Commission d’enquête sur la drogue : quatre sessions marathon pour Raouf Gulbul

Raouf Gulbul

Ses avoirs, le financement de sa dernière campagne électorale, les liens entre le trafiquant de drogue Peroomal Veeren et la Colombie, sa relation avec Jean-Michel Lee Shim et ses clients ont été décortiqués lors de quatre auditions. L’avocat Raouf Gulbul a tenté de se défendre devant Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs Sam Lauthan et Ravind Domun.

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Élections générales de 2014

La rencontre nocturne tenue à Saint-Pierre pendant la campagne électorale en 2014 était à l’agenda de l’audition de l’avocat. Paul Lam Shang Leen a voulu savoir si le candidat battu du Mouvement socialiste militant, Raouf Gulbul, avait reçu une somme de Rs 9,7 millions pour le financement de sa campagne électorale. Ce dernier a démenti cette information. L’identité d’un homme religieux, que l’avocat avait rencontré à Saint-Pierre, intéresse la Commission. Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs, Ravind Domun et Sam Lauthan, n’ont pu obtenir de réponse à ce sujet.

C’est alors que Sam Lauthan lui a lancé ceci : « La communauté veut connaître l’identité de cet imam qui s’était allié à SMS Pariaz. » Raouf Gulbul a demandé à la commission de convoquer Mamad Boccus, qui était avec lui pendant la rencontre avec cet homme religieux, qui a duré entre 30 et 45 minutes. Selon les données de la commission, un dénommé Shabeer avait fait le déplacement de Londres pour épauler l’homme de loi pendant la campagne. Il avait été dépêché par Jean-Michel Lee Shim, selon Paul Lam Shang Leen. Raouf Gulbul a nié que c’était l’homme d’affaires qui l’avait envoyé à Maurice.


Jean-Michel Lee Shim a-t-il bénéficié de faveurs ?

Le nom de Jean-Michel Lee Shim a été cité pour la première fois devant la commission d’enquête sur la drogue. Le président a voulu établir un  quelconque lien entre Raouf Gulbul et l’homme d’affaires. Paul Lam Shang Leen a voulu savoir si ce dernier avait bénéficié de faveurs du président de la Gambling Regulatory Authority (GRA), Raouf Gulbul, suite aux récentes décisions prises contre certaines compagnies de betting, autres que SMS Pariaz. Dans sa défense, l’avocat a répliqué que c’était une décision gouvernementale.

Raouf Gulbul a également confirmé qu’il était avocat de SMS Pariaz avant de prendre son poste comme Chairman de la GRA. Toutefois, il a affirmé qu’il ne savait pas qui était le patron de SMS Pariaz. Ce qui a provoqué l’étonnement des membres de la commission.


Ses avoirs décortiqués

Les biens de Raouf Gulbul ont été passés au crible par la commission d’enquête sur la drogue. L’homme de loi possède deux portions de terrain. Sa maison a été construite en 2012. La même année, il a acheté une portion de terrain à Bagatelle, payée par tranches. Il a fait l’acquisition d’une autre propriété en novembre 2014 à Highlands. Il avait également un bureau à Sterling House, qu’il a vendu, tout comme un terrain à Le Bocage. La commission s’est aussi intéressée à des propriétés à l’étranger.

Selon les renseignements récoltés, Raouf Gulbul possède un appartement à Tottenham Court Road, dans le centre de Londres. Il a démenti cette information. De plus, la commission croit que l’homme de loi est un partenariat avec Rajendra Persad, un homme d’affaires possédant des propriétés à Maurice, notamment à Richmond Hill, mais aussi un hôtel à Tottenham Court Road.


Liens entre Peroomal Veeren et la Colombie

La commission s’est intéressée à un numéro de cellulaire enregistré au nom de l’épouse de l’avocat. Cette dernière, Rehana Mungly-Gulbul, qui est juge à la Cour suprême, s’est retrouvée au centre des débats par rapport à une carte SIM qui a été utilisée lors d’une communication. Selon Paul Lam Shang Leen, des appels de Colombie figurent sur la carte SIM, mais aussi sur une carte saisie à la prison et dont se servait Peroomal Veeren. Des messages ont même été échangés. Raouf Gulbul dit, pour sa part, n’avoir aucun contact avec des personnes en Colombie et n’a aucun souvenir de ces messages. Il a même évoqué qu’il se pourrait que ce soit des offres promotionnelles de l’opérateur téléphonique.

Raouf Gulbul a également été interrogé sur son client Peroomal Veeren. Il a souligné que c’est la mère du trafiquant qui avait retenu ses services pour défendre le caïd. L’homme de loi a aussi précisé que c’était celle-ci qui l’a payé pour traiter les dossiers du prisonnier. Cependant, il a déclaré ne pas se souvenir du montant de ses honoraires.


Les « devir lanket »

Raouf Gulbul s’est longuement défendu concernant les allégations pesant sur lui, selon lesquelles il aurait fait pression sur plusieurs témoins pour qu’ils changent de version au cours de certaines enquêtes. Le président de la commission, Paul Lam Shang Leen, a d’emblée évoqué le cas de Parwiza Bibi Amina Jeeva. Qui a sollicité les services de l’avocat ? Raouf Gulbul a affirmé haut et fort que c’étaient les proches de la jeune femme qui l’ont contacté et payé pour la défendre.

Toutefois, il a précisé n’avoir jamais exercé de pression sur Parwiza Jeeva pour qu’elle n’incrimine pas Peroomal Veeren. En ce qu’il s’agit de l’affaire Jacharree Bottesoie, l’homme de loi a évoqué une vengeance d’un ancien avocat, radié du barreau. Il a également nié toute implication dans l’affaire Jonathan Pétricher, où une passeuse malgache avait changé sa version par la suite. Raouf Gulbul a aussi réfuté certaines allégations faites par l’avocate Tisha Shamloll, surtout concernant l’ex-trafiquant de drogue indien Fazal Hussein.

 

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