Dawood Rawat devait être entendu, à sa demande, mercredi, par la commission d’enquête sur la vente des actions de Britam Kenya. Mais, au dernier moment, la visioconférence a été repoussée par la commission. Officiellement, pour des raisons légales. Voici les dessous de cette audition ratée.
Développement intriguant à la commission d’enquête sur la vente des actions de Britam Kenya. Mercredi après-midi, à 15 heures, Dawood Rawat devait être auditionné par visioconférence à partir d’une salle aménagée dans les locaux de Mauritius Telecom. Mais d’audition, il n’y en a finalement pas eu.
Alors que tout était prêt, et même des tests techniques exécutés lundi au niveau de la logistique, l’ancien président de l’ex-British American Insurance, qui était l’actionnaire majoritaire de Britam Kenya, a été informé mercredi matin que l’audition est reportée à plus tard.
L’ex-juge Bhooshun Domah et ses assesseurs, Sattar Hajee Abdoula et Imrith Ramtohul, l’en ont informé par courriel. Dans la correspondance adressée à Dawood Rawat, le trio explique sa décision. « Les représentants légaux de Dawood Rawat ont proposé un document pour montrer la matérialité stricte et la pertinence de cette déposition envisagée par rapport aux attributions de la commission. à 11 heures, nous n’étions pas encore en possession de ce document. »
Le second point avancé est d’ordre légal. La commission parle de « procedural issues which go to the very root of the course of action we are about to take. » Elle aura besoin de temps pour trouver des solutions à ces problèmes « et nous avons besoin d’un peu de temps ». L’instance indique donc que l’audition sera « repoussée à plus tard afin d’examiner des questions d’ordre légal ».
Des sources proches de la commission avancent qu’un souci soulevé par un de ses membres est que Dawood Rawat n’est pas physiquement à Maurice et ne peut donc pas prêter serment. Dans ce cas, « quel poids donner à sa déposition » ? Puis, il y a une crainte que Dawood Rawat en profite pour vider son sac.
Reste que la commission avait bel et bien accédé à la demande formulée par Dawood Rawat d’être entendu. Le 20 septembre dernier, l’ex-No 1 de la BAI avait demandé à être auditionné. Le 18 octobre, la commission d’enquête lui répond qu’elle est très occupée, mais que cela devrait pouvoir se faire en octobre. Puis, du 12 au 15 novembre, le dialogue se fera verbalement. Le 23 et le 24 novembre, des e-mails sont échangés entre les deux parties. Le rendez- vous sera fixé par la commission le 23 novembre. Dawood Rawat est alors officiellement informé par le biais de ses avocats qu’il sera entendu le 28 novembre.
Si la commission obtient le feu vert de ses conseils légaux pour aller de l’avant, Dawood Rawat ne devrait pas être auditionné cette année-ci. Pourtant, Bhooshun Domah et son équipe souhaitaient mettre un point final à la rédaction de leur rapport cette année après plus d’un an et demi de travaux.
La commission d’enquête avait été mise sur pied pour faire la lumière sur les dessous de la vente de 23 % d’actions possédées par l’ex-BAI dans Britam Kenya. La transaction avait eu lieu en juin 2016 avec Plum Holdings pour la somme de Rs 2,4 milliards. La National Property Fund Ltd, entité mise sur pied un an plus tôt pour gérer et vendre les actifs de l’ex-BAI après son implosion, avait été le bénéficiaire de cet argent qu’elle a ensuite redistribué aux détenteurs de polices de Bramer Asset Management et Super Cash Back Gold.
Une des tâches majeures de la commission Domah est de clarifier le rôle exact de la firme BDO et de l’ex-ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, dans cette vente, mais aussi de comprendre pourquoi la proposition de Plum Holdings, compagnie du milliardaire kenyan Peter Munga, avait été retenue.
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