« Nous regrettons son départ. C’était une personne sincère, travailleuse, passionnée et préoccupée de la dimension humaine de chaque individu. C’est une grande perte pour la commission. » Cette déclaration est de Me Hervé Lassémillante, vice-président de la Commission mauricienne des droits de l’homme. Il réagissait à la révocation avec effet immédiat d’Anishta Babooram. Membre de la National Preventive Mechanism Division, de la Commission des droits de l’homme, depuis juin 2014, elle a été informée par courrier, lundi, qu’elle ne fait plus partie de cette instance. La décision a été prise par Ameenah Gurib-Fakim, présidente de la République, sur avis du Premier ministre Pravind Jugnauth.
Du côté de la Commission des droits de l’homme, c’est l’incompréhension, puisque personne ne prévoyait une telle décision. D’autant plus que, comme le précise Me Lassémillante, « son contrat devait prendre fin dans 11 mois », c’est-à-dire en juin de l’année prochaine.
Anishta Babooram est la première étonnée. « Qu’on me dise où j’ai fauté. Aucune raison n’a été avancée pour justifier ma révocation. Je n’ai même pas eu le temps de chercher un autre travail et j’ai une petite fille à ma charge ainsi que des emprunts à honorer. »
La femme limogée promet de « ne pas se taire » contre certains scandales qui ont lieu en prison, notamment en ce qui concerne le trafic de drogue. Elle fait le lien entre sa révocation et sa prise de position dans l’affaire du décès du policier Arvind Hurreechurn en cellule policière, au Moka Detention Centre, le 29 octobre dernier.
Le constable, âgé de 29 ans, avait été arrêté, le 25 octobre, alors qu’il revenait de Madagascar avec deux kilos d’héroïne d’une valeur marchande d’environ Rs 35 millions. Officiellement, il s’était suicidé par pendaison dans sa cellule.
Une équipe de la Commission des droits de l’homme s’était rendue à la prison, le 31 octobre, et avait, dans un rapport, qualifié cette mort de « suspecte ». Ce point avait été défendu par Anishta Babooram dans la presse et cela lui avait été reproché. « à l’époque, on m’avait dit qu’il y aurait des sanctions contre moi. Je suppose qu’ils ont attendu un certain temps avant de passer à l’action, mais je ne compte pas fermer ma bouche pour autant. »
Nous avons tenté d’avoir de plus amples renseignements au niveau de la cellule de la communication du Bureau du Premier ministre sur la raison de cette révocation, mais elle était injoignable.
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