La compensation salariale refait surface. Deux réunions sont prévues en cinq jours, avec la participation du gouvernement, du secteur privé et des syndicats. Le ‘timing’ de l’invitation surprend.
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Le jeudi 1er décembre, un premier round de discussions est prévu. Ce comité technique verra la participation du ministre du Travail Soodesh Callichurn, de Business Mauritius (organisation représentant les intérêts du secteur privé) et des syndicats. Et une réunion sous la présidence du ministre des Finances Pravind Jugnauth est annoncée le lundi 5 décembre avec le même item à l’ordre du jour.
À 20 heures le mardi 29 novembre, plusieurs syndicalistes n’étaient pas au courant de la réunion du 1er décembre. Mardi matin, un groupe de dirigeants syndicaux aurait écrit au ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi. À 18 heures, d’autres dirigeants syndicaux en auraient été informés.
Les employeurs s’interrogent sur la nécessité d’une telle réunion tandis que les syndicalistes, tout en confirmant la tenue de la réunion de jeudi, affirment qu’il y a nécessité de compenser les travailleurs après la perte du pouvoir d’achat.
L’inflation globale – indicateur essentiel pour le calcul de la compensation salariale – a été de 0,8 % en octobre. Selon les projections de la Banque de Maurice, cet indice des prix devrait atteindre 1 % à la fin de 2016. Or, ce niveau ne justifie pas une compensation. La croissance serait de 3,5 %, signe que l’économie opère en-deçà de son potentiel.
En décembre 2015, l’État a revu à la hausse la compensation effective à partir de janvier 2016. Dans un premier temps, un quantum de Rs 150 avait été annoncé, lors d’une réunion tendue, marquée par un walk-out syndical. Par la suite, le montant est passé à Rs 250 pour ceux percevant moins de Rs 10 000 par mois.
Pradeep Dursun, de Business Mauritius : «Les conditions ne sont pas réunies»
« Les conditions ne sont pas réunies pour discuter de la compensation salariale cette année. Déjà, le National Remuneration Board a fait des recommandations pour des hausses salariales de 20 % en moyenne. L’inflation est à un niveau historiquement bas, qui ne mérite pas, de facto, un réajustement salarial. Un National Wage Consultative Council a été mis sur pied pour discuter du salaire minimal et des compensations annuelles. De telles discussions ayant trait à la hausse salariale annuelle ont lieu en marge du discours budgétaire, qui a désormais lieu en juin. Nous sommes ouverts à toute discussion. Nous serons présents à la réunion de jeudi. »
Haniff Peerun, du MLC : «Une hausse de 30% est justifiée»
« J’estime que tous les salariés indistinctement méritent une compensation d’au moins 30 % pour rétablir leur pouvoir d’achat. Contrairement à ce que soutient Statistics Mauritius, je ne pense pas que le taux d’inflation est à 1 %. La réalité sur le terrain démontre le contraire. Je vais aussi me battre pour que les fonctionnaires soient compensés pour l’effritement de leur pouvoir d’achat. »
Reeaz Chuttoo, de la CTSP : «Nous n’irons pas au comité technique»
« Comme les années précédentes, la CTSP n’ira pas au comité technique et j’espère que nos camarades syndicalistes feront de même. Mais nous serons présents lundi au Vaghjee Hall, à 15 heures, pour la réunion tripartite. La raison : nous estimons que la compensation salariale relève d’une décision politique et doit être discutée directement avec le ministre des Finances et non avec des techniciens. Statistics Mauritius estime que l’inflation est à 1,2 % cette année, ce que nous contestons vivement. Il se peut que l’inflation soit à 1,2 % pour les salariés qui touchent Rs 15 000 à monter, mais nous représentons la majorité des travailleurs qui touchent moins de Rs 15 000 par mois. Malgré toutes les promesses du gouvernement pour combattre la pauvreté, les gens continuent à s’appauvrir à Maurice. En guise de compensation, nous réclamons une compensation salariale de Rs 500 pour ceux touchant jusqu’à Rs 10 000 et Rs 350 pour ceux touchant de Rs 10 000 à Rs 15 000. »
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