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Communalisme et représentation nationale

« Du réchauffé », « Recette pour un nouveau désastre électoral », « Un leadership sclérosé ». Telle est la teneur de certains commentaires entendus dans les milieux concernés, après la décision exprimée par le MMM de présenter à nouveau Paul Bérenger au poste de Premier ministre lors des prochaines législatives. Et le combat fait rage actuellement entre Jeeha et Guness pour tenter de décrocher le poste de futur vice-Premier ministre. Certes, selon la Constitution, tout citoyen mauricien a le droit de se présenter au poste de chef du gouvernement, mais il serait toutefois profondément imprudent de confondre le  communalisme – fléau  qui  véhicule toujours une connotation péjorative, vu qu’il renferme inexorablement une notion de favoritisme à l’avantage d’une communauté au détriment d’une autre – et le concept de la représentation nationale, une des conditions sine qua non de la stabilité sociale. Ainsi, si tout le dispositif  énoncé  dans la première cédule de notre Constitution a pour but justement de garantir la stabilité et l’harmonie sociales, il est malheureux cependant de constater que le système de Best loser est souvent détourné par les politiques à des fins bassement électoralistes, accentuant ainsi la division sociale. D’autre part, en ce qui concerne les nominations, suite aux controverses soulevées en décembre dernier autour du poste de vice-président de la République – problématique qui revient déjà dans l’actualité, vu que le contrat prolongé de Monique Ohsan Bellepeau arrive à expiration en mai prochain–, le no. 2 du gouvernement, Xavier-Luc Duval,  ne rate aucune occasion de mettre l’accent sur la nécessité de respecter, à tout prix, le critère du mérite à tous les échelons de l’administration publique et politique. S’il est vrai que la compétence dans les plus hautes  instances de décision constitue un gage d’efficience et de productivité, la paix et la stabilité sociales, si essentielles dans un contexte pluriethnique et multiculturel, représentent, elles, les conditions de base du développement et du progrès. SAJ a même été pris à contre-pied par son propre fils, qui n’a pas manqué de faire les éloges de Menon Murday, candidat désigné du MSM au poste de vice-président de la République. Certes, Vidya Narayen, candidate choisie par le Premier ministre, a eu un parcours professionnel remarquable, mais vu qu’elle n’appartient pas à la communauté appropriée auquelle le poste avait été promis, des voix avaient commencé à se faire entendre dans certains quartiers, ce qui a fini par provoquer son désistement. Par ailleurs, il convient de rappeler qu’une année avant les douloureux événements de février 99, dont on vient d’ailleurs de commémorer le 17e anniversaire, on avait assisté à une vive tension sociale qu’un simple inversement de langues sur les billets de banque avait suscitée ; même un ministre d’alors, Kadress Pillay, avait pris part à une démonstration anti-gouvernementale à Moka où le drapeau rouge du PTr avait été brûlé. Résultats : le ministre fut privé d’investiture par son parti en septembre 2000, alors que l’ordre des langues sur les billets fut éventuellement rétabli. Que ce soit en Europe (Croatie, Bosnie-Herzégovine, etc), au Moyen et Proche-Orient (Irak, Liban, Yémen, etc) ou en Afrique (Rwanda, Burundi, etc), l’on a vu les conséquences désastreuses que peut susciter le non respect de certaines susceptibilités sociales au plus haut niveau de la gouvernance d’un pays. Certes, Barack Obama, un noir, est président des États-Unis. Mais force est de constater que l’ampleur du phénomène de l’ethnicisme chez nous n’a rien à voir avec la situation sociale américaine. Même dans des démocraties avancées telles la France et la Grande-Bretagne, le principe de la représentation nationale est toujours tenu en ligne de compte lors de la composition du gouvernement. C’est pourquoi, alors que le dossier de la réforme électorale revient sur le tapis avec la mise sur pied d’un comité interministériel présidé par le no. 2 du gouvernement, il est grand temps de tordre le cou au germe de la division institutionnelle qui ronge la structure de notre société et de laisser le soin aux partis, dont tous s’accordent sur la nécessité d’une telle réforme, d’assurer la représentation nationale à travers la proportionnelle.
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