Un témoin mystérieux, convoqué en secret devant la Commission Lam Shang Leen, a fait des révélations mercredi sur les liens allégués entre des politiciens et un gros réseau de drogue.
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La Commission d’enquête sur la drogue amorce une étape décisive dans le cadre de ses travaux qui ont débuté le 4 novembre 2015. Un témoin-clé, dont l’identité est jalousement préservée, a été entendu à huis clos durant plus de trois heures.
Ce témoin mystérieux s’est laissé aller à des révélations sur un gros réseau de trafic d’héroïne impliquant des politiciens opérant depuis un certain temps, d’où la présence inhabituelle de plusieurs agents du service de renseignements aux abords de la Commercial Court où se tenait son audition.
Plusieurs véhicules banalisés de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) se sont relayés autour de la vieille bâtisse depuis le matin pour s’assurer de la sécurité des lieux. À la fin de l’audition du témoin, un officiel de la Commission d’enquête a même pris la peine d’approcher les photographes de presse pour leur demander de ne pas le prendre en photo ni de dévoiler son identité, attention que cela ne compromette les travaux en cours. Il a aussi expliqué que la vie de ce témoin pourrait être « mise en danger ».
Le témoin, amené vers 12h30, a été prestement embarqué dans un véhicule garé à l’arrière de la vieille bâtisse à 16h15 lorsque Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs ont fini de l’écouter. Les enquêteurs de la cellule de renseignements attachés à la Commission ont pris soin de couvrir la tête du témoin avec un blouson pour s’assurer qu’il ne soit pas facilement identifiable. Aucun renseignement n’a filtré sur la nature de ses dénonciations, sauf que son audition devrait s’étendre sur plusieurs jours.
L’audition de ce témoin est suivie de près par la classe politique, car elle pourrait avoir des répercussions sur l’élection partielle au n°18. Il pourrait de nouveaux être entendu lors des prochaines audiences. Les dénonciations de ce témoin sont assimilées à celles de l’ancien planton d’Air Mauritius Raffick Peerbaccus qui avait fait des révélations sur les liens entre des politiciens et des policiers avec la pègre lors de la Commission d’enquête sur la drogue. présidée alors par sir Maurice Rault.
C’était il y a 31 ans et il est derrière la phrase culte « pas tracas, gouvernma dans nu la main » dont il accorde la paternité aux trafiquants qui ne se souciaient guère des contrôles douaniers et policiers lorsque la drogue débarquait à Maurice. Plusieurs officiers de police mis en cause par le trafiquant de drogue avaient été suspendus et ont fait l’objet d’une enquête. Eshan Nayeck, alias Alexandre, dit le tueur fou, avait échappé à la vigilance du Central CID dans l’enquête sur l’assassinat d’un certain Abdool Rashid Atchia commis en pleine journée un 23 juillet 1983 devant le Marché central à Port-Louis.
Raffick Peerbaccus avait indiqué que le dossier sur le meurtre d’Abdool Rashid Atchia avait été bidouillé. Sir Maurice Rault avait ordonné la réouverture de l’enquête. Ce qui a valu à Eshan Nayeck d’être arrêté, traduit en justice devant la Cour d’assises et condamné à mort. Il fut exécuté le 10 octobre 1987 à la prison centrale de Beau-Bassin. Il a été le deuxième condamné à mort à être pendu après l’accession du pays à l’Indépendance.
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