Selon le mystérieux témoin devant la commission d'enquête sur la drogue, Sabitree Sabapathee serait à la tête du trafic de stupéfiants entre Madagascar et Maurice. Il a aussi donné d'autres informations sur la veuve de l'ex Mr Mauritius.
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Ce témoin devant la Commission d’enquête sur la drogue l’affirme. Sabitree Devi Sabapathee, veuve de l’ex-Mr Mauritius Rajen Sabapathee, tiendrait les rênes du trafic d’héroïne entre Madagascar et Maurice. Née Mungur, la fugitive a quitté Maurice pour la Grande île à bord du yacht réunionnais Gadiam-B en 1995, alors qu’elle était en attente de son procès aux Assises pour trafic de drogue. La police mauricienne a bien tenté de la retrouver en dépêchant l’officier Bala Kamatchi sur place. Ce dernier n’est pas parvenu à lui mettre la main au collet, sa venue ayant fuité dans la presse.
De Madagascar, Sabitree Devi Sabapathee aurait mis le cap sur la France où elle se serait installée selon les renseignements réunis par l’Unified Revenue Board (URB), l’ancêtre de la Mauritius Revenue Authority (MRA) et l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Nul n’a cependant levé le petit doigt pour réclamer son extradition. Un quart de siècle plus tard, George soutient devant la Commission d’enquête que la veuve de Rajen Sabapathee, aujourd’hui âgée de 60 ans, opèrerait de Madagascar avec le concours d’un ancien politicien, reconverti dans les affaires, pour approvisionner le marché mauricien en stupéfiants.
L’un des clients attitrés de Sabitree Devi Sabapathee ne serait nul autre que Curly Chowrimoothoo, dit Ti Nana. En détention, ce jeune de Cité Kennedy est en attente de son appel contre sa condamnation à 25 ans de prison pour trafic de drogue. Dans l’intervalle, en mars 2016, Rs 100 millions d’héroïne expédiées de la Grand île par vedettes rapides avaient été saisies à son domicile. Son père a lui-même été un trafiquant. Il est le neveu de Francis Townsend dont les proches sont soupçonnés de contrôler les différents points de vente à Cité Kennedy, Quatre-Bornes.
Renseignements contestés
La décision de l’administration carcérale d’isoler le condamné Peroomal Veeren dans le sillage de la saisie de 157 kilos d’héroïne évalués à Rs 2,4 milliards l’an dernier a grandement perturbé ses activités. Curly Chowrimoothoo espère donc lui ravir sa place de patron des patrons du trafic de drogue à Maurice. George soutient que Curly Chowrimoothoo, qu’il a connu alors qu’il était gardien de prison, gère un réseau de vente de drogue qui lui rapporterait entre Rs 1 million et Rs 7 millions par mois.
Selon les dires de George, Sabitree Devi Sabapathee et l’ancien homme politique ont mis en place un groupe WhatsApp pour discuter de tout ce qui touche à l’importation d’héroïne et au blanchiment de l’argent sale. Il en fait partie et a soumis à la Commission d’enquête une carte SIM ainsi que des détails de certaines transactions. Ceux qui ont enquêté sur la cavale de Sabitree Devi Sabapathee au niveau de l’Adsu et de l’hôtel du gouvernement, et ses proches parents, démentent les renseignements de George. La sexagénaire serait en France et elle n’aurait pas tenu 23 ans dans un pays aussi corrompu que Madagascar.
Un trésor de guerre de Rs 700 millions
Lorsque le Gadiam-B a mouillé dans la Grande île, Sabitree Devi Sabapathee a élu domicile dans un hôtel de Toamasina (sur la côte est) avec ses trois enfants. Lorsqu’elle a eu vent de l’arrivée de l’enquêteur Bala Kamatchi aux côtés d’un haut fonctionnaire de l’URB, elle s’est réfugiée dans un quartier chaud d’Antananarivo, au lieu dit 67 hectares, pour bénéficier de la protection d’un caïd notoire. Celui-ci l’aurait dépossédé des grosses sommes d’agent en sa possession, ce qui l’aurait forcée à se rendre auprès de ses proches en France. Deux de ses enfants sont rentrés sans que les Casernes centrales n’aient pris la peine de démêler leur itinéraire.
Sur la base des informations de George fournis à la Commission d’enquête, il a été permis à l'Adsu de réaliser plusieurs arrestations d’envergure. Introduit auprès de la présidence de la Commission d’enquête par un avocat, c’est sur la base de ces arrestations qui ont démontré qu’il connaissait bien le milieu de la pègre qu’il a été auditionné. Il aurait, entre autres, permis à l’Adsu de coincer Antoine Georgy Wensley Bhadhoodeenkhan, alias Toto, impliqué dans l’affaire des 12 749 comprimés de Subutex évalués à Rs 31 millions saisis chez Nelson Louis Dovic Nabab, huit mois plus tôt.
Toto n’a finalement pas été « identifié » par Nabab grâce au paiement d’une généreuse commission croient savoir les services de renseignements, mais tout reste à prouver. Comme le fait que Toto gèrerait un réseau dont le trésor de guerre frise les Rs 700 millions. Il serait aussi derrière l’importation de Rs 600 millions d’héroïne de Madagascar par le skipper Joseph Mike Didier Brasse. Ce dernier s’est fait prendre avec son confrère Royce Almond Capdor, dit Almonzo, et le mécanicien Osman Khalil Mohamed, dit Azal, par les services douaniers de La Réunion dans la nuit du 10 au 11 novembre 2016.
Les menaces sur WhatsApp adressées à George et qui ont été publiées par un quotidien cette semaine seraient de Toto. À l’époque, il lui réclamait Rs 2 millions pour une transaction qui a mal tourné. Toto traîne une réputation sulfureuse quant à ses connexions avec d’autres trafiquants de la place. Il y a quelques années, il a été impliqué dans l’assassinat par balle de Denis Fine, le maillon fort présumé du trafic de Subutex sur l’axe Paris-Plaisance. Curly Chowrimoothoo serait l’un des caïds qui ont recours à ses services pour écouler la drogue dans les faubourgs.
Curly, celui qui veut être caïd à la place du caïd
Curly Chowrimoothoo, dit Ti Nana, rêve d’enfiler les chaussures de Peroomal Veeren, alias Gros Veeren. Alors que le second opère en toute discrétion, Ti Nana est tout son contraire. À 34 ans, il a déjà été pris dans les filets de l’Adsu à plusieurs reprises, ces dernières années pour trafic d’héroïne. En 2012, il a été arrêté après trois mois de cavale pour avoir commandé deux chemises contenant Rs 1,5 million d'héroïne. Le paquet est arrivé par colis express de Madagascar. À l'époque, il était en liberté conditionnelle dans l’affaire des Rs 4,5 millions d'héroïne introduites dans l’île par une Malgache. En 2011, il avait été appréhendé dans le cadre de l'enquête sur les Rs 18 millions d'héroïne retrouvés dans l’estomac d’un ancien militaire sud-africain mort… par overdose. L’une des boulettes de drogue s’était ouverte avant qu’il n’ait pu effectuer sa livraison. Si les enquêteurs se sont tournés vers Ti Nana, c'est parce que les coordonnés de son oncle, France Townsend, un trafiquant de drogue déjà condamné, ont été retrouvés dans le répertoire téléphonique du Sud-Africain.
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