Après la révision du salaire minimum à Rs 15 000, l’heure est maintenant au calcul de la compensation salariale. Dans ce contexte, le coup d’envoi des consultations tripartites a été donné hier, au siège du ministère du Travail, à la Victoria House, Port-Louis.
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Une rencontre « très cordiale et respectueuse de chacun ». C’est ainsi que le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a décrit le premier round des consultations tripartites tenu le lundi 4 décembre. Cet exercice a vu la participation des représentants de Statistics Mauritius, qui ont fourni les dernières données des indicateurs économiques, notamment le taux d’inflation à 7,1 %. Ensuite, les représentants syndicaux et du secteur privé ont eu l’occasion de faire connaître leur position.
« L’exercice de la compensation salariale est indépendant de celui du salaire minimum. La compensation salariale s’applique à tous les travailleurs et non pas uniquement à ceux qui touchent le revenu minimum », a expliqué le ministre du Travail. Soodesh Callichurn dit être conscient qu’il y a des secteurs « vulnérables ». « D’ailleurs, le rapport du National Wage Consultative Council mentionne ces secteurs. Les représentants du patronat et des syndicalistes sont au courant de la situation. Ainsi, les entreprises en difficulté seront soutenues », a-t-il affirmé. Cela, a ajouté le ministre, pour assurer que les entreprises ne ferment pas leurs portes et qu’il n’y ait pas de pertes d’emploi. Soodesh Callichurn a rappelé que le salaire minimum a été revu à Rs 15 000. Avec la CSG Allowance de Rs 2 000, le revenu garanti revient donc à Rs 17 000.
Après la soumission des représentations des divers acteurs, ce sera au tour du ministère des Finances de recevoir tous les partenaires sociaux le jeudi 7 décembre, date à laquelle le montant de la compensation salariale sera annoncé. À noter que l’année dernière, le montant était de Rs 1 000.
Business Mauritius
L’intégration de la compensation salariale dans la révision du salaire minimum proposée
Maintenant que le chiffre de l’inflation est connu, Business Mauritius est désormais en mesure de peaufiner sa proposition concernant le quantum de la compensation salariale. « Ce qu’on peut retenir est que le taux d’inflation est inférieur à celui de l’année dernière. Lors de la réunion prévue ce jeudi, nous attendons de connaître une compensation salariale raisonnable basée sur le taux d’inflation actuel, soit de 7,1 % », soutient le COO de Business Mauritius, Pradeep Dursun.
Ce dernier rappelle que l’exercice de la compensation salariale cette année se déroule dans un contexte où le salaire minimum a été également revu. « La révision du salaire minimum aura un impact sur certains secteurs d’activité », dit-il. L’association appelle ainsi le gouvernement à intégrer le montant de la compensation salariale dans la révision du salaire minimum, annoncée vendredi, pour certains secteurs.
Pradeep Dursun affirme que dans certains secteurs, la compensation salariale ainsi que le salaire minimum seront abordés dans de meilleures conditions. « Mais pas tous les secteurs auront les moyens de payer. Ainsi, la révision du salaire minimum et surtout la compensation salariale ajouteront des coûts supplémentaires aux opérations des entreprises », déplore le COO.
Toutefois, il se dit satisfait de la prise de conscience de l’État pour apporter un soutien aux entreprises en difficulté. Les secteurs qui sont plus vulnérables actuellement, selon lui, sont le secteur manufacturier, l’exportation, les BPO et le sécurité, entre autres. « Ce sont des secteurs où l’emploi est très concentré, ce qu’on appelle les Labour-intensive Sectors », conclut-il.
Deepak Benydin : « Nous proposons entre Rs 1 500 et Rs 2 000 »
Après avoir analysé la hausse des prix des denrées alimentaires, Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, estime que le montant de la compensation salariale devrait se situer entre Rs 1 500 et Rs 2 000 : « Nous pensons que le taux d’inflation est plus élevé que le chiffre avancé par Statistics Mauritius, soit 7,1 %. » Il se demande si le Bureau des statistiques a pris en considération la pénurie du riz ration sur le marché. « Ceux qui consomment le riz ration ont dû dépenser Rs 1 000 de plus pour l’achat du Basmati suite à un manque de riz ration sur le marché. » Le syndicaliste se demande aussi si la hausse du prix du dholl puri a été prise en considération. « C’est un produit très prisé par les Mauriciens et qui aura un impact sur le budget ménager. »
Haniff Peerun : « Le système de Statistics Mauritius doit être mis à jour »
Le taux d’inflation n’est pas suffisant pour déterminer le montant de la compensation salariale. C’est du moins ce que pense le Mauritius Labour Congress (MLC). « Il faut également prendre en considération la dépréciation de la roupie, l’endettement des travailleurs et le chômage dans la famille. » Selon Haniff Peerun, le président du MLC, le Bureau des statistiques doit évoluer et utiliser les nouvelles technologies pour avancer avec des chiffres plus appropriés. « Statistics Mauritius a le monopole de mener des enquêtes. Il n’y a pas d’autres institutions sur lesquelles on peut contre-vérifier les chiffres. »
Atma Shanto : « Le chiffre de 7,1 % ne reflète pas la réalité »
La Fédération des Travailleurs Unis ne cache pas son désaccord concernant le taux d’inflation à 7,1 % avancé par Statistics Mauritius. « Ce chiffre ne reflète pas la réalité à laquelle font face les consommateurs, les travailleurs et les pensionnés du pays », avance Atma Shanto. Il a fait une demande auprès du ministère du Travail pour avoir des informations sur les disparités qui existent entre les patrons et la classe des travailleurs dans tous les secteurs. « Il faut que le gouvernement valorise davantage le comité tripartite. »
Radhakrishna Sadien : « Une compensation qui permet d’améliorer le pouvoir d’achat »
Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation, souhaite obtenir des renseignements sur le salaire minimum. « On veut savoir quelles sont les entreprises qui ont bénéficié de l’aide du gouvernement à travers la Mauritius Revenue Authority depuis la mise en place du salaire minimum. » L’aide du gouvernement, rappelle-t-il, est possible grâce aux contribuables. « Concernant la compensation salariale, nous allons soumettre notre mémoire conjoint avec d’autres organisations. Nous allons proposer un chiffre où la population voit son pouvoir d’achat s’améliorer. »
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