Certificate (HSC). Elle a obtenu une bourse d’études de l’État mauricien et une autre de l’université de Yale, aux États-Unis. Elle a donc mis le cap sur le pays de l’oncle Sam en août 2008.

« Comme j’avais déjà été très impliquée à Maurice dans plusieurs activités, dont le théâtre et le bénévolat, je me suis intégrée facilement au cursus universitaire américain, qui encourage les étudiants à se familiariser avec autant de matières que possible », raconte Karen Yvon.

La jeune femme commence à étudier le mandarin, la psychologie, le portugais, les statistiques, la neuroscience et l’histoire de la Grèce antique. Elle a aussi pris des cours de hiéroglyphe, la gravure sacrée de l’Égypte ancienne. Puis, elle se spécialise en relations internationales, passe un an en Chine et l’année suivante au Brésil.

Animée par la promesse faite en 2008 de retourner au pays et désireuse d’y explorer les opportunités d’affaires, elle rentre à Maurice en octobre 2014. Elle s’accorde une année sabbatique, le temps de se réadapter à la vie mauricienne et d’acquérir d’autres connaissances.

Retombées positives

Elle participe à un projet de recherche à l’Université de Maurice sur la responsabilité sociale des entreprises, puis elle travaille dans une compagnie de communication, tout en développant plusieurs projets d’entreprise pour elle-même et pour des amis.

En février 2015, elle lance le projet qui lui a valu de recevoir, par la suite, le titre de Startupper de l’année, décerné par Total Mauritius. « Ayant expérimenté la cuisine sans gluten, j’ai créé une recette d’amuse-bouche croustillant cuit au four. En avril 2015, j’ai effectué des tests gustatifs auprès de 230 personnes. Les retombées étaient positives et l’étude de marché m’a donné des idées pour de nouvelles saveurs, ainsi que pour le positionnement du produit », explique Karen Yvon.

C’est après cette étude de marché qu’elle décide de nommer le produit Keda. Le nom est tiré du premier Diksioner Morisien Kreol. Il s’agit d’un adjectif qualifiant un travail bien fait. Après avoir soumis sa candidature sur le site Internet du concours de Total, elle a été sélectionnée pour faire partie des dix finalistes. Après une présentation orale devant le jury, elle est devenue l’une des trois start-ups de l’année 2016.

Produits sains

« Depuis ma participation au concours de Total, je me suis démenée afin que mon projet puisse voir le jour. Après avoir eu tous les permis et le financement additionnel nécessaire à sa pérennité, je suis maintenant fin prête pour commencer la production du produit qui devrait être lancé sur le marché d’ici la fin de l’année. Le Keda est un produit sans gluten, cuit au four et fait main, destiné à l’exportation », indique la jeune femme.

« À Maurice, nous avons une grande culture du snack. Mais ce n’est pas évident de trouver des amuse-bouche de qualité, produits localement, sans matières grasses ni conservateurs, que l’on pourrait donner à ses enfants à la sortie de l’école ou que l’on pourrait consommer entre amis. Les produits Keda sont sans gluten et sont, avant tout, délicieux et sains. L’objectif de l’entreprise est d’offrir des produits sains qui sortent des sentiers battus », ajoute-t-elle.

Quand on lui demande quels sont les obstacles qu’elle a surmontés pour lancer son entreprise, elle cite la lourdeur administrative pour l’obtention des permis et du financement. « Les administrations ne prennent pas toujours en considération le fait qu’il y ait des différences entre une start-up, une entreprise qui brasse un chiffre d’affaires de Rs 9 millions et une autre qui en réalise Rs 49 millions. Les trois sont techniquement des petites et moyennes entreprises, mais chacune aura des problématiques différentes. On a tendance à oublier les start-ups, lorsque l’on crée des programmes d’aide aux PME », fait-elle ressortir.

 

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