Les syndicats s’attelleront en novembre à déterminer le quantum de la compensation salariale qu’il faudra payer aux salariés en janvier 2018.
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La compensation salariale vise à rétablir l’équilibre après la perte du pouvoir d’achat.
La question de compensation salariale revient sur le tapis. « Dans les semaines à venir, nous travaillerons sur l’évolution du panier de la ménagère cette année afin de définir un quantum pour la compensation. Nous nous attendons à ce que les discussions démarrent à la mi-novembre », explique Emmanuel Edoo, porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé. Même son de cloche du côté de la fonction publique.
« Chaque travailleur s’attend à un réajustement de son salaire en janvier à la suite de la hausse de l’inflation et cela même si le Budget prend effet en juillet. D’ailleurs, l’idée d'une concertation entre tous les syndicats afin de dégager un quantum en commun a été lancée. Une rencontre entre les divers syndicats est imminente », a indiqué Rachid Imrith, président de la Fédération des syndicats du secteur public.
Les associations des consommateurs insistent également pour que les employés obtiennent une compensation salariale. « Il faut impérativement qu’il y ait le paiement de la compensation en vue de rétablir le pouvoir d’achat. D’ailleurs, le taux d’inflation sera plus élevé cette année car il y a eu plusieurs hausses des prix. La compensation est donc vitale pour les employés, surtout pour ceux au bas de l’échelle », dira Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC).
Les arguments pour contester l’exercice
Toutefois, nos interlocuteurs craignent que le patronat n'utilise plusieurs arguments pour démontrer que cet exercice n’a pas sa raison d’être. Un de ses arguments serait l’introduction du salaire minimal. « Dès la mise sur pied du National Wage Consultative Council, il y a eu une tentative de la part du patronat pour dire qu’avec le salaire minimal, il n’y a aucune nécessité d'une compensation salariale. Mais ce sont deux choses distinctes », a martelé Emmanuel Edoo.
Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, partage les mêmes craintes.
« Il n’y a aucune indication que les discussions vont aborder la compensation salariale à la suite de l’introduction du salaire minimal », a-t-il fait ressortir. Le Senior Economist Vishal Ragoobur y va également de son commentaire. « L’introduction du salaire minimal et le paiement de l’impôt négatif cette année seront deux arguments supplémentaires que le patronat mettra de l’avant pour dire que la compensation salariale ne devrait pas être d’actualité.
Toutefois, l’impôt négatif n’a rien à voir avec le patronat car c’est une subvention que le gouvernement accorde aux employés au bas de l’échelle », a-t-il souligné. Et Suttyhudeo Tengur d’ajouter : « La compensation salariale n’a rien à voir avec le salaire minimal ou encore avec l’impôt négatif. Elle vise à rétablir l’équilibre suite à la perte du pouvoir d’achat ».
Tous les interlocuteurs sollicités appréhendent aussi que la question d’une faible inflation soit mise en avant. « Chaque année, le patronat brandit le même argument que le taux d’inflation est trop bas pour justifier le paiement d’une compensation. Aussi bas soit-il, les données reflètent quand même une perte du pouvoir d’achat », s’insurge Suttyhudeo Tengur. « C’est vrai que l’inflation est faible, mais elle sera supérieure par rapport à l’an dernier.
Les syndicats avanceront l’argument que la compensation a été payée en 2017, alors que l’inflation était plus faible qu’elle ne l’est cette année », a ajouté, pour sa part, Vishal Ragoobur. Mais, peu importe les arguments qui seront avancés, la question de la compensation salariale reste en fin de compte une décision politique. Car, in fine, il reviendra au gouvernement de trancher.
Évolution de l'inflation
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Source : Statistics Mauritius
Amar Deerpalsing : « La compensation salariale est une pratique dépassée »
« Ce n’est pas une bonne pratique d’avoir une compensation salariale sur une base nationale. Ce qui m’a toujours interpellé, c’est le fait que c’est une pratique archaïque et dépassée », dira Amar Deerpalsing, président de la Fédération des PME. Il aurait fallu, a-t-il déclaré, le faire sur une base sectorielle. « Ainsi, les secteurs qui font bien peuvent compenser leurs employés plus que la moyenne nationale », a-t-il souligné. Et le président de la Fédération des PME d'ajouter qu’on ne peut pas imposer la compensation salariale sur les secteurs en difficulté « car cela aura des incidences et pourra entraîner la fermeture de l’entreprise et la perte des emplois ».
Pour une compensation juste
« Nous espérons que la compensation qui sera accordée ne sera pas dérisoire. Il faut une compensation juste », recommande Emmanuel Edoo. Quant à Rachid Imrith, il souhaite une compensation qui ne vienne pas porter « préjudice à la classe moyenne dont le pouvoir d’achat s’est détérioré ». « Il faut que la classe moyenne bénéficie d’une ‘full compensation’ et, cela n’a pas été le cas depuis quelques années », a-t-il fait ressortir.
La compensation accordée aux employés depuis 2010
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